Le congrès panafricain des patriotes pour la justice et l’égalité des peuples. C’est ainsi qu’il faut désormais définir le Cojep de Charles Blé Goudé en exil depuis fin Mars 2011. Le Cojep, de groupe de pression, devient un mouvement politique selon le vœu de ses membres qui viennent de boucler un congrès extraordinaire.
Un pas est franchi, un pas est gagné. Charles Blé Goudé qui a toujours nourri l’ambition de faire de la politique dans son pays et qui a toujours nié son appartenance au FPI de son mentor Laurent Gbagbo, refuse de tirer sa révérence politique. De son exil, il envoie des signaux. Par voie de presse ou par ses relais locaux qui ont encore droit de cité à Abidjan et à l’intérieur du pays. ‘’Je serai le dernier à trahir Gbagbo’’, martelait-il à l’envi dans des interviews. Une variante du discours ‘’c’est sur mon corps qu’il faudra passer pour atteindre Gbagbo’’. Le temps a passé et beaucoup d’eau a coulé sous le pont. Et l’exil se poursuit toujours pour l’homme aux multiples pseudonymes sans qu’une lueur ne se dessine véritablement pour son retour au pays natal. Les ténors du parti de Laurent Gbagbo croupissent encore dans les geôles du nord Côte d’Ivoire. Laurent Gbagbo lui-même est toujours à la Haye et une audience de confirmation ou d’infirmation des charges le concernant, doit se tenir le 19 février prochain. Il y a donc une place à prendre sur l’échiquier politique ivoirien, se dit le génie de Kpo (l’un de ses petits noms). ‘’Je vis cet exil dans la dignité et je considère cette parenthèse de ma jeune carrière politique comme un moment de formation et de transformation. Qu’une bonne partie des Ivoiriens compte sur moi, constitue une raison suffisante pour moi de tenir’’, disait-il récemment dans une interview au quotidien l’Inter. Les mots sont bien choisis et il faut comprendre leur connotation, leur charge émotionnelle. Une ‘’jeune carrière politique’’ pour dire qu’il compte avec le temps en posant chaque pas et chaque acte en son temps. Blé Goudé qui veut faire de la politique compte une base militante, celle qu’il a réussi à mobiliser sous Laurent Gbagbo et dont on ne sait s’il en est toujours le berger. Ce qui fonde surtout la conviction de Charles Blé Goudé qui n’est toujours pas situé sur son avenir judiciaire, c’est la situation de son maître à penser, Laurent Gbagbo. L’ancien numéro un ivoirien fera face a partir du 19 février 2013 à une épreuve de Bernoulli du genre pile ou face pour parler comme les mathématiciens. Des deux éventualités qui s’offrent, Zadi Gbapê qui soutient que Gbagbo est victime d’un complot politique devine qu’il lui sera difficile de sortir du traquenard judiciaire. Répondant justement à une question sur le sort de Laurent Gbagbo, Blé Goudé avait laissé entendre que politiquement Gbagbo s’en sortirait mais que juridiquement cela semble périlleux. Or, si l’on en croit la CPI, l’affaire Gbagbo relève du juridique. De toutes les façons, même s'il s'en sort avant 2015 et était libre,rien ne dit que Laurent Gbagbo pourra etre candidat a la présidentielle de 2015. Et en 2020,il ne sera plus éligible. A cette date,Ble Goude aura environ 47 ans et aura pu d'une manière ou d'une autre sortir de la situation politique et judiciaire précaire qui est la sienne,en ce moment. De là, la déduction est vite faite et la conclusion tirée. Le Cojep se positionne pour jouer un rôle politique. Pour l’instant, il est un mouvement. Mais, il s’est déjà doté de structures nouvelles telles que l’Union des Femmes du Cojep (l'Ufcojep), la Cellule des enseignants du Cojep (Cecojep) et l’école du Cojep. Celui qui se présentait comme le gardien du temple Gbagbo et jouait ‘’le dernier des Mohicans’’, se projette dans le futur. Il se dessine un destin national dans une Côte d’Ivoire où les tenants du pouvoir tiennent durement à leur morceau. Dans les coulisses, en se projetant dans les sept ou douze ans à venir, on se prépare pour succéder au chef. Deux noms viennent souvent aux lèvres et Blé Goudé devra les affronter.
Blé, Bakayoko, Soro et les autres
Qui veut aller loin ménage sa monture. Cet adage bien connu des politiciens fait des émules. La Lettre du Continent n° 640 de juillet 2012 avait déjà éclairé sur la stratégie de Hamed Bakayoko pour ses ambitions présidentielles. Le ministre d'Etat,ministre de l’Intérieur, recruterait pour renforcer ses réseaux. Les affaires, les relations extérieures, les services de sécurité de l’Etat, le lobbying…, Hambak ne négligerait rien dans la perspective d’une bataille de succession. Sur sa route, il devra affronter Guillaume Soro , l’actuel président de l’Assemblée nationale et dauphin constitutionnel. Guillaume Soro a déjà fait une ébauche de ses intentions . Même si certains observateurs déplorent son impatience, il n'a pas d'autre choix que de tabler sur la fin du deuxième mandat du chef de l'Etat pour entrer en jeu. Entre temps, il construit petit à petit sa toile. Il multiplie les voyages à l’étranger, rencontre ses homologues du continent et d'ailleurs. Des groupements satellitaires se réclamant de lui jouent souvent ses avocats défenseurs. Ils animent les réseaux sociaux et occupent le blog personnel du président de l’Assemblée nationale. D’autres présidentiables sont encore dans l’ombre. Nous ne sommes certainement qu’au prélude. Et qui sait si les choses évolueront forcement dans le sens souhaité par ces personnalités. Les voies de la politique sont insondables.
Le pari risqué de Blé
Etre ou ne pas être ? Telle est la question de l’existence (Shakespeare). En choisissant de transformer son groupe de pression en mouvement politique alors qu’il en avait déjà tout l’air, Charles Blé Goudé décide encore de se faire entendre et donc d’être. Mais à peine la nouvelle mise au goût du jour qu'amis et connaissances, défenseurs et pourfendeurs de Blé Goudé s’invitent au débat. Ils sont pour la plupart des cercles pro-Gbagbo. Ils s’interrogent et veulent comprendre la voie choisie par l’ex-leader de la galaxie patriotique. L’un des plus actifs sur la toile en exil a Accra , Steve Biko a posté une réflexion dans laquelle il commence par une démarche définitionnelle. ‘’Quelle est la différence entre un mouvement politique et un parti politique ?’’ s’est-il interrogé. Dans sa conclusion Steve Biko soutient que ‘’tous les partis et mouvements politiques se réclamant de Laurent Gbagbo et de sa vision de la Cote d’Ivoire, y compris le FPI doivent prononcer leur dissolution momentanée pour se fondre dans une structure rassemblant tout le monde pour mener la lutte sans relâche et sans aucune compromission’’. Pour ce pro-Gbagbo , la démarche de Blé Goudé ne contribue pas à ‘’renforcer la lutte’’. Il dénonce une mesquinerie, une démarche unilatérale, la mise en route d’un agenda caché, toutes choses qui, selon lui, ne font pas avancer le combat de Laurent Gbagbo qui est l’élément fédérateur de tous ses soutiens. Steve Biko ajoute même qu’il est illusoire de penser qu’on peut gagner une élection face à Alassane Ouattara en 2015, sans une force unitaire. Blé Goudé a-t-il filé le mauvais coton ou est-il en train de scier la branche sur laquelle il était assis comme le dit un autre pro-Gbagbo ? Le débat ne fait que commencer et il n’y a que Blé Goudé lui seul, même s'il a de nombreux soutiens, qui puisse tranquilliser ceux des pro-Gbagbo qui sont perdus dans sa démarche. Mais on dit souvent que la vie est un choix et Blé Goudé a peut-être fait le sien: a savoir que Laurent Gbagbo restera le parrain et le mentor, la conscience morale ( une sorte de Mandela,de Nyerere pour ne pas dire Memel Fote) , mais qu'il lui sera difficile de jouer a nouveau un role de candidat a la présidentielle. Rien ne dit que cela va déplaire forcement a Laurent Gbagbo,qui comprend bien que l'un de ses poulains fasse preuve de ce que l'on appelle l'intelligence de la situation. Dans l'atteinte de ses objectifs,le vrai obstacle pour Ble Goude ne sera point le camp Gbagbo, mais le defi de la liberté, de la fin des ennuis judiciaires avec les autorités actuelles et surtout une longévité doublée d'une santé de fer. Wait and see, comme dirait les anglais,ou encore qui vivra verre,comme dirait l'autre!
SD
Un pas est franchi, un pas est gagné. Charles Blé Goudé qui a toujours nourri l’ambition de faire de la politique dans son pays et qui a toujours nié son appartenance au FPI de son mentor Laurent Gbagbo, refuse de tirer sa révérence politique. De son exil, il envoie des signaux. Par voie de presse ou par ses relais locaux qui ont encore droit de cité à Abidjan et à l’intérieur du pays. ‘’Je serai le dernier à trahir Gbagbo’’, martelait-il à l’envi dans des interviews. Une variante du discours ‘’c’est sur mon corps qu’il faudra passer pour atteindre Gbagbo’’. Le temps a passé et beaucoup d’eau a coulé sous le pont. Et l’exil se poursuit toujours pour l’homme aux multiples pseudonymes sans qu’une lueur ne se dessine véritablement pour son retour au pays natal. Les ténors du parti de Laurent Gbagbo croupissent encore dans les geôles du nord Côte d’Ivoire. Laurent Gbagbo lui-même est toujours à la Haye et une audience de confirmation ou d’infirmation des charges le concernant, doit se tenir le 19 février prochain. Il y a donc une place à prendre sur l’échiquier politique ivoirien, se dit le génie de Kpo (l’un de ses petits noms). ‘’Je vis cet exil dans la dignité et je considère cette parenthèse de ma jeune carrière politique comme un moment de formation et de transformation. Qu’une bonne partie des Ivoiriens compte sur moi, constitue une raison suffisante pour moi de tenir’’, disait-il récemment dans une interview au quotidien l’Inter. Les mots sont bien choisis et il faut comprendre leur connotation, leur charge émotionnelle. Une ‘’jeune carrière politique’’ pour dire qu’il compte avec le temps en posant chaque pas et chaque acte en son temps. Blé Goudé qui veut faire de la politique compte une base militante, celle qu’il a réussi à mobiliser sous Laurent Gbagbo et dont on ne sait s’il en est toujours le berger. Ce qui fonde surtout la conviction de Charles Blé Goudé qui n’est toujours pas situé sur son avenir judiciaire, c’est la situation de son maître à penser, Laurent Gbagbo. L’ancien numéro un ivoirien fera face a partir du 19 février 2013 à une épreuve de Bernoulli du genre pile ou face pour parler comme les mathématiciens. Des deux éventualités qui s’offrent, Zadi Gbapê qui soutient que Gbagbo est victime d’un complot politique devine qu’il lui sera difficile de sortir du traquenard judiciaire. Répondant justement à une question sur le sort de Laurent Gbagbo, Blé Goudé avait laissé entendre que politiquement Gbagbo s’en sortirait mais que juridiquement cela semble périlleux. Or, si l’on en croit la CPI, l’affaire Gbagbo relève du juridique. De toutes les façons, même s'il s'en sort avant 2015 et était libre,rien ne dit que Laurent Gbagbo pourra etre candidat a la présidentielle de 2015. Et en 2020,il ne sera plus éligible. A cette date,Ble Goude aura environ 47 ans et aura pu d'une manière ou d'une autre sortir de la situation politique et judiciaire précaire qui est la sienne,en ce moment. De là, la déduction est vite faite et la conclusion tirée. Le Cojep se positionne pour jouer un rôle politique. Pour l’instant, il est un mouvement. Mais, il s’est déjà doté de structures nouvelles telles que l’Union des Femmes du Cojep (l'Ufcojep), la Cellule des enseignants du Cojep (Cecojep) et l’école du Cojep. Celui qui se présentait comme le gardien du temple Gbagbo et jouait ‘’le dernier des Mohicans’’, se projette dans le futur. Il se dessine un destin national dans une Côte d’Ivoire où les tenants du pouvoir tiennent durement à leur morceau. Dans les coulisses, en se projetant dans les sept ou douze ans à venir, on se prépare pour succéder au chef. Deux noms viennent souvent aux lèvres et Blé Goudé devra les affronter.
Blé, Bakayoko, Soro et les autres
Qui veut aller loin ménage sa monture. Cet adage bien connu des politiciens fait des émules. La Lettre du Continent n° 640 de juillet 2012 avait déjà éclairé sur la stratégie de Hamed Bakayoko pour ses ambitions présidentielles. Le ministre d'Etat,ministre de l’Intérieur, recruterait pour renforcer ses réseaux. Les affaires, les relations extérieures, les services de sécurité de l’Etat, le lobbying…, Hambak ne négligerait rien dans la perspective d’une bataille de succession. Sur sa route, il devra affronter Guillaume Soro , l’actuel président de l’Assemblée nationale et dauphin constitutionnel. Guillaume Soro a déjà fait une ébauche de ses intentions . Même si certains observateurs déplorent son impatience, il n'a pas d'autre choix que de tabler sur la fin du deuxième mandat du chef de l'Etat pour entrer en jeu. Entre temps, il construit petit à petit sa toile. Il multiplie les voyages à l’étranger, rencontre ses homologues du continent et d'ailleurs. Des groupements satellitaires se réclamant de lui jouent souvent ses avocats défenseurs. Ils animent les réseaux sociaux et occupent le blog personnel du président de l’Assemblée nationale. D’autres présidentiables sont encore dans l’ombre. Nous ne sommes certainement qu’au prélude. Et qui sait si les choses évolueront forcement dans le sens souhaité par ces personnalités. Les voies de la politique sont insondables.
Le pari risqué de Blé
Etre ou ne pas être ? Telle est la question de l’existence (Shakespeare). En choisissant de transformer son groupe de pression en mouvement politique alors qu’il en avait déjà tout l’air, Charles Blé Goudé décide encore de se faire entendre et donc d’être. Mais à peine la nouvelle mise au goût du jour qu'amis et connaissances, défenseurs et pourfendeurs de Blé Goudé s’invitent au débat. Ils sont pour la plupart des cercles pro-Gbagbo. Ils s’interrogent et veulent comprendre la voie choisie par l’ex-leader de la galaxie patriotique. L’un des plus actifs sur la toile en exil a Accra , Steve Biko a posté une réflexion dans laquelle il commence par une démarche définitionnelle. ‘’Quelle est la différence entre un mouvement politique et un parti politique ?’’ s’est-il interrogé. Dans sa conclusion Steve Biko soutient que ‘’tous les partis et mouvements politiques se réclamant de Laurent Gbagbo et de sa vision de la Cote d’Ivoire, y compris le FPI doivent prononcer leur dissolution momentanée pour se fondre dans une structure rassemblant tout le monde pour mener la lutte sans relâche et sans aucune compromission’’. Pour ce pro-Gbagbo , la démarche de Blé Goudé ne contribue pas à ‘’renforcer la lutte’’. Il dénonce une mesquinerie, une démarche unilatérale, la mise en route d’un agenda caché, toutes choses qui, selon lui, ne font pas avancer le combat de Laurent Gbagbo qui est l’élément fédérateur de tous ses soutiens. Steve Biko ajoute même qu’il est illusoire de penser qu’on peut gagner une élection face à Alassane Ouattara en 2015, sans une force unitaire. Blé Goudé a-t-il filé le mauvais coton ou est-il en train de scier la branche sur laquelle il était assis comme le dit un autre pro-Gbagbo ? Le débat ne fait que commencer et il n’y a que Blé Goudé lui seul, même s'il a de nombreux soutiens, qui puisse tranquilliser ceux des pro-Gbagbo qui sont perdus dans sa démarche. Mais on dit souvent que la vie est un choix et Blé Goudé a peut-être fait le sien: a savoir que Laurent Gbagbo restera le parrain et le mentor, la conscience morale ( une sorte de Mandela,de Nyerere pour ne pas dire Memel Fote) , mais qu'il lui sera difficile de jouer a nouveau un role de candidat a la présidentielle. Rien ne dit que cela va déplaire forcement a Laurent Gbagbo,qui comprend bien que l'un de ses poulains fasse preuve de ce que l'on appelle l'intelligence de la situation. Dans l'atteinte de ses objectifs,le vrai obstacle pour Ble Goude ne sera point le camp Gbagbo, mais le defi de la liberté, de la fin des ennuis judiciaires avec les autorités actuelles et surtout une longévité doublée d'une santé de fer. Wait and see, comme dirait les anglais,ou encore qui vivra verre,comme dirait l'autre!
SD