Le président de l’Assemblée nationale, Guillaume Soro, patron de l’ex-rébellion armée, a animé hier un meeting à Aboisso. De son long discours, on retiendra que Soro tenait absolument à justifier la rébellion armée de 2002. A affirmer qu’il a mis sa vie en danger pour « la démocratie en Côte d’Ivoire », que, selon lui, Alassane Dramane Ouattara a gagné les élections présidentielles de novembre 2010 et qu’enfin, pour une vraie réconciliation, le camp Gbagbo doit « reconnaitre publiquement qu’il a fauté et demander humblement pardon ». Justifiant la rébellion armée, l’ex-chef de guerre a déclaré que « la Côte d’Ivoire allait dans l’abîme, vers la guerre civile. Des Ivoiriens ont semé la graine de la haine en traitant d’autres Ivoiriens de sous-hommes. On ne peut l’accepter. Notre pays avait perdu les valeurs enseignées par Houphouët (…) C’est ça qui a failli perdre la Côte d’Ivoire. A l’époque, nous n’étions pas venus pour détruire le pays. Ce que nous voulions, c’était la démocratie, l’ouverture d’un cadre de discussion et de négociation. Quand le plus petit citoyen ne peut s’exprimer, c’est la révolte ». Guillaume Soro Kigbafori a parlé de sa lutte syndicale à l’Université, tout en se gardant de prononcer le nom de la Fesci dont il fut l’un des leaders. Il a rappelé ses arrestations par les ministres de l’Intérieur Marcel Dibonan Koné et Gaston Ouassénan Koné sous le régime Bédié. « Aujourd’hui, mon coach à l’Assemblée nationale », dira Soro parlant de Ouassénan Koné. L’ex-leader estudiantin a révélé qu’il est le doyen des discussions pour avoir participé à des négociations à Lomé, Accra, Pretoria, Ouagadougou et Paris. Pour ce faire, dira-t-il, il s’est fait des ennemis dans son propre camp et dans le camp adverse. « J’ai été la cible d’un attentat à Bouaké. Des jeunes patriotes ont failli nous brûler à la Rti, » a-t-il fait remarquer. S’agissant des résultats de l’élection présidentielle, l’ex-chef rebelle pro-Ouattara a soutenu que c’est Alassane Ouattara qui l’a remportée. Quoi de plus normal venant de Soro. Convaincu qu’il y a un blocage dans le pays, le président de l’Assemblée nationale a reconnu qu’il faut la réconciliation aux Ivoiriens. « Il nous faut la réconciliation. Que les exilés reviennent. Dans la constitution de la Côte d’Ivoire, il est interdit de contraindre un citoyen à l’exil. Moi-même j’ai connu l’exil. J’en connais les souffrances ». Mais, pour l’ex-chef de la rébellion armée, cette réconciliation doit se faire après une repentance et une demande de pardon des pro-Gbagbo. « Il y a des gens qui sont en prison. N’ayons pas la mémoire courte. Nous devons pardonner, mais à condition que d’autres reconnaissent leur faute et se confessent avant de demander pardon. Des gens ont fait de mauvaises choses et se bombent la poitrine. Dans ces conditions, la réconciliation ne peut être facile. Qu’ils aient l’humilité de reconnaitre leur faute en disant qu’ils ont fauté en 2010 », a-t-il indiqué. Guillaume Soro est arrivé, mercredi, par hélicoptère à Krindjabo, village royal où il a passé la nuit après avoir animé un meeting. Pour de nombreux observateurs, les tournées de Soro à Dabou, Grand-Lahou, Kouto et Aboisso sont des signes de positionnement politique à peine voilés.
Sam K.D à Aboisso
Sam K.D à Aboisso