Depuis le 1er janvier pour certaines, le 2 janvier pour d’autres, les stations service affichent à 792 FCFA le prix du litre du super, contre 774 FCFA précédemment. Ce qui donne une augmentation de 18 FCFA. « C’est un choc et une surprise. On n’a même pas été avertis. », s’indigne un automobiliste que nous avons rencontré à la station Oillybia de la Riviera Palmeraie. « Alors qu’on s’attend à l’augmentation de nos salaires et à la baisse des prix des marchandises, on augmente encore le prix du carburant. Si Alassane Ouattara ne peut rien faire pour améliorer les conditions de vie des Ivoiriens, qu’il laisse le pouvoir et se retire tranquillement. C’est mieux. Des gens ont bâti tout un mythe autour de lui en le présentant comme un brillant économiste. Mais ce qu’il fait là n’est pas de l’économie parce que l’économie tient surtout compte du social. Si la moitié de ceux qui utilisent le super garent leurs voitures, est-ce que le gouvernement va profiter de cette augmentation ? », se plaint un autre automobiliste, à la station Shell des 220 logements. A la station Lubafrique d’Angré 7è tranche, une dame, la cinquantaine environ, ne comprend pas ce qui arrive à ce gouvernement. « Dans son message à la nation, Ouattara nous promettait un avenir radieux, c’est ça là ? Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu pour mériter un tel sort? », se lamente-t-elle.
Au centre emplisseur de Vridi, c’est la consternation, l’étonnement, et l’amertume. Les nombreux camions venus se faire approvisionner sont retournés pour la majorité sans carburant. « Je suis venu, comme d’habitude, pour acheter 2000 litres de super. Là je me rends compte que le prix a augmenté. Je retourne informer mon patron. Il va me dire ce que je dois faire », indique un grossiste. Beaucoup de consomateurs avaient le cœur gros, à l’exemple de celui-ci : « C’est tout simplement scandaleux ! Et il se prend pour un super économiste !».
Tous nos reporters envoyés sur le terrain indiquent que les utilisateurs du super ne sont pas contents du tout et ils perçoivent dans leurs propos de vifs ressentiments contre le régime Ouattara.
Une source crédible du secteur des hydrocarbures révèle aussi qu’au niveau du gaz butane conditionné, le prix de la bouteille B6 va passer de 1800 FCFA à 2000 FCFA, soit une augmentation de 200 FCFA (11,15%), celui de la B12 va connaître une augmentation de 1200 FCFA (30%), passant ainsi de 4000 FCFA à 5200 FCFA. Le prix de la B28 va croître de 9535 FCFA (105,94%) passant de 9000 FCFA à 18535 FCFA, plus que le double. « Le gouvernement a retiré la subvention à ses produits», explique notre source.
Deux observations se dégagent. La première est d’ordre institutionnel. Le prix du super a été revu à la hausse sans un communiqué officiel comme le recommande l’usage. Une source bien introduite révèle que ces augmentations proviennent d’une décision unilatérale du ministère des Mines, du Pétrole et de l’Energie. Ni le Groupement des professionnels du pétrole (GPP), ni les autres acteurs du secteur des hydrocarbures n’ont été associés à ces mesures. Pourtant les hydrocarbures sont logés dans la catégorie des produits sensibles. Et personne ne peut nous convaincre que cette décision n’a pas obtenu l’onction du chef de l’Etat.
Pour les observateurs avertis, il n’y a pas lieu de s’étonner. Dans l’une de nos dernières publications, on annonçait qu’Alassane Ouattara s’est fait entourer des has-been du Fmi qui lui servent de conseillers. On se rappelle également que, dans un communiqué en date du 11 mai dernier, une mission du Fmi avait recommandé au chef de l’Etat d’augmenter les prix de l’électricité et des hydrocarbures à l’effet d’assurer l’équilibre financier de ces deux secteurs. Ces mesures faisaient partie des réformes à réussir dans le cadre du point d’achèvement de l’initiative Ppte. Mais ce n’était pas du goût des Ivoiriens, même dans le camp du régime. Voici, en effet, ce qu’écrivait Le Patriote, le journal officiel du Rdr, parti au pouvoir : « En clair, le Fmi demande au gouvernement ivoirien de rendre plus difficile la vie aux Ivoiriens, comme si le calvaire qu’il vivait déjà n’était pas suffisant. La population ivoirienne depuis plus de dix ans tire le diable par la queue au point même de s’entendre dire par certaines personnes qu’à force de tirer la queue du diable, l’on a fini par l’arracher. Donc il n’y a plus rien à tirer. Les salaires sont bloqués depuis plus de 20 ans. Les factures d’électricité délivrées aux populations sont taxées par celles-ci d’être élevées. Ce qui les amène souvent à les contester, voire à refuser de s’en acquitter. Qu’en serait-il lorsque ces tarifs augmenteront ? Le Fmi peut aisément répondre à cette question. Par ailleurs cette institution demande de passer aussi à la fixation automatique des prix des produits énergétiques, tout en protégeant en même temps les populations les plus vulnérables. Le carburant, tout le monde le sait, est un produit transversal qui influe sur le coût du transport et des denrées alimentaires. Donc contribue au renchérissement du coût de la vie. Nous n’en sommes même pas encore là en Côte d’Ivoire que les Ivoiriens ont dû mal à se nourrir. Adhérer à cette disposition du Fmi serait suicidaire pour la Côte d’Ivoire et serait une mesure impopulaire. Le Fmi veut-il alors se couvrir en demandant par ricochet, de protéger au même moment les populations vulnérables ? Comment les protéger quand on sait qu’une augmentation du prix du carburant a des conséquences sur tout le monde » (publication du mardi 15 mai 2012).
Ces réformes n’ont pas été menées à terme. N’empêche, la Côte d’Ivoire a obtenu le point d’achèvement. Et les experts du Fmi de venir à la rescousse du gouvernement ivoirien : « Ce n’est pas une exigence, c’est une recommandation. C’est aux dirigeants ivoiriens de voir ce qu’il convient de faire ».
D’où la seconde observation qui, elle, est d’ordre économique et découle de la première.
Alassane Ouattara avait-il besoin d’augmenter les prix des produits pétroliers, seulement au lendemain de son discours à la nation où il a déclaré que le pays se porte bien ? Lui qui annonce une croissance pour 2012 à 8,6%. Un bond formidable que tous ses amis applaudissent par rapport aux -5,4% en 2011. En plus les régies financières ne font qu’annoncer des plus-values considérables. Ainsi des Impôts qui ont annoncé un excédent de 99 milliards FCFA, 38,43 milliards de FCFA pour les douanes jusqu’à octobre 2012, le Trésor public ne fait que réaliser des excédents lors des emprunts obligataires.
Si le pays se porte bien, pourquoi « martyriser » la population ? A la vérité Alassane Ouattara est dans un monde de rêve. Il cherche l’argent pour boucler ses 3000 milliards FCFA de budget. Parce que, globalement, l'augmentation des prix des produits pétroliers devrait avoir un effet positif sur le budget de l'Etat dont on sait que l’exécution du précédent a été très laborieuse. Pour celui de 2013, Ouattara ne peut pas trop compter sur ses soutiens extérieurs qui lui réclament respect des droits de l’homme et ouverture démocratique avant tout soutien. Or, il n’est pas prêt à s’engager sur cette voie. Alors, il se rabat sur la solution interne. Et à l’exemple de Gengis Khan, il a frappé les plus faibles : les utilisateurs du super. Pourquoi ne s’est-il pas attaqué aux transporteurs ? « Ce sont ses frères du Nord qui sont en majorité dans le secteur », soutient un cadre du ministère des Transports.
« C’est méchant ! »,
La seule cible du super ne signifie pas que cette mesure n’aura pas d’impact sur la population. Le super est aussi utilisé par des industriels, des Pme-Pmi, de même que la B28. Ces augmentations vont alimenter l'inflation des dépenses contraintes des ménages : transport, mais aussi les produits de grande consommation. Les prix vont bondir dans les restaurants, les hôtels, les garages, les sociétés du froid, les entreprises sidérurgiques etc. Le pouvoir d’achat des ménages va encore se dégrader. « Augmenter le prix du carburant en ce moment n’est pas très approprié. Au moment où on réclame la baisse des prix des produits de grande consommation, on augmente le prix du carburant. C’est sûr que les prix des denrées alimentaires vont encore grimper. On va souffrir encore beaucoup plus. C’est méchant ! », explique un consommateur en colère.
Certes, comparaison n’est pas raison. Mais au Niger, pays qui vient de se lancer dans la production pétrolière (ce sont les Chinois qui sont sur le coup), le prix de l’essence a baissé de 39 FCFA depuis le 1er janvier 2013. Le prix du litre est désormais à 540 FCFA à la pompe, contre 579 F, et celui de gasoil, à 536 FCFA, au lieu de 570 F. Pourtant le Niger a plus besoin d’argent que la Côte d’Ivoire.
J-S Lia
liasylve@yahoo.fr
Au centre emplisseur de Vridi, c’est la consternation, l’étonnement, et l’amertume. Les nombreux camions venus se faire approvisionner sont retournés pour la majorité sans carburant. « Je suis venu, comme d’habitude, pour acheter 2000 litres de super. Là je me rends compte que le prix a augmenté. Je retourne informer mon patron. Il va me dire ce que je dois faire », indique un grossiste. Beaucoup de consomateurs avaient le cœur gros, à l’exemple de celui-ci : « C’est tout simplement scandaleux ! Et il se prend pour un super économiste !».
Tous nos reporters envoyés sur le terrain indiquent que les utilisateurs du super ne sont pas contents du tout et ils perçoivent dans leurs propos de vifs ressentiments contre le régime Ouattara.
Une source crédible du secteur des hydrocarbures révèle aussi qu’au niveau du gaz butane conditionné, le prix de la bouteille B6 va passer de 1800 FCFA à 2000 FCFA, soit une augmentation de 200 FCFA (11,15%), celui de la B12 va connaître une augmentation de 1200 FCFA (30%), passant ainsi de 4000 FCFA à 5200 FCFA. Le prix de la B28 va croître de 9535 FCFA (105,94%) passant de 9000 FCFA à 18535 FCFA, plus que le double. « Le gouvernement a retiré la subvention à ses produits», explique notre source.
Deux observations se dégagent. La première est d’ordre institutionnel. Le prix du super a été revu à la hausse sans un communiqué officiel comme le recommande l’usage. Une source bien introduite révèle que ces augmentations proviennent d’une décision unilatérale du ministère des Mines, du Pétrole et de l’Energie. Ni le Groupement des professionnels du pétrole (GPP), ni les autres acteurs du secteur des hydrocarbures n’ont été associés à ces mesures. Pourtant les hydrocarbures sont logés dans la catégorie des produits sensibles. Et personne ne peut nous convaincre que cette décision n’a pas obtenu l’onction du chef de l’Etat.
Pour les observateurs avertis, il n’y a pas lieu de s’étonner. Dans l’une de nos dernières publications, on annonçait qu’Alassane Ouattara s’est fait entourer des has-been du Fmi qui lui servent de conseillers. On se rappelle également que, dans un communiqué en date du 11 mai dernier, une mission du Fmi avait recommandé au chef de l’Etat d’augmenter les prix de l’électricité et des hydrocarbures à l’effet d’assurer l’équilibre financier de ces deux secteurs. Ces mesures faisaient partie des réformes à réussir dans le cadre du point d’achèvement de l’initiative Ppte. Mais ce n’était pas du goût des Ivoiriens, même dans le camp du régime. Voici, en effet, ce qu’écrivait Le Patriote, le journal officiel du Rdr, parti au pouvoir : « En clair, le Fmi demande au gouvernement ivoirien de rendre plus difficile la vie aux Ivoiriens, comme si le calvaire qu’il vivait déjà n’était pas suffisant. La population ivoirienne depuis plus de dix ans tire le diable par la queue au point même de s’entendre dire par certaines personnes qu’à force de tirer la queue du diable, l’on a fini par l’arracher. Donc il n’y a plus rien à tirer. Les salaires sont bloqués depuis plus de 20 ans. Les factures d’électricité délivrées aux populations sont taxées par celles-ci d’être élevées. Ce qui les amène souvent à les contester, voire à refuser de s’en acquitter. Qu’en serait-il lorsque ces tarifs augmenteront ? Le Fmi peut aisément répondre à cette question. Par ailleurs cette institution demande de passer aussi à la fixation automatique des prix des produits énergétiques, tout en protégeant en même temps les populations les plus vulnérables. Le carburant, tout le monde le sait, est un produit transversal qui influe sur le coût du transport et des denrées alimentaires. Donc contribue au renchérissement du coût de la vie. Nous n’en sommes même pas encore là en Côte d’Ivoire que les Ivoiriens ont dû mal à se nourrir. Adhérer à cette disposition du Fmi serait suicidaire pour la Côte d’Ivoire et serait une mesure impopulaire. Le Fmi veut-il alors se couvrir en demandant par ricochet, de protéger au même moment les populations vulnérables ? Comment les protéger quand on sait qu’une augmentation du prix du carburant a des conséquences sur tout le monde » (publication du mardi 15 mai 2012).
Ces réformes n’ont pas été menées à terme. N’empêche, la Côte d’Ivoire a obtenu le point d’achèvement. Et les experts du Fmi de venir à la rescousse du gouvernement ivoirien : « Ce n’est pas une exigence, c’est une recommandation. C’est aux dirigeants ivoiriens de voir ce qu’il convient de faire ».
D’où la seconde observation qui, elle, est d’ordre économique et découle de la première.
Alassane Ouattara avait-il besoin d’augmenter les prix des produits pétroliers, seulement au lendemain de son discours à la nation où il a déclaré que le pays se porte bien ? Lui qui annonce une croissance pour 2012 à 8,6%. Un bond formidable que tous ses amis applaudissent par rapport aux -5,4% en 2011. En plus les régies financières ne font qu’annoncer des plus-values considérables. Ainsi des Impôts qui ont annoncé un excédent de 99 milliards FCFA, 38,43 milliards de FCFA pour les douanes jusqu’à octobre 2012, le Trésor public ne fait que réaliser des excédents lors des emprunts obligataires.
Si le pays se porte bien, pourquoi « martyriser » la population ? A la vérité Alassane Ouattara est dans un monde de rêve. Il cherche l’argent pour boucler ses 3000 milliards FCFA de budget. Parce que, globalement, l'augmentation des prix des produits pétroliers devrait avoir un effet positif sur le budget de l'Etat dont on sait que l’exécution du précédent a été très laborieuse. Pour celui de 2013, Ouattara ne peut pas trop compter sur ses soutiens extérieurs qui lui réclament respect des droits de l’homme et ouverture démocratique avant tout soutien. Or, il n’est pas prêt à s’engager sur cette voie. Alors, il se rabat sur la solution interne. Et à l’exemple de Gengis Khan, il a frappé les plus faibles : les utilisateurs du super. Pourquoi ne s’est-il pas attaqué aux transporteurs ? « Ce sont ses frères du Nord qui sont en majorité dans le secteur », soutient un cadre du ministère des Transports.
« C’est méchant ! »,
La seule cible du super ne signifie pas que cette mesure n’aura pas d’impact sur la population. Le super est aussi utilisé par des industriels, des Pme-Pmi, de même que la B28. Ces augmentations vont alimenter l'inflation des dépenses contraintes des ménages : transport, mais aussi les produits de grande consommation. Les prix vont bondir dans les restaurants, les hôtels, les garages, les sociétés du froid, les entreprises sidérurgiques etc. Le pouvoir d’achat des ménages va encore se dégrader. « Augmenter le prix du carburant en ce moment n’est pas très approprié. Au moment où on réclame la baisse des prix des produits de grande consommation, on augmente le prix du carburant. C’est sûr que les prix des denrées alimentaires vont encore grimper. On va souffrir encore beaucoup plus. C’est méchant ! », explique un consommateur en colère.
Certes, comparaison n’est pas raison. Mais au Niger, pays qui vient de se lancer dans la production pétrolière (ce sont les Chinois qui sont sur le coup), le prix de l’essence a baissé de 39 FCFA depuis le 1er janvier 2013. Le prix du litre est désormais à 540 FCFA à la pompe, contre 579 F, et celui de gasoil, à 536 FCFA, au lieu de 570 F. Pourtant le Niger a plus besoin d’argent que la Côte d’Ivoire.
J-S Lia
liasylve@yahoo.fr