Coup de tonnerre au Palais de Justice d’Abidjan. Depuis hier dans la soirée, les juges Simplice Koffi Kouadio et Ibrahim Fofana ne sont plus officiellement respectivement procureur de la République et procureur général. La décision est tombée au journal télévisé de 20 heures d’hier. Mais déjà, depuis vendredi dernier, cette information qui au départ semblait être une rumeur, a commencé à devenir une réalité à partir du samedi dernier. Finalement, hier dans la soirée, un communiqué du ministère de la Justice a été lu au journal télévisé de 20 heures pour confirmer le limogeage des deux partons du Parquet d’Abidjan. Selon des sources proches des concernés, la décision leur a été notifiée par la Chancellerie depuis le samedi après une rencontre avec le Garde des Sceaux, ministre de la Justice, le ministre Mamadou Gnénéma Coulibaly. Le ministre de la Justice, au cours de cette rencontre avec les deux magistrats, aurait déclaré à ses interlocuteurs qu’il ne s’agit pas d’une sanction. Mais d’un mouvement normal de fonctionnaires comme cela se fait d’habitude dans l’Administration. Et dans cette prise de décision aussi importante que capitale pour la bonne marche du système judiciaire, il a la totale confiance du chef de l’Etat qui lui a demandé de mettre de l’ordre dans la justice ivoirienne. En réalité, certains observateurs avertis de la justice ivoirienne disent ne pas être surpris par cette décision. Car selon eux, beaucoup de dysfonctionnements, ces derniers temps, plombent le fonctionnement général de l’appareil judiciaire. Trop de plaintes pour corruption et laxisme ont atterri sur la table du Garde des Sceaux. Certaines sont même arrivées jusqu’aux oreilles du président de la République, chef de la magistrature. Le chef de l’Etat avait dans un premier temps tenté de frapper fort en radiant des magistrats. Plus d’une vingtaine de juges étaient dans le collimateur. Finalement, octobre dernier, le Conseil des ministres a sanctionné huit magistrats. Apparemment, l’assainissement du système judiciaire cher au chef de l’Etat se poursuit. En décembre dernier, le président Alassane Ouattara avait lui-même présidé le Haut Conseil de la magistrature. D’importantes décisions au cours de cette rencontre avaient été prises. Le limogeage des trois procureurs du Parquet d’Abidjan rentre-t-il dans la vision politique du chef de l’Etat de rendre plus efficace la justice ivoirienne ? C’en a tout l’air quand on voit qu’ici, ce sont les premiers responsables des juridictions des deux premiers degrés qui ont perdu leur poste. Le procureur général, Ibrahim Fofana a été remplacé par le juge Ali Yéo, ancien directeur de cabinet des anciens Gardes des Sceaux Henriette Dagri Diabaté, actuel Grande Chancelière de l’ordre national et Mamadou Koné, l’actuel président de la Cour suprême. Le procureur de la République Simplice Koffi Kouadio a été remplacé par le juge Richard Adou, ancien procureur de la République près du Tribunal de première instance de Bouaké. Quant au juge Kohou Silué, procureur de la République près du Tribunal de première instance de Yopougon, il serait dans le collimateur de la Chancellerie. Car jusqu’à samedi, son nom était sur la liste des limogés. Son dossier, selon certaines sources, serait en stand by pour le moment. Avec ces sanctions, c’est un signal fort que le ministre Mamadou Gnénéma Coulibaly lance à tous les acteurs du système judiciaire ivoirien qui est en quête de crédibilité et d’efficacité.
Jean-Claude Coulibaly
Jean-Claude Coulibaly