x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Société Publié le mardi 15 janvier 2013 | L’intelligent d’Abidjan

Entretien / Brigitte Kornmann, spécialiste en gestion des ordures : ‘‘En Côte d’Ivoire, l’argent se trouve dans la rue’’

Brigitte Kornmann est professeur d’Université en Allemagne, et par ailleurs spécialiste en gestion des ordures. De passage en Côte d’Ivoire, elle s’est prêtée à notre préoccupation relative à la gestion des ordures issues des ménages et industries.

Comment vous est venue l’idée de vous intéresser aux questions de gestion des ordures en Côte d’Ivoire?

C’est au cours d’un voyage, dans le cadre du tourisme en Côte d’Ivoire que j’ai appris à connaître et à aimer ce beau pays. Nous avons remarqué que la Côte d’Ivoire a un côté positif, il y a une diversité culturelle. Mais à côté de cela, nous avons constaté qu’il y a un problème de salubrité et d’environnement. Dans mes temps libres, je faisais beaucoup de projets relatifs à l’environnement, à la réserve des ressources naturelles etc. Ce sont des thèmes qui me préoccupent. C’est d’ ailleurs ce qui m’a amené à m’intéresser au projet de «Côte d’Ivoire sans Plastique». De concert avec des collaborateurs, nous avons créé l’ONG Côte d’Ivoire sans plastique.

En tant que spécialiste en la matière, peut-on classifier ou catégoriser les déchets?
Ce que nous avons remarqué en Côte d’Ivoire, c’est qu’il y a plusieurs sortes d’ordures. Nous avons le plastique en grande masse, nous avons également les déchets organiques qui sont des déchets provenant de matières d'origine animale ou végétale. Les déchets organiques sont des déchets alimentaires, par exemple les peaux de banane, tomates fraîches. Il y a aussi les déchets verts, déchets agricoles et les déchets issus des industries agroalimentaires ou de la restauration. Et qui composent une grande partie des déchets ménagers, mais qui ne sont pas cuits, tels que des feuilles d’attiéké, feuilles mortes, fleurs fanées, sciure de bois, cendres de bois. En plus, s’ajoutent les déchets alimentaires qui sont entre autres les épluchures, fruits et légumes même abimés. Il y a aussi les déchets de maison notamment le papier journal, mouchoirs en papier, sachets d'emballage en papier, le métal. La 5ème catégorie d’ordures que nous avons en Côte d’Ivoire, ce sont le cristal, la porcelaine, etc. Il faut essayer de les catégoriser afin de savoir quoi en faire. Le plus grand nombre d’ordures que nous voyons ici, c’est le plastique. C’est la raison pour laquelle, nous commençons le projet de «Côte d’Ivoire sans plastique» avec du plastique. Nous y travaillons pour lutter contre ce fléau.

Comment comptez-vous, vous y prendre pour une meilleure gestion de la lutte contre les plastiques?

Nous sommes en train de parler de cinq (5) catégories d’ordures. Mais il faut remarquer que le circuit naturel des ordures ne doit pas être détruit. Quand il est dégradé, c’est en cela qu’on parle de détritus naturels. Et le détritus naturel est déjà à présent en Côte d’Ivoire. Ici, On voit partout, que l’environnement est en train de se détériorer de telle sorte que dans la mer, on voit les plastiques, nos paysages sont bourrés de sachets en plastique. Le circuit naturel à été dégradé. La question est de voir tout déchet en tant que matières premières. C’est en cela qu’on doit savoir à quoi s’en tenir. Les déchets organiques ont la caractéristique d'être entièrement biodégradables. Ils sont fermentescibles, c'est-à-dire qu'ils peuvent être traités par compostage. Les solutions de traitement des déchets organiques sont diverses, et peuvent être réalisées à l'échelle individuelle ou par les collectivités. En le compostant, on n’a plus besoin d’engrais chimiques. Avec le bio-organique que nous avons, on peut créer le bac à compost, et faire la culture de l’humus. Le compost est le produit de la fermentation à l’air libre de la matière organique par l’action de micro-organismes. Recycler tous ses déchets alimentaires et organiques pour en faire du compost est un geste éco-citoyen qui s'inscrit dans les principes du développement durable.

En termes d’économie, que gagne la Côte d’Ivoire?

Il ne faut pas voir cela comme un produit isolé. Il faut le voir comme une matière première. Par exemple, si on fait du compostage à grande échelle, il va s’en dire qu’il y aura assez d’emplois. En Allemagne par exemple, il y a beaucoup de jardiniers qui ne font que du composte. Il faut le percevoir dans le cadre de réserve des ressources naturelles. C’est tout un concept. En Allemagne, il y a des milliers de gens qui vivent du travail des ordures du plastique. Si on fait un grand compostage ici en Côte d’Ivoire, on peut employer des gens. Ce qui permettra un temps soit peu, de réduire le chômage. L’idée première est de savoir que la dégradation de la nature doit stopper. La préservation des ressources naturelles doit prendre de l’ampleur. Parce qu’on doit préserver nos ressources naturelles. Tout ce que nous voyons comme déchets sont des matières premières. Si nous avons mis le compostage dans notre programme pédagogique, c’est parce qu’il est admis par l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO). Il y a des milliers d’emplois qui sont créés à partir des ordures. Les déchets sont des matières premières, à travers cela, il peut avoir des retombées économiques. En Côte d’Ivoire, l’argent se trouve dans la rue. Partout dans les endroits où on verse les déchets, que ce soient plastiques ou organiques.

Y a-t-il une possibilité de construire des unités de transformations?

Notre problème actuel, c’est la transformation des comportements, c’est pourquoi, nous sommes en contact avec les enfants à travers des formations sur l’éducation environnementale. Nous voulons que les enfants apprennent à connaître les différentes sortes d’ordures. Notre problème n’est pas d’abord économique. C’est un problème pédagogique. Le volet économique est certes important, mais dans le cas d’espèce, nous le positionnons au second plan dans notre programme .Celui qui est reconnu dans ce domaine, peut se faire de l’argent comme il veut. Mais ce qui nous différencie de tous les plans, il y a certains qui prennent nos idées, mais c’est le changement du comportement qui est le plus important. Nous ne voyons pas pour le moment, l’argent. En Allemagne, les gens ont changé de comportement. Personne n’ose jeter le plastique dans la rue, parce qu’ils savent que c’est une matière première. Il y a 10, 15, 20 voire 50 ans, les allemands jetaient les plastiques dans la rue comme les Ivoiriens le font aujourd’hui, mais grâce à la pédagogie, ils ont réussi à changer de comportement. Les Ivoiriens peuvent en faire autant, c’est une question de développement durable. Il faut que les enfants comprennent cela pour qu’ils passent le flambeau aux futures générations. Dans cinquante ans, nous ne seront plus de ce monde. Donc ce sont eux qui doivent comprendre cela. Il y a des gens qui travaillent avec nous et qui n’utilisent pas le plastique de la Côte d’Ivoire parce que le plastique de Côte d’Ivoire est mélangé avec d’autres déchets. Ils payent les déchets en Belgique. Le plastique de la Côte d’Ivoire qui représente de l’argent est rempli de déchet. Le comportement des gens n’a pas encore changé. Donc des usines en Côte d’Ivoire payent des ordures dans les pays d’Europe.

Notre échange arrive à son terme, en debut de cette année 2013, quels sont vos vœux pour les Ivoiriens?

A travers nos idées, notre concept pédagogique, économique, à travers tous nos projets avec nos partenaires écologiques de Côte d’Ivoire, pour les gens qui dégradent moins la nature. La Côte d’Ivoire est un pays béni, partout où on jette un grain, il y a la germination. Tout est vert, mais si les gens continuent à détruire l’environnement, ce ne sera plus vert. Donc il y a intérêt à appeler les Ivoiriens à toutes retenues dans la dégradation contre la nature. Il faudrait que les gens fassent attention. S’ils ne veulent pas le futur des enfants.

Réalisé par Armand K.
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Société

Toutes les vidéos Société à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ