Les cours de renforcement ou cours de mercredi (au primaire) sont presque quelque chose d’officiel. Des parents d’élèves en tiennent même compte dans leur budget. Les élèves, eux-mêmes, ont fini par ne plus s’en passer. Pourquoi ? Qu’est-ce qui les y oblige ? Est-ce la faiblesse du niveau de l’enseignement ? L’insuffisance de rendement des enseignants titulaires ou pour des raisons pécuniaires? L’un dans l’autre, le constat est que les élèves sont aujourd’hui tous candidats à ces cours de renforcement. Cela, pour plusieurs raisons.
Améliorer le rendement
La première motivation des élèves en s’inscrivant au cours de renforcement, c’est d’améliorer leurs connaissances. Mieux comprendre les leçons que le professeur, en temps réel, a expliquées. Parce que justement dans le contexte des cours de renforcement, l’enseignant est supposé avoir le temps, de mieux s’occuper de l’élève, de lui consacrer plus de temps. Surtout que l’effectif dans ce cadre est normalement réduit. «Les cours de renforcement nous permettent de rattraper nos lacunes en classe, de réviser ce que l’élève n’a pas compris en classe, de faire des exercices d’application. Dans les matières littéraires, on met l’accent sur la méthodologie. L’élève qui ne maîtrise pas la méthodologie a des difficultés à traiter les sujets. Si l’enseignant veut en même temps faire la méthodologie, faire des exercices, il risque de ne pas finir son programme. Au cours de renforcement, on n’est pas limité par le temps. Le professeur peut pour un seul exercice, passer trois (03) à quatre (04) heures. C’est pour ces raisons que nous organisons des cours de renforcement pour les élèves volontaires. Ce n’est pas une obligation», a expliqué M. Koffi N. J. professeur dans un lycée de la place. Comment s’inscrire à ces cours ?
Pas gratuit
«Pour participer à ces cours de renforcement, il faut payer. Les coûts mensuels vont de 3000 francs à 5000 francs par élève, par matière et mois. Pour les matières scientifiques, la somme est beaucoup plus élevée. C’est une bonne opportunité. Malheureusement, certains parents n’ont pas les moyens pour permettre à leurs enfants de suivre ces cours», a fait remarquer, Kassi Kassi Pierre, élève dans un collège à Marcory. Effectivement, les cours de renforcement ne sont pas à la portée de toutes les bourses. Vu la paupérisation dans laquelle vit la majorité de la population. Des élèves se contentent des enseignements dispensés par les professeurs en classe. «Nous autres, on n’a pas le choix. Depuis la classe de 6ème, je n’ai jamais suivi des cours de renforcement. Faute de moyens. Je fais tout pour que cette situation n’influence pas mes notes. Heureusement, tout va bien jusqu’ici», explique Coulibaly Maï en classe de 1ère A dans un établissement semi privé de Koumassi. Si M. Yao Alfred (enseignant) soutient cette remarque, il explique cependant que des enseignants sont parfois obligés de faire du social «A la fin du mois, des élèves plaident pour ne pas payer. Soit parce que le père n’a pu avoir l’agent soit il refuse d’honorer l’engagement qu’il a fait prendre à son enfant. Face à ces cas, nous sommes obligés de tolérer alors que nous aussi, nous payons les documents», a-t-il déploré. Mais quel est le sort réservé aux élèves qui ne vont pas à ces cours ?
Chantages
Selon nos investigations, des pressions non ouvertes sont exercées sur les élèves qui, pour des raisons diverses, ne sont pas inscrits à ces cours. Nous même avons été victime. Puisque notre fils au Cm2 dans une école primaire à Koumassi nous a obligé à payer à son maitre tous les mercredis la somme de 250 francs Cfa. Parce que l’enseignant en question a menacé de proposer les exercices traités au cours de renforcement à la composition de passage. Dans certains lycées, cette pratique est également une réalité. «Chez nous dans notre lycée, les cours de renforcement sont défendus. Comme alibi, on dit que certains professeurs sanctionnent les élèves qui ne viennent pas au cours de renforcement, d’autres donnent les exercices traités au cours de renforcement, d’autres encore attribuent de mauvaises notes aux élèves qui ne vont pas à ces cours. Donc, les manœuvres pour ne pas qu’ils aient de bonnes moyennes dans leur matière. Voilà les arguments avancés pour suspendre les cours de renforcement. Mais ce que nos supérieurs hiérarchiques ne savent pas, c’est que les meilleurs élèves aux examens sont ceux qui viennent au cours de renforcement. Aujourd’hui, dans mon établissement, ces cours sont interdits. Nous sommes obligés de louer des salles en dehors du lycée», a indiqué M. Koffi N. J. Quant à Boni Gnamien Gustave (parent d’élèves), il pense que tout ce qui se raconte n’est pas forcement vrai. «Il y a des professeurs qui font leur travail de bonne foi. Je crois qu’il faut les féliciter. Mais comme dans toute corporation, il existe des brebis galeuses, parmi les enseignants, certains font effectivement du chantage pour soutirer de l’argent aux élèves et à leurs parents», a-t-il soutenu. Yassoua Henri, un enseignant à la retraite, lui, est formel : «C’est de la tricherie, de l’escroquerie. Un enseignant ne peut pas donner des cours à un élève et puis, reprendre les mêmes élèves en cours de rattrapage. Quand ce professeur donne des devoirs à ces mêmes enfants, ils sont brillants. Mais quand il s’agit de devoirs généraux, ces élèves sont nuls. 80% des élèves qui font les cours de rattrapage échouent aux examens. Ce que les enseignants font, c’est de la malhonnêteté. Quand moi j’étais en fonction, je faisais mes trente minutes de cours correctement. Les jeunes enseignants boycottent expressément les cours dans l’objectif d’obliger les élèves à faire les cours de renforcement. Ce n’est pas normal. Parmi les jeunes professeurs, beaucoup ne travaillent pas». Cet avis n’est pas partagé par Lucien Tapé, élève à Abobo. «Nos professeurs, il faut le dire, sont brillants. Ce sont de jeunes enseignants qui sont dévoués. Mais on a l’impression qu’il leur manque quelque chose. Je pense à leur salaire. Parfois, ils se plaignent d’être mal payés. Alors dans la majorité des cas, ils organisent ces cours de renforcement pour arrondir les fins de mois. Ce qu’il faut faire remarquer, c’est qu’ils dispensent effectivement ces cours. Mais dire qu’ils font pression sur des élèves, je n’en sais rien. Sauf que parfois, des enseignants en classe, laissent échapper des phrases du genre on a fait cet exercice au cours de renforcement. Comme si nous sommes tous censés suivre ces cours», a lancé Tano Ya, étudiante en 1ère année de Finances comptabilité. Les avis, comme on le constate, sont partagés sur ce sujet qui n’écarte pas que le problème de fond demeure. A savoir que des enseignants, sous une forme déguisée, rackettent des élèves
Dje km
Améliorer le rendement
La première motivation des élèves en s’inscrivant au cours de renforcement, c’est d’améliorer leurs connaissances. Mieux comprendre les leçons que le professeur, en temps réel, a expliquées. Parce que justement dans le contexte des cours de renforcement, l’enseignant est supposé avoir le temps, de mieux s’occuper de l’élève, de lui consacrer plus de temps. Surtout que l’effectif dans ce cadre est normalement réduit. «Les cours de renforcement nous permettent de rattraper nos lacunes en classe, de réviser ce que l’élève n’a pas compris en classe, de faire des exercices d’application. Dans les matières littéraires, on met l’accent sur la méthodologie. L’élève qui ne maîtrise pas la méthodologie a des difficultés à traiter les sujets. Si l’enseignant veut en même temps faire la méthodologie, faire des exercices, il risque de ne pas finir son programme. Au cours de renforcement, on n’est pas limité par le temps. Le professeur peut pour un seul exercice, passer trois (03) à quatre (04) heures. C’est pour ces raisons que nous organisons des cours de renforcement pour les élèves volontaires. Ce n’est pas une obligation», a expliqué M. Koffi N. J. professeur dans un lycée de la place. Comment s’inscrire à ces cours ?
Pas gratuit
«Pour participer à ces cours de renforcement, il faut payer. Les coûts mensuels vont de 3000 francs à 5000 francs par élève, par matière et mois. Pour les matières scientifiques, la somme est beaucoup plus élevée. C’est une bonne opportunité. Malheureusement, certains parents n’ont pas les moyens pour permettre à leurs enfants de suivre ces cours», a fait remarquer, Kassi Kassi Pierre, élève dans un collège à Marcory. Effectivement, les cours de renforcement ne sont pas à la portée de toutes les bourses. Vu la paupérisation dans laquelle vit la majorité de la population. Des élèves se contentent des enseignements dispensés par les professeurs en classe. «Nous autres, on n’a pas le choix. Depuis la classe de 6ème, je n’ai jamais suivi des cours de renforcement. Faute de moyens. Je fais tout pour que cette situation n’influence pas mes notes. Heureusement, tout va bien jusqu’ici», explique Coulibaly Maï en classe de 1ère A dans un établissement semi privé de Koumassi. Si M. Yao Alfred (enseignant) soutient cette remarque, il explique cependant que des enseignants sont parfois obligés de faire du social «A la fin du mois, des élèves plaident pour ne pas payer. Soit parce que le père n’a pu avoir l’agent soit il refuse d’honorer l’engagement qu’il a fait prendre à son enfant. Face à ces cas, nous sommes obligés de tolérer alors que nous aussi, nous payons les documents», a-t-il déploré. Mais quel est le sort réservé aux élèves qui ne vont pas à ces cours ?
Chantages
Selon nos investigations, des pressions non ouvertes sont exercées sur les élèves qui, pour des raisons diverses, ne sont pas inscrits à ces cours. Nous même avons été victime. Puisque notre fils au Cm2 dans une école primaire à Koumassi nous a obligé à payer à son maitre tous les mercredis la somme de 250 francs Cfa. Parce que l’enseignant en question a menacé de proposer les exercices traités au cours de renforcement à la composition de passage. Dans certains lycées, cette pratique est également une réalité. «Chez nous dans notre lycée, les cours de renforcement sont défendus. Comme alibi, on dit que certains professeurs sanctionnent les élèves qui ne viennent pas au cours de renforcement, d’autres donnent les exercices traités au cours de renforcement, d’autres encore attribuent de mauvaises notes aux élèves qui ne vont pas à ces cours. Donc, les manœuvres pour ne pas qu’ils aient de bonnes moyennes dans leur matière. Voilà les arguments avancés pour suspendre les cours de renforcement. Mais ce que nos supérieurs hiérarchiques ne savent pas, c’est que les meilleurs élèves aux examens sont ceux qui viennent au cours de renforcement. Aujourd’hui, dans mon établissement, ces cours sont interdits. Nous sommes obligés de louer des salles en dehors du lycée», a indiqué M. Koffi N. J. Quant à Boni Gnamien Gustave (parent d’élèves), il pense que tout ce qui se raconte n’est pas forcement vrai. «Il y a des professeurs qui font leur travail de bonne foi. Je crois qu’il faut les féliciter. Mais comme dans toute corporation, il existe des brebis galeuses, parmi les enseignants, certains font effectivement du chantage pour soutirer de l’argent aux élèves et à leurs parents», a-t-il soutenu. Yassoua Henri, un enseignant à la retraite, lui, est formel : «C’est de la tricherie, de l’escroquerie. Un enseignant ne peut pas donner des cours à un élève et puis, reprendre les mêmes élèves en cours de rattrapage. Quand ce professeur donne des devoirs à ces mêmes enfants, ils sont brillants. Mais quand il s’agit de devoirs généraux, ces élèves sont nuls. 80% des élèves qui font les cours de rattrapage échouent aux examens. Ce que les enseignants font, c’est de la malhonnêteté. Quand moi j’étais en fonction, je faisais mes trente minutes de cours correctement. Les jeunes enseignants boycottent expressément les cours dans l’objectif d’obliger les élèves à faire les cours de renforcement. Ce n’est pas normal. Parmi les jeunes professeurs, beaucoup ne travaillent pas». Cet avis n’est pas partagé par Lucien Tapé, élève à Abobo. «Nos professeurs, il faut le dire, sont brillants. Ce sont de jeunes enseignants qui sont dévoués. Mais on a l’impression qu’il leur manque quelque chose. Je pense à leur salaire. Parfois, ils se plaignent d’être mal payés. Alors dans la majorité des cas, ils organisent ces cours de renforcement pour arrondir les fins de mois. Ce qu’il faut faire remarquer, c’est qu’ils dispensent effectivement ces cours. Mais dire qu’ils font pression sur des élèves, je n’en sais rien. Sauf que parfois, des enseignants en classe, laissent échapper des phrases du genre on a fait cet exercice au cours de renforcement. Comme si nous sommes tous censés suivre ces cours», a lancé Tano Ya, étudiante en 1ère année de Finances comptabilité. Les avis, comme on le constate, sont partagés sur ce sujet qui n’écarte pas que le problème de fond demeure. A savoir que des enseignants, sous une forme déguisée, rackettent des élèves
Dje km