Sans remords ! Les partisans de Laurent Gbagbo, après les dix ans de désolation servis à la Côte d’Ivoire et aux Ivoiriens, se posent plutôt en victimes et n’hésitent pas à demander plus qu’il n’en faut aux autorités.
Il y a de quoi tomber des nues. Le bourreau se transforme en victime, au point de faire de la surenchère. Appelé à la table des discussions, dans le cadre du processus de réconciliation nationale, le Fpi a refusé de s’associer aux autres partis de l’opposition, appelant le gouvernement à un dialogue direct avec lui. Vendredi, le pouvoir a fini par satisfaire à cette requête de Miaka Ouretto et ses camarades. Venant de l’ancien parti au pouvoir, cela ne peut que paraître surprenant. Au regard de la gestion du pouvoir par Laurent Gbagbo entre le 26 octobre 2000 et le 2 décembre 2010. En effet, durant ces dix années d’administration, le Fpi a fait avaler toutes sortes de couleuvres aux Ivoiriens. Arrivé par les marches au pouvoir, les frontistes ont interdit marches et manifestations publiques durant leur long mandat. En application de cette décision, la marche des femmes qui manifestaient le 1er et le 2 avril 2008 contre la vie chère à Port-Bouët et Yopougon (le fief de son parti), a été réprimée dans le sang par le régime Fpi, provoquant deux morts parmi les pauvres dames. Mais avant, le 26 octobre 2000, Laurent Gbagbo et ses hommes, sitôt parvenus au pouvoir par la rue, occasionnaient un charnier de 57 corps, supposés être des militants du Rdr. Avant la chasse à l’homme de ce 26 octobre, le chef frontiste avait annoncé les couleurs sur Rfi. « J’entends que certains veulent marcher pour réclamer la reprise de l’élection présidentielle. Moi, je n’empêcherai personne de marcher, mais les forces de l’ordre feront leur travail », avait déclaré le Woody, quelques heures avant le carnage.
La négation de l’histoire
Des jours après, sans contrition, au stade Félix Houphouët-Boigny, lors d’un hommage aux morts de son camp, il avait lancé : « mille morts à droite, mille morts à gauche, moi, j’avance ». C’est dire le cynisme qui animait le nouveau régime qui ne mettra d’ailleurs pas assez de temps pour récidiver. Le 4 décembre 2000, face au Rdr qui entendait manifester contre le rejet de la candidature de son mentor Alassane Ouattara aux législatives, Laurent Gbagbo n’a pas hésité à donner l’ordre aux hommes en arme de régler leurs comptes aux militants de l’opposition. « Je demande aux policiers, gendarmes, et militaires de tous rangs, de se défendre par tous les moyens en leur disposition », avait ordonné le chef des frontistes. Des morts en cascade suivirent cet appel. En mars 2004, alors que les partis et mouvements signataires de l’Accord de Marcoussis tentaient de manifester pacifiquement pour l’application dudit accord, des opposants sont massacrés par des éléments des Forces de défense et de sécurité (Fds) soutenus par des miliciens armés. Les opposants annoncent entre 300 et 500 morts, l’Onu, 120 morts. Ils sont légion, les enlèvements, tortures, meurtres, et victimes du fameux article 125 à mettre au compte de la Fesci, des miliciens et des escadrons de la mort, tous des créations du régime Gbagbo. En 2010, le Fpi, si contestataire aujourd’hui, a décidé de s’opposer au choix opéré par le peuple après les résultats de l’élection présidentielle qui donnaient vainqueur, le candidat du Rhdp, Alassane Ouattara. Ainsi, Laurent et Simone Gbagbo, puis Blé Goudé et les siens, ont fait vivre cinq mois d’horreur aux Ivoiriens, sanctionnés par 3 000 morts et des milliers de déplacés internes et externes. Pendant la décennie de gestion du Fpi, la Cedeao, l’Union africaine, l’Union européenne, l’Onu et surtout la France ont passé le temps à l’interpeller sur ses tares. Mais le régime Gbagbo s’est toujours borné à qualifier ces interpellations de la communauté internationale de complots ourdis contre lui, jusqu’à ce que le peuple se lève, et les chasse du pouvoir le 11 avril 2011. Devant un tableau aussi sombre que celui présenté par ce régime au monde entier, le Fpi devait se fondre en excuses, au lieu de vouloir se poser en victime et lister des préalables à une participation au processus de réconciliation nationale. Car, les frontistes ne sauraient falsifier le cours des événements. Curieusement, ils en rajoutent à leur cynisme, avec le dernier communiqué de la direction du Fpi, rendu public lundi. Ledit communiqué exige la libération immédiate de Charles Blé Goudé, arrêté le 17 janvier au Ghana, et extradé à Abidjan, « pour donner davantage de chance au dialogue politique ». Le parti dirigé par Miaka Ouretto veut passer ainsi par pertes et profits les crimes commis par le sinistre ‘‘général de la rue’’ durant les dix ans de tyrannie du Fpi. C’est la preuve que l’ancien régime n’a aucune considération pour les victimes à mettre au compte de la barbarie de Blé Goudé. Cautionner de tels crimes démontre, si besoin en était, le mépris affiché par les anciens tenants du pouvoir pour les morts de cette longue crise. Un cynisme qui en dit long sur la nature humaine des frontistes.
Ouattara Abdoul Karim
Il y a de quoi tomber des nues. Le bourreau se transforme en victime, au point de faire de la surenchère. Appelé à la table des discussions, dans le cadre du processus de réconciliation nationale, le Fpi a refusé de s’associer aux autres partis de l’opposition, appelant le gouvernement à un dialogue direct avec lui. Vendredi, le pouvoir a fini par satisfaire à cette requête de Miaka Ouretto et ses camarades. Venant de l’ancien parti au pouvoir, cela ne peut que paraître surprenant. Au regard de la gestion du pouvoir par Laurent Gbagbo entre le 26 octobre 2000 et le 2 décembre 2010. En effet, durant ces dix années d’administration, le Fpi a fait avaler toutes sortes de couleuvres aux Ivoiriens. Arrivé par les marches au pouvoir, les frontistes ont interdit marches et manifestations publiques durant leur long mandat. En application de cette décision, la marche des femmes qui manifestaient le 1er et le 2 avril 2008 contre la vie chère à Port-Bouët et Yopougon (le fief de son parti), a été réprimée dans le sang par le régime Fpi, provoquant deux morts parmi les pauvres dames. Mais avant, le 26 octobre 2000, Laurent Gbagbo et ses hommes, sitôt parvenus au pouvoir par la rue, occasionnaient un charnier de 57 corps, supposés être des militants du Rdr. Avant la chasse à l’homme de ce 26 octobre, le chef frontiste avait annoncé les couleurs sur Rfi. « J’entends que certains veulent marcher pour réclamer la reprise de l’élection présidentielle. Moi, je n’empêcherai personne de marcher, mais les forces de l’ordre feront leur travail », avait déclaré le Woody, quelques heures avant le carnage.
La négation de l’histoire
Des jours après, sans contrition, au stade Félix Houphouët-Boigny, lors d’un hommage aux morts de son camp, il avait lancé : « mille morts à droite, mille morts à gauche, moi, j’avance ». C’est dire le cynisme qui animait le nouveau régime qui ne mettra d’ailleurs pas assez de temps pour récidiver. Le 4 décembre 2000, face au Rdr qui entendait manifester contre le rejet de la candidature de son mentor Alassane Ouattara aux législatives, Laurent Gbagbo n’a pas hésité à donner l’ordre aux hommes en arme de régler leurs comptes aux militants de l’opposition. « Je demande aux policiers, gendarmes, et militaires de tous rangs, de se défendre par tous les moyens en leur disposition », avait ordonné le chef des frontistes. Des morts en cascade suivirent cet appel. En mars 2004, alors que les partis et mouvements signataires de l’Accord de Marcoussis tentaient de manifester pacifiquement pour l’application dudit accord, des opposants sont massacrés par des éléments des Forces de défense et de sécurité (Fds) soutenus par des miliciens armés. Les opposants annoncent entre 300 et 500 morts, l’Onu, 120 morts. Ils sont légion, les enlèvements, tortures, meurtres, et victimes du fameux article 125 à mettre au compte de la Fesci, des miliciens et des escadrons de la mort, tous des créations du régime Gbagbo. En 2010, le Fpi, si contestataire aujourd’hui, a décidé de s’opposer au choix opéré par le peuple après les résultats de l’élection présidentielle qui donnaient vainqueur, le candidat du Rhdp, Alassane Ouattara. Ainsi, Laurent et Simone Gbagbo, puis Blé Goudé et les siens, ont fait vivre cinq mois d’horreur aux Ivoiriens, sanctionnés par 3 000 morts et des milliers de déplacés internes et externes. Pendant la décennie de gestion du Fpi, la Cedeao, l’Union africaine, l’Union européenne, l’Onu et surtout la France ont passé le temps à l’interpeller sur ses tares. Mais le régime Gbagbo s’est toujours borné à qualifier ces interpellations de la communauté internationale de complots ourdis contre lui, jusqu’à ce que le peuple se lève, et les chasse du pouvoir le 11 avril 2011. Devant un tableau aussi sombre que celui présenté par ce régime au monde entier, le Fpi devait se fondre en excuses, au lieu de vouloir se poser en victime et lister des préalables à une participation au processus de réconciliation nationale. Car, les frontistes ne sauraient falsifier le cours des événements. Curieusement, ils en rajoutent à leur cynisme, avec le dernier communiqué de la direction du Fpi, rendu public lundi. Ledit communiqué exige la libération immédiate de Charles Blé Goudé, arrêté le 17 janvier au Ghana, et extradé à Abidjan, « pour donner davantage de chance au dialogue politique ». Le parti dirigé par Miaka Ouretto veut passer ainsi par pertes et profits les crimes commis par le sinistre ‘‘général de la rue’’ durant les dix ans de tyrannie du Fpi. C’est la preuve que l’ancien régime n’a aucune considération pour les victimes à mettre au compte de la barbarie de Blé Goudé. Cautionner de tels crimes démontre, si besoin en était, le mépris affiché par les anciens tenants du pouvoir pour les morts de cette longue crise. Un cynisme qui en dit long sur la nature humaine des frontistes.
Ouattara Abdoul Karim