BAMAKO - "Ah, pauvre Mali!". Le cri a fusé, mercredi, devant les mini-téléviseurs disséminés aux halles de Bamako, après le quatrième but encaissé face au Nigeria. "Une victoire en demi-finale de la CAN aurait pu nous distraire un peu de cette guerre", dit un jeune employé de commerce, après la défaite 4-1.
Diakari Dia, 21 ans, se dit "trop énervé" pour commenter quoi que ce soit. Mais il fustige, en bambara, "des joueurs qui ne jouent pas et ne font que tomber" et "un entraîneur français (Patrice Carteron, nommé en juillet 2012, ndlr) qui ne sait même plus quoi faire".
Comme les autres jeunes massés dans les allées sombres du marché, il a "zappé" à la mi-temps lorsque le score était déjà de 3-0 pour regarder d'un oeil un film américain... Histoire de ne pas avoir à supporter les propos d'un commentateur malien qui vantait, d'une voix endeuillée, "l'agressivité" des Super Eagles du Nigeria.
"Mais il est nul, ce gardien-là!", se lamente Issa Keïta, jeune "vendeur d'habits". "Je préférerais ne pas être Malien! On est éliminés à chaque demi-finale! La troisième place a été faite pour nous...", dit-il en référence à la 3e place du Mali lors de la précédente CAN en 2012.
Mais même s'il n'a pas marqué un but, cette fois, le capitaine et guide de la sélection malienne Seydou Keita, devenu joueur du Dalian Aerbin (Chine), reste ici "celui qu'on aime trop". "C'est un combattant, il se bat pour son pays, toujours", dit Mohamed Diarra, étudiant en droit de 20 ans.
Dans le quartier animé du Fleuve, un quart d'heure avant la fin de la rencontre, la plupart des supporters se sont levés et ont quitté le bistrot "Le bafing". "Au premier but, c'était morose. Au second, on a senti que le Mali allait peut-être remonter. Au troisième, la moitié de mes clients sont partis. Au quatrième, il ne restait plus que les fidèles", constate le patron, Ibrahim Tounkara, 52 ans.
"Déjà une victoire"
La devanture de son établissement porte le tout récent slogan "pour un Mali uni, entièrement, pour toujours" et deux colombes de paix emportant des drapeaux français et maliens... "On avait peint ces colombes à la fin 2012, avant même le début de l'intervention des soldats français (le 11 janvier, ndlr). On savait que la guerre, seul, le Mali ne pouvait pas la faire".
"Mais la guerre n'a rien à voir avec le football!", assure M. Tounkara. "Aujourd'hui, les Aigles maliens se sont retrouvés face au grand Nigeria, c'est tout".
Mais la déception du Mali est immense "parce que le foot devient une religion, ici. C'est à travers nos footballeurs internationaux que le Mali est reconnu, aussi".
Les Aigles s'étaient hissés en demi-finales, après avoir terrassé l'Afrique du Sud en quart (1-1, 3 t.a.b. à 1).
Kader Maïga, journaliste de 49 ans, commente d'un ton diplomate: "L'équipe malienne n'est pas bien structurée. Le pays est en guerre. Et, depuis dix mois, nous avons connu l'occupation du Nord. Arriver troisième ou quatrième de la Coupe d'Afrique des nations, c'est déjà une victoire!", soutient le journaliste originaire de Tombouctou.
"Le seul but malien, celui de Cheick Fantamady Diarra, aura sauvé l'honneur", juge aussi l'artiste plasticien Boubacar Guitteye, 53 ans, dont les peintures ornent les murs du bistrot.
Lui non plus n'aime pas mélanger politique et football. "Simplement, les gens auraient été tellement contents si on avait gagné, surtout dans les parties du Nord qui étaient occupées" par les groupes islamistes armés.
"Les matches à déception, c'est dans nos habitudes, dit-il. Ca fait très mal mais ça va passer".
lbx/thm/we
Diakari Dia, 21 ans, se dit "trop énervé" pour commenter quoi que ce soit. Mais il fustige, en bambara, "des joueurs qui ne jouent pas et ne font que tomber" et "un entraîneur français (Patrice Carteron, nommé en juillet 2012, ndlr) qui ne sait même plus quoi faire".
Comme les autres jeunes massés dans les allées sombres du marché, il a "zappé" à la mi-temps lorsque le score était déjà de 3-0 pour regarder d'un oeil un film américain... Histoire de ne pas avoir à supporter les propos d'un commentateur malien qui vantait, d'une voix endeuillée, "l'agressivité" des Super Eagles du Nigeria.
"Mais il est nul, ce gardien-là!", se lamente Issa Keïta, jeune "vendeur d'habits". "Je préférerais ne pas être Malien! On est éliminés à chaque demi-finale! La troisième place a été faite pour nous...", dit-il en référence à la 3e place du Mali lors de la précédente CAN en 2012.
Mais même s'il n'a pas marqué un but, cette fois, le capitaine et guide de la sélection malienne Seydou Keita, devenu joueur du Dalian Aerbin (Chine), reste ici "celui qu'on aime trop". "C'est un combattant, il se bat pour son pays, toujours", dit Mohamed Diarra, étudiant en droit de 20 ans.
Dans le quartier animé du Fleuve, un quart d'heure avant la fin de la rencontre, la plupart des supporters se sont levés et ont quitté le bistrot "Le bafing". "Au premier but, c'était morose. Au second, on a senti que le Mali allait peut-être remonter. Au troisième, la moitié de mes clients sont partis. Au quatrième, il ne restait plus que les fidèles", constate le patron, Ibrahim Tounkara, 52 ans.
"Déjà une victoire"
La devanture de son établissement porte le tout récent slogan "pour un Mali uni, entièrement, pour toujours" et deux colombes de paix emportant des drapeaux français et maliens... "On avait peint ces colombes à la fin 2012, avant même le début de l'intervention des soldats français (le 11 janvier, ndlr). On savait que la guerre, seul, le Mali ne pouvait pas la faire".
"Mais la guerre n'a rien à voir avec le football!", assure M. Tounkara. "Aujourd'hui, les Aigles maliens se sont retrouvés face au grand Nigeria, c'est tout".
Mais la déception du Mali est immense "parce que le foot devient une religion, ici. C'est à travers nos footballeurs internationaux que le Mali est reconnu, aussi".
Les Aigles s'étaient hissés en demi-finales, après avoir terrassé l'Afrique du Sud en quart (1-1, 3 t.a.b. à 1).
Kader Maïga, journaliste de 49 ans, commente d'un ton diplomate: "L'équipe malienne n'est pas bien structurée. Le pays est en guerre. Et, depuis dix mois, nous avons connu l'occupation du Nord. Arriver troisième ou quatrième de la Coupe d'Afrique des nations, c'est déjà une victoire!", soutient le journaliste originaire de Tombouctou.
"Le seul but malien, celui de Cheick Fantamady Diarra, aura sauvé l'honneur", juge aussi l'artiste plasticien Boubacar Guitteye, 53 ans, dont les peintures ornent les murs du bistrot.
Lui non plus n'aime pas mélanger politique et football. "Simplement, les gens auraient été tellement contents si on avait gagné, surtout dans les parties du Nord qui étaient occupées" par les groupes islamistes armés.
"Les matches à déception, c'est dans nos habitudes, dit-il. Ca fait très mal mais ça va passer".
lbx/thm/we