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Art et Culture Publié le vendredi 8 février 2013 | L’intelligent d’Abidjan

Exposition / Galerie Cécile Fakhoury - Cheikh Ndiaye, une peinture qui documente le cinéma africain

Le photographe ivoirien Paul Sika a fait place à l’artiste-peintre sénégalais Cheikh Ndiaye à la galerie Cécile Fakhoury à Cocody. Cheikh Ndiaye, artiste-peintre et photographe y expose depuis le 1er février 2013, une vingtaine de ses œuvres. Les deux artistes ont en commun la photographie et leur travail peut s’apprécier sous forme scénique. Mais leur histoire est différente, le sujet également. (i)n(f)ormal visitation est le thème du travail de Cheikh Ndiaye qui expose jusqu’au 16 mars prochain. S’il s’approprie la «visitation» qu’il tire de la bible, Cheick Ndiaye met l’accent sur le secteur informel qui se développe autour des salles de cinémas en Afrique – précisément à Abidjan et à Dakar – qui ont perdu leur fonction et leur éclat. ‘’Garage moto’’ ou ‘’Garage mécanique’’ qu’il peint sont l’expression des métiers qui gravitent autour des salles de cinéma. Ce qui impressionne Cheikh Ndiaye, c’est aussi la créativité qui se développe dans ce secteur informel née autour des salles de cinémas.
Fermées pour la plus part, ces salles qu’il peint après les avoir photographiées, ne font plus vivre ni rêver. Ce rêve vécu en salle s’est transposé dans l’ambiance des rues (petits commerces) aux alentours des salles.
Selon lui, le cinéma qui joue un rôle de repère, fait lien et transmet une histoire. «Aujourd’hui, c’est comme si l’idée de l’histoire a quitté l’intérieur d’une salle de cinéma pour être dehors. Le cinéma en Afrique pour être un cinéma africain doit être dehors», explique le peintre Cheikh Ndiaye qui rend un hommage au secteur informel à travers ladite exposition. Ce qui peut paraître informel est normal chez l’artiste quand il joue sur les lettres, faisant fi du (i) et du (f) dans (i)n(f)ormal.
Comme au cinéma, Cheikh Ndiaye qui restitue une histoire, peint en tenant compte des plans cinématograhiques. Vue d’ensemble, plan rapproché, zoom, etc. Cheikh Ndiaye emprunte au cinéma ses mouvements scéniques. S’il donne l’impression de (faire) vivre une réalité, l’artiste tient compte des détails. Ce qu’il exprime avec précision dans le tableau «Détail cinéma Aboussouan» qui dévoile avec précision le grand caoutchouc noir sur la façade. Une sorte de zoom ou plan rapproché fait sur l’œuvre «Cinéma Aboussouan» qu’il a représenté en tenant compte d’une vue géométrique et des perspectives qui s’y dégagent. Pour Cheikh Ndiaye, au-delà d’en faire une juste représentation de ces salles qui ont (et rappellent) des histoires, il veut laisser à la postérité «l’idée que l’Afrique a eu à rêver». Choisir de peindre les cinémas, en restituant leur réalité architecturale, est pour l’artiste, un travail de documentation et d’archivage. Il fait revivre, traduit-il, ce qui est «considéré mort». Par ses œuvres, il dit répertorier le patrimoine de l’Etat. Une mission, reconnait-il, que l’Etat ne lui a pas confiée. «C’est aussi cela, le rôle de l’artiste. Répondre à une demande qui soit peut-être de l’Etat, mais surtout, du peuple», justifie-t-il. Ce travail d’archivage des cinémas qu’il répertorie a commencé, selon Cheikh Ndiaye depuis la célébration des 50 ans d’indépendance des pays africains francophones. S’il admet qu’aujourd’hui, l’art contemporain est lié aux sciences humaines, Cheikh Ndiaye invite alors les artistes africains à être des «anthropologues intérieurs» au service de l’Afrique. «Aujourd’hui, nous devons prendre en main notre propre vision du monde et créer notre propre discours sur l’Afrique», soutient-il.
Le discours de Cheikh Ndiaye qui ne se limite pas qu’aux seules salles de cinéma se développe dans ses installations : Red refresh et Mama tree.

Koné Saydoo
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