Aucune âme sensible ne peut résister à la situation dramatique que vivent les quelques 200 familles du quartier Biabou 2 d’Abobo. D’un coté, des effets personnels éparpillés dans la rue, des parents et leurs enfants assis à même le sol, les regards vides et interrogateurs. De l’autre coté, des maisons dans lesquelles vivaient ces derniers depuis plusieurs années, dont les portes sont désormais barricadées. C’est le décor qu’offre Biabou 2 à tous ceux qui passent devant ce quartier. Recevant la presse mercredi dernier sous un abri de fortune, improvisé pour la cicrconstance, dame Salimata Ouattara, présidente de l’association des démunis de Côte d’Ivoire et Koko Kouassi, chef de ce site sinistré, qui avait à leurs cotés Gogoné Bi Pierre, président du collectif des déguerpis de Biabou 2 et Diomandé Béko, président des jeunes dudit quartier, ont expliqué les raisons du drame que vivent les populations de ce quartier. A en croire leurs récits, c’est depuis le 8 janvier dernier, sous ordre d’un opérateur économique libanais, répondant au nom de Moutapha Aïdara, qu’ils ont été vidés manu militari par des hommes en armes lesquels les avaient assiégés, sous la surpervision de Gonh Aimé-Raoul, un huissier de justice. Ce dernier prétendait agir sous la force d’un ordre d’expulsion délivré par un procureur. Renseignement pris, le procureur en question ne reconnaît pas avoir signé un tel document. L’Avocat général a donc demandé aux locataires de réintégrer leurs habitations. Mais malgré cette décison de justice, des agents des forces de l’ordre, réquisitionnés par l’opérateur économique libanais, ont empêché plus de 200 familles d’intégrer leurs maisons. Ainsi, depuis un mois, ces infortunés vivent en plein air et passent la nuit à la belle étoile, sous la menace des armes des corps habillés mobilisés par Mohamed Aïdara. Toujours selon les explications de dame Salimata Ouattara, des chefs de famille ont été brutalisés par ces hommes en uniforme. « Ces traitements inhumains ont obligé une femme enceinte à une fausse couche », a-t-elle déploré. De leur coté, les familles sinistrées lancent un cri de détresse aux autorités, surtout au Président de la République, Alassane Ouattara, afin qu’une solution rapide soit trouvée à leur sort. Signalons que ces familles déguerpies de force par l’opérateur libanais, proveniennent de l’opération de déguerpissement et du recasement des populations du quartier Washington des 220 logements vers les sites de Biabou, initiée sous le Président Henri Konan Bédié en 1999
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Gisèle Tienfô
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Gisèle Tienfô