Le Front populaire ivoirien est obnubilé par sa requête d’amnistie générale introduite dans les négociations avec le gouvernement. En effet, pour le parti à la rose, fermer les yeux sur tout ce qui s’est passé lors de la meurtrière crise postélectorale serait la voix la plus indiquée pour arriver à la réconciliation nationale en Côte d’Ivoire. Amnistier les criminels, se défendent les faucons et les inconditionnels du parti bleu, c’est mettre les compteurs à zéro et repartir du bon pied. Cependant, à y voir de près, le FPI loin d’être guidé par un souci de réconciliation entre les filles et les fils de la Côte d’Ivoire, est en plein dans un jeu de préservation de son image. Comment éviter le grand déballage lors des procès des pro-Gbagbo arrêtés et soupçonnés par la justice ivoirienne de crimes de guerre, de crimes de sang et même de crimes contre l’humanité? Comment empêcher que les accusés soient interrogés sur tels ou tels crimes et révèlent à a face du monde ce qui était en réalité le régime de Laurent Gbagbo et jusqu’où il a poussé le cynisme? N’est-ce pas que le procès de l’ancien commandant de la garde républicaine, Dogbo Blé Brunot a été riche en révélations et surtout a permis à l’opinion nationale et internationale de savoir que la vie humaine était totalement banalisée sous le pouvoir des refondateurs? «Le général nous a dit, vous allez au blocus du Golf, vous récupérez le colonel-major Adama Dosso. Vous l’éliminez physiquement et vous venez rendre compte», n’a cessé de répéter le tueur de colonel-major, Lago Léo à la barre. Faut-il laisser libre cours à la justice pour lever le voile sur les nombreux crimes de la refondation? Evidemment, les anciens dirigeants de la Côte d’Ivoire ne peuvent pas admettre la manifestation de la vérité. Car, elle viendra à coup sûr mettre au grand jour les ordres guerriers, les consignes de violence, donnés depuis les hauts lieux de la République, que renfermait le slogan de campagne ‘’on gagne ou on gagne’’. Et Dieu seul sait combien d’Ivoiriens et d’étrangers ont payé de leur vie les conséquences de ces ordres qui émanaient des officines des frontistes. II n’est donc pas question pour le FPI de permettre que ses crimes remontent à la surface et situent l’opinion nationale sur ce parti qu’il s’est abonné à la violence, aux massacres et autres assassinats lors son passage aux affaires. Le FPI par l’introduction de la demande d’amnistie générale veut priver le peuple de savoir tout ce qui s’est passé et surtout de comprendre que le parti fondé par Laurent Gbagbo qui se présente comme une formation politique de paix n’est en réalité ce monstre qui a sucé pendant 10 ans le sang du peuple. Sinon, il est de notoriété publique que s’inspirer du passé est de bon aloi pour le présent et le futur. Comment parvenir, en outre, à la réconciliation nationale, sans vérité, sans reconnaissance des fautes commises et sans pardon? Pour le FPI, il faut passer le chiffon sur les crimes au grand dam de nombreuses victimes de la crise. Le jeu est découvert. Il est honteux et ne saurait prospérer.
Lacina Ouattara
Lacina Ouattara