"Mais qu’est-ce que je fais ici? Je n’ai jamais pris le maquis, jamais tenu une arme! Je ne suis rien d’autre qu’un prisonnier politique." Presque deux ans après son arrestation, dix-huit mois après son transfèrement à La Haye, Laurent Gbagbo, qui se confiait il y a quelques semaines à son vieil ami, l’universitaire Albert Bourgi, n’a pas bougé d’un iota. Il reste cet ancien chef d’État persuadé d’avoir remporté l’élection présidentielle ivoirienne de 2010 et d’avoir été injustement châtié par la France. Mardi, l’ancien président ivoirien devrait pourtant officiellement endosser le statut d’accusé. Sauf nouveau report, la Cour pénale internationale va, en effet, décider de confirmer ou non les charges qui pèsent contre lui : celle de crimes contre l’humanité commis pendant la crise post-électorale de 2010 et qui ont fait 3.000 victimes.
Cette audience devrait ouvrir la voie à un procès qui s’annonce long et difficile. Le "boulanger d’Abidjan" s’y prépare activement. "Il est très combatif", assure Bourgi. "Très déterminé", abonde le Français Bernard Houdin, l’un de ses anciens conseillers personnels. Dans le "bureau" mis à sa disposition, une pièce avec quatre chaises et une table, il prépare sa défense. "Il veut que la vérité soit rétablie", explique sa nièce, Kady Bame. L’ancien président reçoit aussi beaucoup : "Pour le voir, il faut parfois patienter trois mois tant la liste des visiteurs est importante", explique son neveu Jo Mamadou. Albert Bourgi parle de milliers de coups de fil reçus en 2012.
Il perfectionne son anglais et prie
À sa nièce, Laurent Gbagbo a toutefois confié qu’il s’ennuyait. Alors, il lit, énormément, des romans et des ouvrages politiques. "Les gardiens se sont même plaints, sourit son neveu. Il n’y avait plus de place dans sa chambre." Ces mêmes gardiens qui lui donnent du "Monsieur le Président", selon un visiteur. Gbagbo perfectionne aussi son anglais, prie, appelle sa sœur. "C’est elle qui lui donne des nouvelles de la famille", explique sa nièce. Si Laurent Gbagbo aurait peu de rapports avec ses codétenus, il s’entend bien avec eux. Parmi ces derniers figure l’opposant et chef de milice congolais Jean-Pierre Bemba. Grâce à des relais au sein de la CPI, il s’arrangerait pour lui permettre de manger africain. Mais Laurent Gbagbo, qui s’est toujours perçu comme un intellectuel, rechigne à être mis dans le même panier.
"Il n’a pas de haine, pas de rancœur", selon son neveu. Mais Gbagbo ressasse le passé. À au moins deux de ses derniers visiteurs, il a confié qu’il aurait pu, quand il était président, "envoyer dix fois Alassane Ouattara [l’actuel chef d’État ivoirien] en prison". Gbagbo dit aussi qu’il pourrait être encore utile à la Côte d’Ivoire, travailler à la réconciliation nationale. D’ailleurs, il continue de rencontrer régulièrement les cadres de son parti, le Front populaire ivoirien. Au pays, ces derniers font en sorte que l’image de l’ancien président reste bien vivante. Hier, une manifestation de soutien s’est notamment déroulée à Yopougon, un quartier pro-Gbagbo d’Abidjan, avant d’être dispersée par les forces de l’ordre.
Antoine Malo
Cette audience devrait ouvrir la voie à un procès qui s’annonce long et difficile. Le "boulanger d’Abidjan" s’y prépare activement. "Il est très combatif", assure Bourgi. "Très déterminé", abonde le Français Bernard Houdin, l’un de ses anciens conseillers personnels. Dans le "bureau" mis à sa disposition, une pièce avec quatre chaises et une table, il prépare sa défense. "Il veut que la vérité soit rétablie", explique sa nièce, Kady Bame. L’ancien président reçoit aussi beaucoup : "Pour le voir, il faut parfois patienter trois mois tant la liste des visiteurs est importante", explique son neveu Jo Mamadou. Albert Bourgi parle de milliers de coups de fil reçus en 2012.
Il perfectionne son anglais et prie
À sa nièce, Laurent Gbagbo a toutefois confié qu’il s’ennuyait. Alors, il lit, énormément, des romans et des ouvrages politiques. "Les gardiens se sont même plaints, sourit son neveu. Il n’y avait plus de place dans sa chambre." Ces mêmes gardiens qui lui donnent du "Monsieur le Président", selon un visiteur. Gbagbo perfectionne aussi son anglais, prie, appelle sa sœur. "C’est elle qui lui donne des nouvelles de la famille", explique sa nièce. Si Laurent Gbagbo aurait peu de rapports avec ses codétenus, il s’entend bien avec eux. Parmi ces derniers figure l’opposant et chef de milice congolais Jean-Pierre Bemba. Grâce à des relais au sein de la CPI, il s’arrangerait pour lui permettre de manger africain. Mais Laurent Gbagbo, qui s’est toujours perçu comme un intellectuel, rechigne à être mis dans le même panier.
"Il n’a pas de haine, pas de rancœur", selon son neveu. Mais Gbagbo ressasse le passé. À au moins deux de ses derniers visiteurs, il a confié qu’il aurait pu, quand il était président, "envoyer dix fois Alassane Ouattara [l’actuel chef d’État ivoirien] en prison". Gbagbo dit aussi qu’il pourrait être encore utile à la Côte d’Ivoire, travailler à la réconciliation nationale. D’ailleurs, il continue de rencontrer régulièrement les cadres de son parti, le Front populaire ivoirien. Au pays, ces derniers font en sorte que l’image de l’ancien président reste bien vivante. Hier, une manifestation de soutien s’est notamment déroulée à Yopougon, un quartier pro-Gbagbo d’Abidjan, avant d’être dispersée par les forces de l’ordre.
Antoine Malo