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Politique Publié le mardi 19 février 2013 | L’intelligent d’Abidjan

Cour pénale internationale / Audience de confirmation de charges : Laurent Gbagbo peut-il s’en sortir ?

© L’intelligent d’Abidjan
La Haye : Laurent Gbagbo comparaît en direct a la CPI
Lundi 5 décembre 2011. La Haye, CPI (Pays-Bas)
Cette fois est la bonne. Après deux reports successifs, l’affaire Gbagbo contre le procureur va rentre dans une phase cruciale. Cet après-midi s’ouvre à mille lieues d’ici, à La Haye, l’audience de confirmation de charges à l’encontre de l’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo.

L’expression elle-même est un raccourci langagier. C’est in extenso : l’audience de confirmation ou d’infirmation des charges car l’un ou l’autre des événements peut se produire pour parler comme les mathématiciens probabilistes. C’est Laurent Gbagbo lui-même qui est l’auteur de la célèbre formule : «on peut quitter le pouvoir pour la prison comme on peut quitter la prison pour le pouvoir». Et ce jour qui commence est un grand jour dans la vie de cet homme qui continue de marquer (négativement ou positivement, c’est selon l’angle d’appréciation) l’histoire de son pays. Pour l’heure, le natif de Babré (Gagnoa) est détenu depuis le 29 novembre 2011, au centre de détention de Scheveningen, une banlieue de La Haye au Pays Bas. Son sort est loin d’être connu mais lui, se dit déterminé à faire face à la justice internationale. ‘’On ira jusqu’au bout’’, avait-il lâché le 5 décembre 2011 à l’audience de première comparution. Pour sa défense, une équipe d’avocats travaille depuis environ deux ans pour réunir des éléments à même de confondre le procureur. Ce collège d’avocats parmi lesquels des avocats ivoiriens dont Hervé Gouaméné, Serge Gbougnon, Dako Zahui, Agathe Baroan, tous coiffés par maître Emmanuel Altit, celui-là qui avait défendu les infirmières bulgares aux prises avec la justice libyenne sous le règne de Kadhafi. Emmanuel Altit s’est dit prêt à défendre son client et ce ne sont pas ses requêtes rejetées les unes après les autres par la Cour qui tiédiront son ardeur. Les victimes de leur côté, à défaut d’être présentes toutes, seront représentées par leur conseil. Elles sont moins de deux cents régulièrement enregistrées. Laurent Gbagbo est poursuivi pour quatre chefs d’inculpation les uns aussi corsés que les autres. crimes contre l’humanité, meurtre d’au moins 166 personnes, viol d’au moins 34 personnes, actes inhumains, persécution pour des motifs d’ordre politique, ethnique et religieux contre au moins 294 personnes. De coauteur indirect, il a été qualifié depuis le 24 janvier dernier dans le document de notification des charges présenté par Fatou Bensouda. De plus, depuis le 30 novembre 2012, les députés ivoiriens ont autorisé la ratification par le président de la République du statut de Rome qui institue la CPI. Bien entendu avec des réserves. Laurent Gbagbo peut-il s’en sortir ? A la question, l’un des cadres de son parti, le FPI, l’ancien ministre Michel Amani N’guessan se veut optimiste mais relativise. ‘’J’ai toujours pensé que c’est un procès politique. Il y a des intérêts à sauver et la CPI en a donné les preuves. Il s’agit de perpétuer la domination des plus forts sur les faibles. Vu sous cet angle je n’attends pas grand-chose de cette audience. Par contre si c’est le droit qui est dit, Gbagbo Laurent sera libéré. Mais face à tout ceci, je dis que pour mon pays c’est dommage !’’. Il faut attendre dans les trois mois qui suivent pour apprécier les propos du ministre Amani. Mais depuis le début de cette affaire, les partisans de Laurent Gbagbo font preuve d’ingéniosité pour soutenir leur champion. Ils sont les plus actifs, comparés aux victimes pro-Ouattara. Ils occupent les réseaux sociaux, mobilisent la diaspora ivoirienne, font du lobbying sur fonds de dénonciation de la CPI, accusée à tort ou à raison de partialité. Aujourd’hui encore, ils seront nombreux devant les lieux qui abritent l’audience. Ils viennent de tous les pays d’Europe. La CPI va-t-elle confirmer les charges et ouvrir ainsi les voies à un procès ? La réponse c’est dans trois mois à peu près. Trois cas existent dans lesquels la CPI a abandonné les poursuites suite à l’infirmation des charges. Un autre cas existe, celui de Jean Pierre Bemba pour lequel le procureur a requalifié les faits pour aboutir à la confirmation des charges. Dans quel cas sera le Woody de Mama ? Tout près n’est pas loin, dit-on à Abobo.

S.Debailly
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