La campagne est sournoise et surtout malsaine. Laurent Gbagbo, le chef de file des refondateurs incarcéré à La Haye, et ses partisans veulent de manière malicieuse se tailler une peau de victime dans l’affaire ‘’le procureur de la CPI contre Laurent Gbagbo’’. «Les forces françaises ont fait le travail (…) On ira jusqu’au bout», lançait le prisonnier lors de sa première comparution en décembre 2011. En effet, devenus amnésiques, les refondateurs au lieu de s’en prendre à leurs propres crimes commis dans l’optique de se maintenir de force au pouvoir malgré le refus du peuple clairement exprimé dans les urnes, trouvent des boucs-émissaires à leur malheur. La France et la communauté internationale, selon eux, sont derrière ‘’le complot’’ qui a abouti à l’arrestation de l’ancien président le 11 avril 2011. Cependant, il faut rafraichir la mémoire aux anciens dirigeants de la Côte d’Ivoire en expliquant que Laurent Gbagbo n’est pas une victime de blancs mais de sa politique meurtrière, violente qui a emporté de milliers et de milliers de personnes sur les bords de la lagune ébrié. En effet, en novembre 2010, les Ivoiriens sont à nouveau invités dans les urnes par la Commission électorale indépendante pour départager les deux candidats du deuxième tour de l’élection présidentielle. Le scrutin se déroule dans le calme et les résultats, selon la CEI et l’ONU (chargée de la certification) sont clairs. Le président sortant a lamentablement perdu la bataille électorale devant son rival, Alassane Ouattara. Mais Laurent Gbagbo refuse de reconnaître sa défaite et donc de céder le fauteuil présidentiel. Les nombreuses médiations engagées par les chefs d’Etats africains, l’Union Africaine, la CEDEAO, l’ONU pour le ramener à la raison n’ont pur rien changer dans sa posture de forcer le passage et de faire surtout couler le sang de manière abondante. La crise sanglante qui a résulté de son entêtement a fait officiellement 3000 morts. Pour la juguler, la communauté internationale n’a guère ménagé ses efforts. Tout a été tenté pour faire entendre raison à Laurent Gbagbo. Hélas, l’ancien homme fort d’Abidjan n’allait pas entendre raison, appliquant contre vents et marrée sa ‘’politique’’ de conservation du pouvoir dans le sang de ses opposants. Massacres, viols, vols, assassinats, tout y est passé. Au point que le président américain, Barack Obama a estimé devant le bombardement à l’arme lourde des femmes d’Abobo le 3 mars 2011, que le régime était atteint de faillite morale. Et l’Onu avait déjà prévenu : ‘’Les barbaries, les atrocités, les séquestrations et autres assassinats ne resteront pas impunis’’. Les refondateurs n’avaient pas d’oreille pour entendre cette menace. Bien au contraire, Laurent Gbagbo réunissait les généraux de l’armée ivoirienne pour lancer cette boutade «Si je tombe, vous tombez». Ainsi, il donnait carte blanche aux soldats qui lui étaient restés fidèles de tuer tous ceux qui n’étaient pas favorables à son projet de brigandage du pouvoir. Ce à quoi ces derniers se sont donné à c?ur joie, distribuant la mort comme de petits pains. Avec le soutien de miliciens et mercenaires, ils ont semé la tristesse, la désolation et la mort dans tout le pays durant toute la crise postélectorale. Aujourd’hui, devant la barre, Laurent Gbagbo, fidèle à sa réputation de boulanger tente d’enfariner tout le monde. Mais la mayonnaise, c’est certain, ne passera pas. Il est face à l’histoire, la sienne propre, qu’il a malheureusement écrite avec le sang des Ivoiriens. Il doit absolument répondre pour la manifestation de la vérité et de la justice.
Lacina Ouattara
Lacina Ouattara