Pendant son exil ghanéen, Blé Goudé, le leader du Cojep se permettait de dire qu’il serait «le dernier à quitter le Président Gbagbo». L’homme soutenait aussi qu’il rentrerait «dignement en Côte d’Ivoire». Qu’est-ce qui s’est passé pour qu’il rentre en Côte d’Ivoire par «la petite porte ?» C’est l’histoire qui le dira. Mais en attendant, sur le terrain politique ivoirien, la démarche du Cojep donne des sueurs froides à ses militants qui sont tous des jeunes «supplétifs» du Fpi qui se sont retrouvés dans cette organisation. Joël Poté, le président par intérim de cette organisation qui s’est muée en mouvement politique, et Blé Sépé, une autre tête dure et homme de main de Blé Goudé, sont, en tout cas, dans une logique qui sème le trouble parmi leurs propres militants. Au point d’irriter Gnamaka, le président des jeunes du Cojep. Tout a commencé après l’arrivée très suspecte de son leader, Blé Goudé, en Côte d’Ivoire. Lors de la conférence de presse qu’il donne au Baron de Yopougon pour produire une très molle protestation qui expliquait déjà tout en sous main, Joël Poté lâche le morceau. «La souveraineté a une histoire en Côte d’Ivoire; c’est Laurent Gbagbo. La souveraineté a un avenir en Côte d’Ivoire; c’est Blé Goudé», dit-il. Comme si cela était opportun ce jour-là. Mais le Cojep était dans sa logique parricide... Et c’est Blé Sépé qui après un rendez-vous bien arrangé avec le pouvoir, dévoile finalement tout, juste quelques jours avant le meeting réprimé de la Jfpi à la place Cp1de Yopougon à l’occasion d’une conférence de presse qu’il donne au Baron de Yopougon. Il demande ouvertement aux jeunes du Cojep de ne pas prendre part à ce meeting pourtant programmé pour exiger la libération du Président Gbagbo. Mais ce n’est pas tout. Blé Sépé entonne aussi le refrain du pouvoir en affirmant sans gêne que «c’est fini pour Gbagbo». C’est ce genre de discours que Hamed Bakayoko qui retient Blé Goudé en «résidence superbement protégée», dans un quartier chic d’Abidjan, voulait entendre de lui. Tout compte fait, la Jfpi n’en a pas fait un problème. Car le Cojep existe par rapport au Président Gbagbo. Le reste n’est que pure diversion. Tout le monde sait la chape de plomb qui s’est abattue sur le meeting que la Jfpi se proposait d’organiser le samedi 16 février 2013 à la place Cp1. Le rassemblement a été réprimé par les hommes du pouvoir. Un acte de barbarie que l’équipe dirigeante du Cojep devait en principe condamner. Mais que non. Au contraire, elle saute sur l’occasion pour clouer au pilori le Fpi dont le Cojep dit pourtant être l’allié. Voici le sms que Joël Poté, président par intérim du Cojep, envoie pour «mobiliser» ses troupes. «Camarade, pour toi et pour la Côte d’Ivoire, le Cojep et son président Charles Blé Goudé ont fait le choix de la réconciliation par un dialogue franc pouvoir-opposition plurielle. La loi d’amnistie générale ou la justice équitable ne s’obstiendra pas par la défiance, encore moins par la violence. Camarade, reste vigilant et à l’écoute de la direction du Cojep. Demain nous appartient». Voila qui est clair et qui explique sûrement pourquoi Blé Goudé est en Côte d’Ivoire. Tout compte fait, les mois à venir situeront les Ivoiriens sur cette affaire. On comprend pourquoi Yavo Martial, le premier président par intérim du Cojep et Youan Bi Agénor, un autre, bras droit de Blé Goudé sont depuis longtemps à la Maca. Naïvement, ils ne juraient que par Gbagbo, alors que tout l’entourage était dans un deal avec le pouvoir. Il fallait donc les extraire du lot. Ce qui a été fait.
Guehi Brence
Guehi Brence