La presse « officielle » hexagonale n’a malheureusement pas changé sa façon de s’asseoir en Côte d’Ivoire malgré le départ de Nicolas Sarkozy de l’Elysée. En effet, le confrère France 24 qui a choisi de s’engager dans la communication mensongère du régime en place, travaille à falsifier les faits quant à mobilisation des Ivoiriens en Côte d’Ivoire pour la libération de Gbagbo. Après avoir porté des œillères pour minimiser la portée du meeting de la Jfpi prévue le 16 février 2013 à la place Cpi et banalisé la répression qui s’est abattue sur les partisans de Gbagbo aux mains nue, le reporter de la « version télé de Rfi » se livre à des allégations tendancieuses au profit du régime. Au risque d’être ridicule. Le confrère, certainement en mission pour le pouvoir Ouattara, ignorant délibérément les enjeux juridiques du dossier, s’est limité à rappeler les charges qui ont grossièrement été montées contre l’accusé, sans chercher à en discerner les éléments constitutifs. C’est à peine si le confrère n’affirme pas de façon tranchée que « Gbagbo est coupable de crime ». Sans doute France 24 aurait-il voulu se trouver à la place des juges de la Cpi pour prononcer une condamnation à l’encontre du Président Laurent Gbagbo. Comment France 24, au début du complot avec la Cei en 2010 en Côte d’Ivoire, à Abidjan, à l’Hôtel du Golf, QG de campagne du candidat Ouattara, ne serait-il pas en bonne place à la fin de la cabale à La Haye, au moment où certain souhaitent la « guillotine » pour le prisonnier politique de Ouattara ? Celui que l’Elysée et l’Onu ont fait déporter à la Cpi. En rappelant les crimes que le président Gbagbo aurait commis, sans mentionner les crimes de Soro Guillaume, des ex-rebelles, des forces pro Ouattara devenues Frci, des Dozos, le cher confrère fait sans doute l’aveu du parti pris d’un média qui agit sur instruction de l’Elysée. Il faut comprendre Maureen Grisot, correspondante de France 24 en Côte d'Ivoire. En mission pour ses patrons, elle ne saurait se permettre d’être la mauvaise conscience des médias français en Côte d’Ivoire. La pauvre consœur ne pouvait pas se souvenir des atrocités perpétrées par le camp Ouattara. Mais passons. Pour nous intéresser au commentaire que celle-ci fait à propos de la popularité de Gbagbo en Côte d’Ivoire. Maureen Grisot prend le risque, le 19 février 2013, devant le monde entier, d’opérer une grave torsion du cou de la vérité en laissant entendre que « le Président Gbagbo a encore quelques partisans en Côte d’Ivoire ». Selon la Consœur, il ne resterait plus que « quelques partisans » à Laurent Gbagbo. Peut-être faut-il faire preuve ici d’indulgence pour considérer que la nouvelle venue est une observatrice naïve d’une scène politique qu’elle ne connaît pas, en plus d’être tenue par sa mission qui est de salir le Président Gbagbo pour faire le jeu du régime Ouattara pendant l’audience de confirmation des charges. Dans le but de desservir la cible. Maureen Grisot qui ne sait de la Côte d’Ivoire et de la crise ivoirienne que ce qu’elle distingue vaguement ne connaît pas ce pays. Elle n’a certainement pas les données qui auraient pu lui permettre de consolider son approche de la question. C’est pourquoi il faut l’aider en lui rappelant que Laurent Gbagbo (Lmp) a gagné le premier tour de l’élection présidentielle de 2010 avec 38,0% des suffrages exprimés, contre 32,3% pour le Rdr de Ouattara et 25,3% pour le Pdci de Bédié. Au second tour, le Président Gbagbo, malgré la fraude massive orchestrée par le Rdr avec la complicité de l’Onuci, en dépit des exactions sanglantes contre ses partisans au Nord de la Côte d’Ivoire aux mains des ex-rebelles, a obtenu, « 45,9% » des voix, si l’on s’en tient aux résultats contestés données au QG de campagne de Ouattara par la Cei sur France 24. C’est, selon la Cei, le score du Président Laurent Gbagbo, après que Bédié ait appelé ses militants à suivre l’actuel dictateur d’Abidjan et à le voter au second tour. La vérité est que le président Laurent Gbagbo est largement majoritaire en Côte d’Ivoire, devant un Ouattara minoritaire et impopulaire. Il faut aussi rappeler à Maureen Grisot que la preuve de l’impopularité de Ouattara a été faite lors des législatives qu’il a organisées aux forceps le 11 décembre 2011. Le taux de participation à ces élections auxquelles le Fpi n’a pas pris part s’est situé en deçà des 15 %. En fait, le taux « officielle » de 36% donné par le régime Ouattara relevait du tripatouillage des chiffres. Est-il encore besoin de rafraîchir la mémoire des uns et des autres en rappelant que France 24 a qualifié cet échec cuisant de « désert électoral » ? Les faits et les chiffres en journalisme sont sacrés. Leur respect fonde la crédibilité des écrits. Mais les commentaires sont libres. C’est pourquoi il faut comprendre que les envoyés de France 24 ne voient que « quelques partisans de Gbagbo » en Côte d’Ivoire. Souffrons qu’ils aient oublié ces meetings du Fpi qui ont été attaqués sous leurs yeux par les partisans armés du régime. Notamment le meeting de rentrée politique du Fpi le 21 janvier 2012 à la place Ficgayo à Yopougon au cours duquel deux militants de l’opposition ont été tués. Ce jour-là, la consœur de France 24 présente a été violentée par des Frci et des militants du Rdr armés encadrés par l’Onuci. Lors du meeting prévu par la Jfpi à la place Cp1 à Yopougon le 16 février 2013, elle n’a vu qu’ « une dizaine de manifestants » qui ont été « dispersés », selon elle. Il faut lui concéder d’avoir choisi les mots pour aider le régime en place à cacher le fait que cette manifestation pacifique a été « réprimée » à la suite d’une mesure illégale d’ « interdiction » prise par un maire intérimaire. Ce sont les « contraintes » de nos amis de France 24 en Côte d’Ivoire. Tout l’art réside dans le fait d’avoir des yeux pour ne pas voir. Maureen Grisot n’a-t-elle pas, à un point de presse, jugé « farfelue » la démarche des cadres Wê qui évoquaient les massacres de Nahibly et l’expropriation des populations de l’Ouest de leur patrimoine ?
K. Kouassi Maurice
K. Kouassi Maurice