« C’est un procès politique », s’est écrié hier, Me Emmanuel Altit, l’avocat de Laurent Gbagbo. Pour lui, les arguments exposés par la procureure au cours de la première journée de l’audience de confirmation des charges montrent que son client est victime d’un complot politique. "Le peuple ivoirien aurait mérité un autre procès qu'un procès politique, il aurait mérité que soit instruit le procès des vrais responsables de la destruction depuis une décennie du pays et la Cour aurait mérité de pouvoir se pencher sur ce qui s'est réellement passé en Côte d'Ivoire", a faussement déploré le conseil de Gbagbo. Pis, Me Altit évoque une vieille rengaine du camp Gbagbo. Un complot international ourdi par la France. « Il s’agit non seulement d’une affaire ivoirienne, mais aussi d’une affaire française », persifle-t-il. Pour lui, la procureure de la CPI, la juge Fatou Bensouda a monté un dossier sans tenir compte des faits antérieurs avant la période postélectorale et ne retenant que des faits qui l’arrangent. "Le dossier de l'accusation est parcellaire, lacunaire : la réalité des faits ne cadrant pas avec ses accusations, le procureur a dû en occulter quelques uns", a-t-il gratuitement accusé. Avant d’ajouter : « il n'y a nulle trace d'enquête, le procureur n'apporte aucun élément probant, il n'y a rien dans le dossier ». Ensuite, l’homme de droit revient sur la question des poursuites contre certains proches du président Ouattara qui auraient commis aussi des crimes au cours de la période. Hier, ce n’est pas l’avocat de la défense qui a parlé. Mais le militant Emmanuel Altit. L’avocat français est venu passer un message. Celui du FPI. La thèse du complot international contre Laurent Gbagbo, victime de la politique ‘’néocoloniale’’ de la France en Côte d’Ivoire. Un véritable délire qui n’est pas digne de l’avocat international qu’il est. Ce qu’on attend de Me Altit, c’est de démontrer argument contre argument que les faits reprochés à Laurent Gbagbo ne sont pas vrais. Et non dire à la Cour : « C’est vrai, mon client a tué. Mais il n’est pas le seul. Les proches du président Ouattara et la France aussi l’ont fait ». Me Altit raconte que les faits rapportés par la procureure de la CPI est « parcellaire », parce qu’il ne prend pas en compte les autres faits survenus au cours de la décennie de feu qu’a connue la Côte d’Ivoire de 2000 à 2011. L’avocat de Laurent Gbagbo feint d’ignorer que le procès en cours ne concerne que la période de la crise postélectorale. Mais on l’aura compris. Me Emmanuel Altit veut noyer le poisson. Car au fond, il est à court d’arguments dans ce procès où il sera difficile de défendre un Laurent Gbagbo contre qui l’Accusation a des preuves irréfutables.
Jean-Claude Coulibaly
Jean-Claude Coulibaly