C’est le Procureur de la Cour pénale internationale (Cpi) qui l’a affirmé le mardi 19 février, à l’ouverture de l’audience de confirmation des charges retenues contre l’ex-Président ivoirien Laurent Gbagbo: «M. Gbagbo est accusé, au titre de l’article 25‐3‐a du Statut, en tant que coauteur indirect, des crimes contre l’humanité suivants ou, subsidiairement, au titre de l’article 25‐3 d’avoir contribué à la commission de ces crimes, soit : le meurtre d’au moins 166 personnes, le viol d’au moins 34 femmes et jeunes filles et le fait d’avoir infligé à 94 personnes au moins des atteintes graves à l’intégrité physique et de grandes souffrances ou, à titre subsidiaire, d’avoir attenté à leur vie. En outre, M. Gbagbo doit répondre du crime contre l’humanité de persécution pour des motifs d’ordre politique, national, ethnique et religieux à l’encontre d’au moins 294 victimes.» Qu’en dites-vous M. le Grand Médiateur de la République, vous les leaders religieux ; mesdames et Messieurs les chefs de file des organisations nationales et internationales de défense des Droits de l’Homme ; M. le Représentant spécial du Secrétaire général de l’Onu ? Vous tous qui dites que seule la justice peut cimenter la cohésion sociale en Côte d’Ivoire, que pensez-vous de la déclaration de Fatou Bensouda ? Etes-vous d’accord que Gbagbo seul croupisse derrière les barreaux de la Cpi, et qu’il soit seul dans le box des accusés face aux juges, en vous fondant sur «les accusations et les fondements de la thèse de l’Accusation» ci-dessus énumérés ? Pour les Ivoiriens épris de justice et les observateurs de la question ivoirienne, il y a encore des criminels à Abidjan que la Cpi doit venir chercher. En effet, primo, les analystes de la crise ivoirienne estiment qu’il est malsain de circonscrire les faits incriminés dans un laps de temps, comme l’a fait O’ocampo, tout en sachant que des crimes contre l’humanité ont bien été commis avant et après cette période dont la définition n’est fondée sur aucun critère juridique. Secundo, bien de viols, meurtres, atteintes graves à l’intégrité physique et grandes souffrances, attentats à la vie, crimes contre l’humanité de persécution pour des motifs d’ordre politique, ethnique et religieux, etc., ont été commis par des militaires et autres Dozo aux ordres d’Alassane Ouattara et de Guillaume Soro. L’on cite à titre d’exemple, le cas de Martin Kouakou Fofié, un seigneur de la guerre, depuis longtemps soumis aux sanctions des Nations unies pour avoir massacré des rebelles dissidents en 2004, à Korhogo au Nord de la Côte d’Ivoire. Mais jamais inquiété. Sur ses ordres, des dizaines de partisans d’Ibrahim Coulibaly dit «IB», exécuté au lendemain de la prise du pouvoir par Ouattara, étaient morts étouffés dans des conteneurs entreposés en plein soleil. Autre client de la Cpi, aux états de service bien peu recommandables : Losseni Fofana, dit commandant Loss. Il était le Chef de la zone Ouest. C’est naturellement lui qui commandait les forces pro Ouattara à Duékoué, fin mars 2011, qui ont massacré plus de 800 Wê, selon le Comité international de la Croix-Rouge. N’oublions pas de sitôt le tristement célèbre commandant Chérif Ousmane et son acolyte Ousmane Coulibaly, dit Ben Laden. Ce sont eux qui ont «nettoyé» le quartier de Yopougon, après la chute du Président Gbagbo. La liste n’est pas exhaustive. Comment la Cpi peut-elle s’arc-bouter sur Laurent Gbagbo, alors que des seigneurs de guerre longtemps ciblés par les organisations internationales de défense des Droits de l’Homme, dont les rapports constituent l’essentiel des enquêtes de Moréno Ocampo, se la coulent à Abidjan. Certains étant mêmes bombardés au sommet de l’Etat. Pour services rendus. A Ouattara ! Si «M. Gbagbo est accusé, au titre de l’article 25‐3‐a du Statut, en tant que co-auteur indirect, des crimes contre l’humanité suivants ou, subsidiairement, au titre de l’article 25‐3 d’avoir contribué à la commission de ces crimes», et les autres ?
Barthélemy Téhin.
Barthélemy Téhin.