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Politique Publié le samedi 23 février 2013 | Notre Voie

Voici les accusations du procureur contre Gbagbo

© Notre Voie Par DR
CPI : La procureure Fatou Bensouda au procès de l’ex Président Laurent Gbagbo
Mardi 19 février 2013. La Haye. L’ancien président ivoirien comparait à la Cour pénale internationale (CPI), pour crime contre l’humanité. Photo : Fatou Bensouda, procureur de la CPI
L’accusation a achevé hier son exposé des motifs pour convaincre la Cour à confirmer les charges qu’elle a retenues à l’encontre du Président Gbagbo regroupées dans le document contenant les charges (DCC). Elle a renforcé les accusations contre l’ex-chef de l’Etat ivoirien en apportant de nouveaux éléments. L’adjoint de Fatou Bensouda a soutenu que le président Gbagbo a concocté un plan pour se maintenir au pouvoir contre vents et marrées à travers le massacre des populations civiles, de façon précise, les partisans d’Alassane Ouattara. Selon le bureau du procureur, c’est en éliminant physiquement les partisans de M. Ouattara que M. Gbagbo sauvegarderait le fauteuil présidentiel. Pour atteindre cet objectif, l’accusation parle d’un plan qui se déclinerait en six points, à savoir, la définition et l’adoption d’un plan commun, la création d’une structure, la fourniture des armes , la coordination et l’exécution du plan, le fait de donner des ordres et enfin, l’encouragement des subordonnés à commettre les exactions. Laurent Gbagbo aurait directement sous son contrôle l’organisation militaire. Le volet civil serait l’affaire de certains de ses proches, au nombre desquels Charles Blé Goudé qui aurait, selon l’accusation, pour mission d’organiser les civils. Il serait aidé dans sa tâche par Simone Gbagbo. Selon le procureur adjoint, c’est cette connexion qui a conduit Laurent Gbagbo à nommer Charles Blé Goudé, ministre de la jeunesse. « Le faisant, il a légitimé les jeunes patriotes », a-t-il relevé. Le collaborateur de Fatou Bensouda a présenté l’achat d’armes aux Forces de défenses et de sécurités (Fds) comme un fait s’inscrivant dans le plan de massacre des partisans d’Alassane Ouattara pour le maintien de Laurent Gbagbo au pouvoir. Autre élément soulevé, la présence d’armes au Palais présidentiel. Pour lui, le simple fait qu’il y ait des armes au palais présidentiel est la preuve que l’ancien chef de l’Etat ivoirien était dans une logique de massacre des populations civiles. L’accusation a soutenu que le Président Gbagbo était « le président et le chef des armées» prenant ainsi le contre-pied des allégations du camp Ouattara. Sur cette base, le bureau du procureur a affirmé que l’ancien chef de l’Etat ivoirien a coordonné tous les tueries. « Même s’il ne donnait pas des ordres explicites, il était au centre de toutes les décisions », dira-t-il. L’accusation a rapporté qu’il y a eu beaucoup de réunions pendant la crise postélectorale. Réunions avec les Fds, réunions politiques. Des rencontres qui, selon ses dires, ont contribué à la préparation et à l’exécution de ce qu’il a présenté comme « le plan commun ». Le Bureau du procureur a accusé Gbagbo d’avoir donné l’ordre de déployer l’armée pendant la crise. « Gbagbo voulait utiliser l’armée pour mettre fin à la violence. Il a réquisitionné les forces militaires pour réduire la violence », dira-t-il. L’adjoint de Fatou Bensouda a soutenu qu’après la proclamation les résultats de l’élection présidentielle, Laurent Gbagbo a donné des instructions pour que le Golf Hôtel, le QG de campagne d’Alassane Ouattara, soit assiégé afin d’empêcher ce dernier d’en sortir.
Evoquant les tueries d’Abobo, il a affirmé que pour le camp Gbagbo, les populations d’Abobo étaient toutes vues comme des ennemies. La deuxième raison avancée, c’est qu’ « Abobo, c’était Abidjan », dira le substitut du procureur. De sorte que pour avoir le contrôle d’Abidjan, poursuivra-t-il, Laurent Gbagbo devrait obligatoirement avoir le contrôle d’Abobo. D’où, l’acharnement du Président Gbagbo, selon lui, pour contrôler la situation.
L’exposé des faits a suscité deux réactions auprès des juges. L’une relative à l’organisation de la structure commise pour l’exécution du plan. La juge a demandé des précisions par rapport à la nomenclature de l’organigramme. Elle a souligné que dans l’exposé tantôt le procureur adjoint soutient que les mercenaires et miliciens sont intégrés aux Fds, tantôt il soutient qu’ils sont directement liés à Gbagbo. Aussi a-t-elle demandé des clarifications. Visiblement embarrassé par cette question pertinente, le représentant de Fatou Bensouda a promis de donner la réponse par écrit plus tard.

César Ebrokié
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