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Politique Publié le lundi 25 février 2013 | L’intelligent d’Abidjan

La présidentielle de 2015 se joue déjà à la Haye ou les vraies leçons au-delà de Laurent Gbagbo

© L’intelligent d’Abidjan Par DR
CPI : des centaines de manifestants à La Haye pour l`audience de Gbagbo
Ce qui a lieu en ce moment à la Haye, ce n’est pas seulement le débat soulevé par la défense de l’ex-Président Laurent Gbagbo, sur le vrai vainqueur de l’élection présidentielle de 2010 (encore que cela ne va rien changer, et ne permettra pas à Laurent Gbagbo de redevenir chef de l’Etat à la place du Président Alassane Ouattara). Ce qui a lieu, c’est aussi et surtout déjà le débat sur celui qui va et peut gagner l’élection présidentielle de 2015, ou à venir. Laurent Gbagbo a pu perdre en 2010, entre autres raisons, parce que le Rdr et le Pdci officiels lui ont reproché de n’avoir pas suffisamment réconcilié, de n’avoir pas cru lui-même a l’accord de Ouaga, dont il a pris à partie, et sans aucun état d’âme, les cosignataires issus des forces nouvelles. Et oui, on a vu ses spots et ses discours de campagne, pointer du doigt et montrer les méfaits de la rébellion des Forces nouvelles, dont le chef était pourtant son Premier ministre. Même si, ensuite, Laurent Gbagbo avait téléphoné à Guillaume Soro, pour atténuer et apaiser, en disant que ce n’est pas personnellement lui qu’il vise, le malaise ainsi créé a pu faire peur, et faire perdre quelques voix précieuses. Laurent Gbagbo a été accusé par ses adversaires, tout comme par des observateurs locaux, et extérieurs, d’avoir mené une campagne trop "nationaliste, et droitière" aux antipodes d’un homme de gauche. Laurent Gbagbo fustigeait les candidats de l’étranger, lui qui était pourtant l’homme de la paix et de l’accord de Ouaga, signé à l’étranger, chez l’étranger. Au cours et à l’issue de la campagne électorale , le candidat transnational, qui rassemblait, au-delà de son groupe ethnique, des voix dans plusieurs contrées du pays, est alors apparu aux yeux de certains, comme moins rassembleur, moins protecteur pour tous les Ivoiriens, que son challenger Alassane Ouattara , qui, avec ses "solutions" et son discours du ‘‘vivre ensemble", a su séduire, et, est parvenu, grâce au soutien déterminant de Bédié et du Pdci, a se faire percevoir, comme un homme de rassemblement et, comme l’homme de la situation. Si Laurent Gbagbo a pu perdre, parce qu’il fut perçu, comme ayant gouverné pour l’intérêt des siens seuls, pour son seul clan, le même sentiment à l’égard des autorités actuelles, même si cela peut être à tort, ne peut-il pas avoir le même effet ? Le meilleur spécialiste en communication peut-il renverser les tendances, quand une politique n’est pas bonne? Durant la crise, des partisans de Laurent Gbagbo disaient que leur camp souffrait d’un manque de communication, ou plutôt d’une mauvaise communication. Pourtant la communication se faisait. Les voix pro-Gbagbo se faisaient entendre sur les mêmes médias où Alassane Ouattara et ses partisans passaient. De plus, la RTI était là, et il y avait encore des pays amis, alliés ou pas hostiles à Laurent Gbagbo. Le fond du problème était que, pour beaucoup de gens, le discours, la posture et la politique de Laurent Gbagbo n’étaient pas audibles. Et ils refusaient de se laisser convaincre. Si les mêmes observateurs finissent par avoir le sentiment que la même politique continue, il peut arriver que les autorités actuelles soient à leur tour, victimes du syndrome Laurent Gbagbo. Ce qui est inquiétant, c’est que personne ne semble prêt à reconnaître sa part d’erreur d’appréciation et de faute. On file tout droit vers la prochaine élection présidentielle, en avançant tout droit la tête dans le mur. A coup sûr, la tournure et la suite des événements à la CPI vont déterminer la position du Fpi, à cette élection à venir. A défaut d’obtenir le retour, la présence (sans forcément sa participation à d’autres élections) de Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire, ou sa remise en liberté négociée ailleurs, le FPI aura-t-il d’autre choix que de jouer à nouveau le Tout Sauf Ouattara( TSO) de l’an 2000, qui avait réussi à Laurent Gbagbo, parce que Robert Guéi, espérait en tirer profit. A cette époque, quand la candidature aux législatives du Président Alassane Ouattara avait été rejetée, le Rdr avait indiqué que cela ne servait à rien, puisque, même si c’est un mouton qui était présenté comme candidat par Ouattara et le Rdr, ce mouton-la serait élu. Cela visait tout simplement à dire que les populations de la région étaient en phase avec le président du Rdr. En 2015, si la présidentielle a lieu à cette date, les militants du Fpi et tous les partisans de Laurent Gbagbo, auront le choix entre un boycott radical et sans concession, qui laissera le champ libre au Président sortant d’une part; et d’autre part un soutien massif et discipliné en faveur du meilleur profil parmi les adversaires du Président Ouattara. Selon des analystes du Fpi, à défaut d’être issu du Fpi même , un Président de la République (non issu du Rhdp) et, élu de façon démocratique, grâce aux voix et au soutien de Laurent Gbagbo, ( comme par exemple Macky Sall avec ses alliés au Sénégal), pourrait avoir une attitude plus flexible, plus compréhensive et moins rigide à l’égard de l’ancien parti au pouvoir. En clair, l’élection présidentielle de 2015 se joue déjà sous nos yeux, à la Haye. L’intérêt des Ivoiriens et des observateurs pour ce procès, pour la lutte contre l’impunité et en faveur d’une justice pour tous, montre bien, que le choix des électeurs ne se fera pas seulement en fonction des facteurs de bien-être matériel et social (l’eau, l’électricité, les hôpitaux, les routes, les écoles, les salaires, le pouvoir d’achat, l’emploi) mais aussi sur la capacité du leader à rassembler, et à garantir le vivre ensemble, sans protéger plus que de besoin un groupe. L’exemple du Sénégal est bien là, pour montrer que, malgré le bilan du Président Abdoulaye Wade en matière d’infrastructures et d’initiatives pour le développement et des solutions aux problèmes d’électricité, les Sénégalais ont choisi le changement, en s’en tenant aux principes et à des facteurs pas liés, aux préoccupations d’ordre matériel. On aime bien dire en Côte d’Ivoire, que l’Ivoirien aime l’argent et que si ou lui donne ¨à manger, il accepte tout. Et on affirme que c’est la pauvreté, les difficultés, le chômage qui ont poussé les jeunes, les étudiants, les travailleurs et des populations dans les rues, contre Houphouët-Boigny, en 1990. Sur cette base, certains observateurs estiment qu’il suffit que le Président Ouattara tienne ses promesses, pour apaiser les cœurs et faire oublier les griefs contre lui. Toutefois, ce pari risqué est mis en doute, par certains partenaires au développement, qui ont insisté sur la problématique de la réconciliation. En tout état de cause, que ce soit à la Haye-CPI, ou en Côte d’Ivoire, les questions et tous les contentieux liés, à la crise postélectorale, doivent être vidés longtemps avant l’année 2015, ou avant l’année de l’élection présidentielle , pour éviter que pendant qu’on prépare une nouvelle élection, les problèmes de l’élection précédente, soient à nouveau évoqués et surtout soient placés au cœur de la campagne électorale. La Côte d’Ivoire qui a accepté d’affronter son histoire, devra bien accepter également un jour, de tourner la page. Autrement dans cinq ans, dans dix ans ou même plus, de nouveaux tenants du pouvoir seront obligés de réparer encore des torts, et de mettre à la disposition de la justice locale ou internationale, d’autres acteurs et responsables présumés des décennies macabres de notre histoire. Sur ce plan, la Cour pénale internationale a un grand rôle à jouer, pour aider les Ivoiriens au pardon et à la réconciliation. En vérité, la Cpi est une sorte de cour spéciale créée pour juger les auteurs d’exactions et d’infractions jugées graves et ne pouvant toutefois, répondre devant des juridictions locales. La Cpi ne juge pas et ne connaît pas des affaires civiles, commerciales et pénales d’un tribunal normal. A la Cpi, on ne juge pas les braqueurs, les vendeurs de drogue, les auteurs d’homicide volontaire ou non, et des meurtriers existant dans toutes les sociétés. Parce qu’elle vise essentiellement les conséquences des actes politiques, et les auteurs de maltraitance liée à des abus politiques, la Cpi demeure forcément une juridiction a d’hoc, à caractère politique, mais qui reste fondée sur le droit, la justice et l’équité. A travers le cas Laurent Gbagbo, la Cpi devrait pouvoir rester fidèle à sa vocation d’intégrité et d’équité. Autant la justice normale, même si elle doit faire son travail, ne peut souhaiter qu’il y ait toujours des délits, des crimes et ni des infractions; autant la Cpi, dont la vocation est de faire peur et de prévenir les crimes et non de les laisser absolument survenir, pour ensuite les juges ; doit se demander pourquoi, la peur du gendarme-Cpi, n’a pas pu rendre sage Laurent Gbagbo ni d’autres avant lui, en Côte d’Ivoire. Pourquoi la peur du "gendarme-Cpi", n’a pas été le commencement de la sagesse, et n’a pas humanisé la crise au Kenya, en Lybie, au point de faire de Robert Mugabé presqu’un ange ? Toutes ces préoccupations soulevées, ainsi que les risques sociaux et politiques encourus par lui-même, dans la coopération avec la Cpi, amènent à ne point blâmer Alassane Ouattara. Le Président ivoirien a souhaité qu’on affronte et qu’on révisite notre histoire. Il a expliqué que le déballage en cours à la Haye, aurait eu bien de mal à se faire ici en Côte d’Ivoire. La justice ivoirienne se serait-elle montrée clémente, que les victimes auraient pu crier au deal et au complot du pouvoir avec Laurent Gbagbo, au nom de la paix et de la réconciliation, notions qui conduisent toujours à la promotion de l’impunité. Dans le cas contraire, que n’aurait-on pas entendu sur les abus de la justice des vainqueurs. Le seul reproche à faire non au Président Ouattara, mais plutôt à certains de ses partisans, est cette propension irrésistible de refuser de considérer la présomption d’innocence au profit de Laurent Gbagbo et surtout leur volonté de s’interdire d’admettre, que sa libération peut être une option, une possibilité à ne pas exclure. Ces personnes font comme si ce serait un drame pour eux, et une défaite personnelle pour le pouvoir ivoirien, que par exemple, les charges ne soient pas confirmées. Si on peut reprocher aux pro-Gbagbo de refuser absolument d’admettre qu’il y’a eu des exactions, sans avoir besoin de les justifier, par les exactions et les infractions commises par d’autres, les partisans du pouvoir ivoirien, méritent pour leur part, d’être vivement interpelés sur les dangers d’une partialité absolue et radicale dans la revisitation, en cours de notre histoire. Notre histoire, et celles de tous les morts, de tous les blessés et disparus, ne peuvent être observées du petit bout, pour ne pas dire d’un seul bout, de la lorgnette. Sachons lire les signes, sachons tirer les leçons du passé, car 2015 n’est pas loin. Nous y arriverons forcément. Pour ceux qui auront la chance d’être encore en vie. Qu’Allah veille sur nous!
Par Charles Kouassi
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