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Politique Publié le lundi 25 février 2013 | Le Temps

Pendant que Ouattara empêche les Ivoiriens de voir le procès de Gbagbo : Le monde entier découvre les horreurs du régime

Que veut encore cacher Alassane Ouattara au monde? Rien. Sinon certainement le déroulé du procès de confirmation des charges contre l’ancien Président Laurent Gbagbo. Procès qui se tient depuis le 19 février 2013 à La Haye. L’éclat des révélations faites par la coriace défense, l’impact des débats présentés au premier jour du procès sur la télévision Africa 24, ont secoué le régime ivoirien et ses soutiens étrangers. Qui ont vite pris conscience qu’il faut immédiatement prendre des mesures vigoureuses pour circonscrire les dégâts d’un procès qui risque de devenir très rapidement, celui d’Alassane Ouattara, au pouvoir depuis le 11 avril 2011. Le réseau des impérialistes, partisan du nouvel ordre mondial, entre alors en branle et, sous la pression, sans le clamer, Africa 24 abandonne son programme de communication sur ce procès de début du siècle. Le pouvoir ivoirien et ses parrains tentent de verrouiller même l’Internet afin que les images du procès n’illuminent les cœurs et n’éclairent les consciences à travers le monde, sur ce qui s’est réellement passé en Côte d’Ivoire depuis plus d’une décennie. Mais les débats à la Cpi, au cours de cette audience, sont publics. La presse et les observateurs y sont agglutinés pour informer leurs lecteurs et opinions. Or, la défense de Laurent Gbagbo, dirigée par Me Altit, a le verbe haut, l’esprit vif et incisif et une claire conscience de sa mission. Elle fait montre d’une parfaite maîtrise du dossier au point d’en remontrer en public des dessous, des aspérités véritablement les plus mordantes pour le peuple de Côte d’Ivoire, à l’accusation parfois dans le désarroi d’une révélation déstabilisatrice. C’est de là que prend naissance la panique du pouvoir d’Abidjan qui, sans qu’on ne lui ait demandé son avis, s’est précipité à clamer dans une sorte de sanglot : «nous sommes sereins».

Curieuse sérénité ! Ouattara et son régime espéraient, en poussant de toute leur haine Laurent Gbagbo à la Cpi, passer leurs crimes de tout genre en pertes et profits, et maintenir l’opinion internationale dans les contrevérités. Mais voilà que la tribune où ils ont précipité cet homme, pour le disqualifier à tout jamais, est devenue celle où se tient leur propre procès, où personne ne peut fermer la bouche à personne. L’information est donc diffusée quoi qu’on fasse, Internet jouant sa part.

Mais alors que l’occasion est rêvée pour Ouattara de montrer que son adversaire le plus juré, Gbagbo, mérite d’être là où il se trouve, il censure la télévision ivoirienne. Aucune retransmission sur le procès, aucun débat en direct ou même en différé sur le sujet d’actualité. La Rti, faute de se montrer professionnelle, a choisi de répéter que le Procureur de la Cpi donne ses arguments pour confirmer les charges contre l’accusé. Or, en son temps, lorsque Ouattara avait monté ses officines de communication pour discréditer le régime de Laurent Gbagbo, ce dernier n’avait pas choisi de priver les Ivoiriens de l’information. Il a fait passer à la télévision le film documentaire « Poudrière identitaire » du Belge Bernard Shoeur. Un film incendiaire que ses détracteurs ont utilisé, projeté au Nord de la Côte d’Ivoire, au Burkina Faso, au Mali, dans l’ensemble des pays de la Cedeao pour légitimer leur rébellion. Gbagbo a décidé : «Au lieu de vous cacher pour visionner ce film, le voilà, regardez-le tous, et débattez !» Et la projection de ce film pro-Ouattara a été suivie d’un débat contradictoire, en direct à la Rti, entre intellectuels de tous bords, dont les représentants du Rdr d’Alassane Ouattara. Mais le régime d’Abidjan n’a pas cette hauteur de vue. Il veut que les Ivoiriens ne sachent rien de ce qui se passe à La Haye. Or, les Ivoiriens, connaissent déjà l’histoire de leur pays, celle de l’ex-rébellion conduite par Soro Guillaume et celle d’Alassane Ouattara. Ils n’ont rien à apprendre sur ces dossiers.

Ceux qui ont donc besoin d’être informés, c’est le reste du monde, qui, pendant longtemps, a été intoxiqué par les officines de propagande et de communication de Ouattara. Et c’est ceux-là qui s’abreuvent en ce moment à la source des débats à la Cpi. Que Ouattara dresse donc un rideau entre la salle d’audience de la Cpi et la Côte d’Ivoire, cela n’a aucune espèce d’importance. Parce que l’opinion qui est servie, hors du pays, est celle qui reste à connaître la vérité. Et comme la vérité affranchit, la vraie communauté internationale sera délivrée du tissu de contrevérité qui justifie l’imposture de l’ex-rébellion ivoirienne. On ne peut cacher le soleil avec la main. Les enjeux du procès de confirmation des charges contre Laurent Gbagbo sont d’ordre mondial. C’est l’avenir de la Cpi même, en tant qu’instrument de domination des impérialistes, prédateurs de nos économies, qui se joue. La Cpi est la «justice des vainqueurs» de la guerre de 1939-45. Mise en place par les Nations-Unies, création des alliés vainqueurs d’une guerre fort meurtrière, la Cpi joue son rôle, comme la justice ivoirienne condamne uniquement les pro-Gbagbo qui ont perdu la guerre postélectorale de 2010-2011. Ces mêmes alliés de la guerre de 1939-45 ayant pris soin de ne pas ratifier les textes de la Cpi et la reconnaître, sont à l’abri de ses poursuites, destinées exclusivement autres pays, notamment africains. Pourtant ce que la Cpi et ses parrains font croire, c’est qu’elle est une justice internationale impartiale, équitable. Elle ne joue pas franc-joue pour que l’opinion sache à qui et à quoi elle a affaire. C’est ce jeu, cette duplicité, qui est en train de voler en éclats avec cette audience de confirmation des charges contre l’ancien Président ivoirien, où ma vérité est célébrée par la défense. La légèreté des arguments de l’accusation et sa fragrante partialité dans le dossier du conflit ivoirien, risque donc de provoquer la ruine de l’institution ainsi mise à nu. Au regard du bouleversement qui s’y opère, dans la révolte et la prise de conscience de certains juges, au vu de l’animation jamais recueillie par un détenu de cette juridiction internationale, à la lumière des critiques acerbes et des appels à ne plus considérer la Cpi dressée pour briser les souverainistes africains, il est clair que le dossier Gbagbo risque d’emporter cette juridiction. A quoi sert-il à Ouattara de priver les Ivoiriens de la reformulation de l’information qu’ils savent déjà, alors que le monde entier qu’il voulait tromper découvre la réalité du conflit ivoirien ? A quoi ?

Germain Séhoué
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