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Politique Publié le lundi 25 février 2013 | Le Temps

4e jour d’audience à la Cpi : La mascarade électorale de 2010 mise à nu

© Le Temps Par DR
CPI : l’ex Président Laurent Gbagbo devant les juges
Mardi 19 février 2013. La Haye. L’ancien président ivoirien comparait à la Cour pénale internationale (CPI), pour crime contre l’humanité.
Juste avant la pause de 30 mn observée lors du quatrième jour de l’audience, la brillante avocate de la Défense, Jennifer Naouri, a continué sa démonstration. Consistant à dévoiler comment les ex-rebelles alliés de Ouattara ont pu se surarmer et aider leur mentor pendant les élections d’octobre 2010 contre le Président Gbagbo. Grâce à des extorsions de fonds, aux vols des productions de cacao, café de l’or et du diamant, les ex-rebelles se sont massivement enrichis, explique en substance aux juges de la Cpi l’avocate Naouri. Par ces détournements de productions minières et agricoles, le Burkina Faso base arrière des hommes de Ouattara est subitement devenu producteur de cacao. «Koné Zakaria a mis la main sur une mine de diamants, qu’il écoule au Mali et en Guinée. Ce, en dépit de l’embargo de l’Onu et du processus de Kimberley. Ce sont des diamants de sang qu’il vend à ces pays», dénonce la défense. D’ailleurs, elle prend à témoin un article du journal français le Monde qui apprend que l’argent de la vente de ces pierres précieuses, est transféré au Burkina Faso, au Mali ou dans les paradis fiscaux en Europe. La jeune avocate a prouvé comment les pays étrangers dont la France, le Mali et le Burkina Faso, ont soutenu en armement et en formation, les ex-rebelles. «Ils ont été entraînés et équipés au Burkina et au Mali. La France leur a fourni des armes en quantité. Des véhicules français ont été transférés aux ex-rebelles en 2008 et 2009. Shérif Ousmane a reçu du matériel de la France à maintes reprises», assène la défense. Le soutien flagrant de la France à l’ex-rébellion est prouvé par le témoin P2. Qui racontera qu’en 2005, c’est bien la France qui arme les rebelles et ce jusqu’en 2008.

Quand la Procureur Bensouda tente de falsifier l’histoire de la Côte d’Ivoire

A la reprise de l’audience ce vendredi 22 février 2013, Jennifer Naouri s’attaque au Procureur qui tente de falsifier l’histoire de la Côte d’Ivoire. «Le Procureur en restant flou sur l’organisation des Fn, ignore qu’il existe bel et bien un groupe d’individus qui terrorisait la population, bien avant et bien après les élections de 2010». Pour bien confondre l’accusation, la défense prend au mot le procureur qui dans sa déclaration liminaire du 19 février 2013, soutient que les Fn ont été rebaptisés Frci. C’est une manière selon Jennifer Naouri de corrompre les faits pourtant têtus dans histoire. «Gbagbo n’a cessé de tendre la main à ses opposants», insiste la brillante avocate. Elle a battu en brèche les élucubrations de l’accusation qui tente de faire croire que le Président Gbagbo a réuni les moyens et les conditions pour ne pas quitter le pouvoir quelle que soit l’issue des élections présidentielles. C’est avec aisance que la défense évoque la longue liste des accords de paix signés par le Président Gbagbo depuis Lomé, Ouagadougou en passant par Marcoussis, Accra, Pretoria etc. Malheureusement, les nombreux efforts de paix du Président Gbagbo sont noyés par l’intransigeance de l’ex-rébellion qui, dans sa logique de saboter le processus de paix, n’a jamais voulu déposer les armes. Et ce, en dépit de la main tendue avec sincérité du Président Laurent Gbagbo. Comme témoin, la défense cite celui du Procureur en l’occurrence P44. Il confirme que les ex-rebelles n’ont jamais exprimé leur volonté de désarmer. Ce dernier ajoute que la flamme de paix organisée en juillet 2007 à Bouaké n’était qu’un leurre. Ils ont refusé de déposer les armes. Dans ces conditions, normalement des élections ne peuvent se tenir, explique la défense. Malgré ces blocages importants, le Président Gbagbo va encore se faire violence pour organiser l’élection présidentielle. Cette décision lui a valu des critiques acerbes de la part de ses partisans et non des moindres.

«Le Président Gbagbo a tout cédé. Il a même fait de Soro, le chef des ex- rebelles, Premier ministre…».

Tout ceci, pour démontrer aux juges que si le Président Gbagbo voulait se maintenir au pouvoir, il n’allait pas organiser les élections avec ses ennemis armés jusqu’aux dents dans la moitié du pays. «Le Président Gbagbo a tout cédé. Il a même fait de Soro le chef des ex-rebelles, Premier ministre. La Cei dans tous ses démembrements, était à majorité composée des membres de l’opposition», révèle Jennifer Naouri. La défense diffuse à propos, une vidéo dans laquelle, l’ancien Président sud africain, Thabo Mbeki affirme que les conditions n’étaient pas réunies pour l’organisation des élections en Côte d’Ivoire. «Malgré cela et sous la pression de la Communauté internationale, Gbagbo a organisé les élections» précise la Défense. Pour la gouverne du Procureur et pour éclairer l’esprit des juges, la défense indique que tous les officiers gradés en décembre 2010 étaient déjà des officiers supérieurs. Il n’y a donc pas eu, comme veut insinuer l’accusation, des promotions avant novembre 2010 dans l’armée.

Fraudes massives dans le Nord du pays aux mains des hommes de Ouattara

Abordant toujours la question centrale des élections présidentielles, l’avocate va étaler les fraudes massives qui ont eu lieu dans le nord du pays aux mains des hommes de Ouattara.

Ces propos sont bien étayés par les différents rapports des organisations d’observateurs africains et européens, qui ont été témoins de la tricherie du Rdr. Là-dessus, une vidéo est projetée dans la salle pour appuyer les dires de la défense. Il s’agit de celle relative à la conférence de presse de l’ancien Premier ministre togolais, Joseph Koffigoh, alors président de la Mission d’observation de l’Union africaine pour ces élections qui a dénoncé les fraudes massives dans le nord. Non sans oublier les menaces de mort réelles qui planaient sur les représentants du Président Gbagbo dans les bureaux de vote. Selon la Constitution ivoirienne et la loi portant création de la Commission électorale indépendante (Cei), la défense apprend aux juges qu’en Côte d’Ivoire, en matière de proclamation des résultats des élections, il ne revient pas à la Cei de déclarer un candidat vainqueur des élections, mais au Conseil Constitutionnel. La Cei ne fait que proclamer des résultats provisoires. Et le président de la Cei a trois jours francs pour le faire. Passés ces trois jours, la Cei est forclose. D’ailleurs, une vidéo projetée par la défense, présente Youssouf Bakayoko interrogé par une journaliste de la Rti. Il avait soutenu, le mercredi 1er décembre 2010, qu’il n’était pas encore minuit pour que son institution soit forclose dans l’annonce des résultats provisoires au second tour de la présidentielle. Constatant cette situation, le Conseil constitutionnel va déclarer le jeudi 2 décembre 2010, le Président Laurent Gbagbo vainqueur des élections présidentielles au second tour. Il va alors prêter serment le vendredi 4 décembre 2010. Sinon, à en croire la défense, la proclamation des résultats provisoires par Youssouf Bakayoko tout seul au Quartier général de campagne de Ouattara (vidéo relative au reportage de la journaliste Tatiana Moussot de France 24 qui parle de scénario incroyable, parce que logiquement, c’est à la Cei que ces résultats devaient être proclamés en présence des membres de la commission centrale) et la validation de ces résultats provisoires (en violation d’une résolution du Conseil de sécurité) par le Coréen Choi, à ce moment représentant spécial du secrétaire général de l’Onu en Côte d’Ivoire, la prestation de serment de Ouattara, font partie de la mascarade électorale préparée depuis belle lurette par la Communauté internationale. Avec pour chef de file et metteur en scène Nicolas Sarkozy. Rien que pour chasser le Président Gbagbo du pouvoir par tous les moyens. «Le procureur en ignorant tous ces faits, déforme les faits juridiques» conclut alors Jennifer Naouri au nom de la vérité et de l’Histoire.

Fabrice Tété
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