“Je reconnais les charges retenues contre mon client. Mais voici le contexte et les circonstances qui l’ont amené à prendre la décision de s’accrocher au pouvoir par tous les moyens avec son cortège de morts et de violations graves et massives de la dignité humaine en Côte d’Ivoire’’. On peut ainsi caricaturer la ligne de défense adoptée par Me Altit Emmanuel et son équipe dans leur exercice épineux de s’attaquer au dossier en béton de la procureure de la Cour pénale internationale, Fatou Bensouda. En effet, au quatrième jour de l’audience de confirmation des charges, la parole a été donnée vendredi dernier aux défenseurs de l’ancien président pour répliquer aux preuves tangibles et irréfutables présentées par l’accusation relatives à la commission de crimes pendant la crise postélectorale en Côte d’Ivoire sous la supervision de l’ex-locataire du palais présidentiel du Plateau. Alors qu’on l’attendait sur le terrain de faits décrits avec précision par l’accusation, la défense s’est carrément mise hors contexte. Démontrant du coup qu’elle n’a rien à proposer aux juges pour prouver l’innocence de son client. En manque d’éléments contradictoires aux charges de l’accusation, Me Altit Emmanuel a choisi visiblement la voie de donner des explications aux crimes perpétrés par Laurent Gbagbo et son entourage immédiat par la mise en ?uvre du ‘’plan commun’’ de conservation du pouvoir après la défaite dans les urnes. Pour cela, il a jugé utile de remonter le cours de l’histoire récente de la Côte d’Ivoire, pour dit-il, permettre ‘’aux juges de comprendre ce qui s’est passé après l’élection présidentielle de 2010’’. Voici ce qui est clair comme de l’eau de roche. La défense de Laurent Gbagbo, au lieu de contrarier les arguments du procureur cherche à expliquer les crimes et autres bestialités de l’ancien régime d’Abidjan. Dans son récit sélectif et surtout amputé des évènements qui ont marqué la marche de l’histoire ivoirienne et qui accablent son client, la défense a tenté, en outre, de distraire la cour. Mais la réalité est là et implacable. Elle a étalé son incapacité à démontrer le contraire des thèses de l’accusation. Dans ces conditions, le chemin de l’excuse semble être le mieux indiqué pour l’équipe de Me Altit pour espérer certainement des circonstances atténuantes pour le suspect. Or, il y a un langage qui dit : ‘’qui s’excuse, s’accuse’’. En voulant expliquer les crimes de son client, la défense implicitement l’accuse d’être l’auteur, comme le soutient mordicus le bureau du procureur, des crimes, des violations graves des droits de l’homme par la machine à tuer des frontistes. Me Altit a-t-il compris que les carottes, devant la pertinence des preuves brandies par l’accusation, sont cuites pour son client? Tout porte à le croire. Sinon comment comprendre qu’il laisse de coté les faits pour lesquels Laurent Gbagbo est poursuivi pour s’accrocher au passé qu’il décrit d’ailleurs avec complaisance et parti pris. L’entame de la défense déjà basé sur le faux, il est tout à fait évident que la défense continuera sur sa lancée en incriminant la France, l’Onu, l’ex-rébellion et la pouvoir actuel pour justifier les tueries de l’ancien régime. De toutes les façons, elle dira au terme de l’audience, en cas de confirmation des charges, que son client est victime d’un complot politique ourdi par la communauté internationale. Le refrain est connu et ne changera pas.
Lacina Ouattara
Lacina Ouattara