Aller en rangs serrés aux élections régionales. C’est le souhait de la conférence des présidents du Rassemblement des Houphouétistes pour le Développement et la Paix. Mais les choses ne sont pas si simples que cela. Car depuis un certain moment, la tournure des événements fait craindre un échec dans le choix des têtes de liste RHDP à ces élections régionales. Face aux premières hésitations, qui au fond ne sont que la manifestation de la vitalité de l’Alliance des Houphouétistes, certains ont déjà commencé à annoncer la mort prochaine du RHDP. D’autres vont plus loin en prédisant un clash irréversible, qui risquerait d’avoir des conséquences graves sur la prochaine élection présidentielle en 2015. Mais le penser, c’est mal connaitre l’esprit du mouvement qui a porté le président Alassane Ouattara au pouvoir en 2010. Il est vrai que le choc des ambitions parfois assez exacerbé, laisse entrevoir le pire. Mais il faut rappeler à tous les sceptiques et oiseaux de mauvais augure que ce qui lie les Houphouétistes est plus fort que ce qui les sépare. Le RHDP n’est pas une coalition circonstancielle qui s’est faite sur de petits calculs politiciens du moment. Elle est l’émanation d’une conviction profonde à l’origine de la création de la Côte d’Ivoire moderne : l’Houphouétisme. Après les épreuves douloureuses de la succession du président Félix Houphouët-Boigny, du coup d’Etat de décembre 1999 et de la parenthèse de sang de la refondation, les héritiers du Sage de Yamoussoukro ont compris la nécessité, voire l’impératif de leur union. Ces épreuves ont montré que seule l’unité des fils de Félix Houphouët-Boigny peut sauver la Côte d’Ivoire. « Ici nul ne sera sauvé si tout le monde n’est pas sauvé », aimait à dire le poète et homme politique Jacques Rabémanadjara. Pour rappeler que lorsqu’on a une communauté de destin, on est condamné à marcher ensemble. Et penser le contraire est suicidaire. A l’heure de la cotisation, l’avenir du pays ne peut s’envisager en raids solitaires. Mais en des actions concertées et collectives. Les disciples du Sage le savent. Car les fondements du RHDP sont solides. C’est pourquoi, au-delà des petites divergences dues aux ambitions personnelles, somme toutes légitimes, l’intérêt supérieur de la Côte d’Ivoire finira toujours par triompher. La survie du RHDP ne tient pas à des élections. Les acquis de la victoire présidentielle de novembre 2010 ne peuvent être sacrifiés sur l’autel des ambitions personnelles. Les président Henri Konan Bédié, Alassane Ouattara, Mabri Toikeusse et Anaki Kobenan gèrent ensemble la Côte d’Ivoire. Les critères de nominations aux postes de hauts fonctionnaires obéissent à un souci de satisfaire tout le monde. Que ce soit dans le gouvernement, dans l’administration comme dans les sociétés, on voit des cadres RDR, PDCI, UDPCI et MFA, côte-à-côte en train de servir la Côte d’Ivoire. Au sommet, pour les grandes questions qui induisent la Nation, les décisions se prennent de façon collégiale. C’est dans cet esprit que le président Alassane Ouattara ne manque pas à chaque fois de consulter son ainé le président Henri Konan Bédié, à qui il a promis de gérer la Côte d’Ivoire sous son autorité morale. Les tractations que l’on constate actuellement autour des éventuelles têtes de liste pour les élections régionales et municipales se font dans ce sens. Le principe, c’est le consensus. Le consensus a été déjà dégagé dans la plupart des régions. Pour les autres régions où les antagonismes sont encore forts et les positions tranchées, la démocratie décidera. Là où les ambitions personnelles prennent le pas sur l’intérêt général, il faut laisser la démocratie aller jusqu’au bout. Le faire n’est pas un échec ni une forme de reniement. Au contraire. C’est en cela que l’on mesure la force d’une entité. Or le RHDP est une alliance forte qui a déjà prouvé sa solidité et qui certainement le démontrera encore au cours des prochaines élections locales. Et ceux qui rêvent de le voir voler en éclats, n’auront encore que leurs yeux pour pleurer.
Jean-Claude Coulibaly
Jean-Claude Coulibaly
