Le temps de la vérité a sûrement sonné. Après deux jours de pause à cause du week-end, l’audience de confirmation ou d’infirmation des charges contre le Président Gbagbo a repris hier lundi 25 février à la Cpi. Comme il fallait s’y attendre, la défense du Président Gbagbo est passée à une autre vitesse, en brandissant des éléments de preuves tangibles contre l’accusation qui ne fait que se complaire dans les ragots ramassés à la Rue Lepic, siège du Rdr. Hier, il a été question de la bataille pour le contrôle de la ville d’Abidjan. A savoir les crimes horribles commis par les hommes du camp Ouattara. Et c’est Me Jennifer Naouri, un autre joker de Me Altit, qui explique avec précisions, comment les hommes de Ouattara ont été préparés pour attaquer la Côte d’Ivoire avant et pendant la crise postélectoral. Elle soutient que les «rebelles», malencontreusement rebaptisés «ex-rebelles» ont attaqués plusieurs villes de l’intérieur avant de descendre à Abidjan avec le soutien des forces françaises et onusiennes. Elle ne manque pas de préciser qu’il y avait plus de 850 ex-rebelles au Golf hôtel Qg de campagne de Ouattara. «Si le Président Gbagbo, précise-t-elle, voulait se maintenir au pouvoir, il n’allait pas permettre que les rebelles soit logés au Golf hôtel le Qg de son adversaire». Voila qui est clair. Et dans la bataille pour le contrôle de la ville d’Abidjan, Me Jennifer Naouri brandit au tribunal, l’ouvrage du confrère Germain Séhoué intitulé «Le commandant invisible raconte la bataille d’Abidjan». Ce livre est le témoignage du «colonel» Sémefia Sékou, Com’Théâtre du Commando invisible d’Ib à Abobo. Un obscur groupe de tueurs qui a commis les crimes les plus horribles dans la ville d’Abidjan pendant cette crise. Voila d’ailleurs ce que dit cet ex-rebelle repenti après avoir découvert tout le faux qui donné lieu à la date apocalyptique du 11 avril 2011, lorsque le confrère Germain Séhoué lui demande «Comment opériez-vous à Abobo ?» : «Nous avions d’abord reçu de la Licorne tous les plans, tous les repères stratégiques d’Abidjan pour pouvoir venir envahir la ville. Elle nous avait également fourni toutes les cartes des communes d’Abidjan où les coins et recoins sont bien identifiés. Au début, c’est par le train qu’on a fait entrer petit à petit nos éléments à Abidjan. Et nous sommes allés nous installer à Bois-Sec, un petit endroit du côté de N’Dotré, à Abobo, pour former un petit camp. Et lorsque nous avons reçu les armes que la France nous avait promises, nous avons commencé à passer à l’acte, en envahissant Abobo et faisant subir des atrocités à la population pour faire peur au pouvoir. C’est là qu’on a commencé sous les consignes et ordres de l’Onuci. C’est l’Onuci qui nous livrait les armes, les véhicules et les moyens de combats, tout. Par la suite, nous avons envahi Anyama, Anonkoua Kouté, Bocambo et les zones Abobo centre, ouest, nord. Lorsqu’on a pris le contrôle d’Abobo en commençant par Abobo Ouest, vers Akéikoi, dans le rayon du camp commando d’Abobo, on a pris davantage de confiance. Mais comme on n’arrivait pas à déloger les hommes du camp d’Abobo, on avait demandé des renforts en armes lourdes que la Licorne nous avait promises». P.36. Evidemment, un témoignage qui donne froid dans le dos. Et pourtant, c’est la réalité du drame que le peuple ivoirien subit. Mais que la France tente de cacher au monde en déportant le Président Gbagbo la victime, à la Cpi. Dans la commune d’Abobo, le Commando invisible a réellement commis les crimes les plus horribles. Par exemple, le village d’Anonkoua Kouté majoritairement pro-Gbagbo a été attaqué en une seule nuit. Le bilan est très lourd et très triste. Des dizaines de personnes sont mortes, brulées vives par cette armée de tueurs venus d’ailleurs. Ce village porte encore les stigmates de cette attaque meurtrière été barbare. Mais ce n’est pas tout. Le plus cruel est à venir. Le Comandant invisible raconte cette phase avec beaucoup de certitude. En donnant des détails pour l’Histoire. «Ce qui m’a marqué là-bas, ce sont les tueries contre des pro-Gbagbo. Des innocents, des étudiants, des patriotes et même des militants Fpi ou des gens de même ethnie que Gbagbo… Quand ils étaient capturés, ils se faisaient égorger vivants, brûler vivants, éventrer, ou violer et ils étaient battus, puis froidement abattus à bout portant et enterrés dans des fosses communes. Cela faisait pitié de voir des mères pleurer sur les corps de leurs fils et filles ou même des enfants pleurer sur les corps de leurs proches, morts indignement et injustement…». On se croirait en train de lire un noir reportage sur un film d’horreur, de sang, qui a fait bonne figure au festival d’Avoriaz. Mais que non, il s’agit de la Côte d’Ivoire. Et des crimes que la Cpi refuse de voir en Côte d’Ivoire pour faire plaisir aux parrains du régime. Des gens brulées vives, éventrés, des femmes violées, et enfouies par la suite, dans des fausses communes. Leur seul crime, c’est simplement le fait d’avoir dit non aux promesses de Ouattara. Le Président Gbagbo a raison depuis la Cpi, de confier à ses proches : «J’aurais pu envoyer Ouattara dix fois en prison». Il y a aussi le témoignage sur la milice dozo que le pouvoir a déversé dans les villes ivoiriennes. Une milice que Me Jennifer Naouri compare d’ailleurs à juste titre, aux chasseurs «camajors» «cannibales» qui ont commis autant de crimes dans la guerre de la Sierra-Leone. Bien dit. Le Commandant invisible dans son témoignage, parle même d’eux avec beaucoup de regret. «Ah, les Dozos qui ont commis tellement de crimes rituels pour l’avènement et le maintien de Ouattara au pouvoir… Ils enlevaient parfois de pauvres innocents parmi la population, allaient les dépecer vifs et ôtaient certains de leurs organes pour des rituels mystiques…» Révèle Sémefia Sékou, Com’Théâtre du Commando invisible d’Ib à Abobo. On se croirait là aussi, au moyen âge avec ces scènes démoniaques. Mais que non. Là aussi, il s’agit de la Côte d’Ivoire qui deviendra un «pays émergeant» dans peu de temps. Sémefia Sékou parle en tant qu’acteur et témoin de ses scènes d’une rare cruauté. Il ne parle pas pour accabler. En 2012, un Dozo a été mis aux arrêts à l’ouest par la gendarmerie. Il avait dans son sac, des restes humains. Qu’allait-il faire avec ça ? Parce ce qu’en Côte d’Ivoire, un Dozo n’est pas un agent des pompes funèbres… Mais bon, cette affaire macabre a été très vite classée… N’est-ce pas ces mêmes Dozos que le régime veut organiser. Certains chefs de guerre qui heurtent aujourd’hui le bon sens républicain ne manquent pas d’avouer à la face de la République, qu’ils sont membres de cette confrérie. L’Histoire regarde donc Fatou Bensouda. Car le Président Gbagbo à la Cpi, c’est l’Humanité qui est à La Haye, pour paraphraser le politologue français Michel Galy.
Guehi Brence
Guehi Brence