En apparence, l’ambiance est au beau fixe malgré le désaccord et la longue attente de la fumée blanche au sujet des listes Rhdp pour les élections régionales. Pourtant, Joël N’guessan, dans sa déclaration publiée par les journaux, hier, n’a pas exprimé une opinion dissidente, ni personnelle. Il a signé la déclaration ès qualité, et en tant que porte-parole du Rdr. Dans cette prise de position, l’ancien ministre indique que le Pdci et le Rdr ne sont pas obligés d’aller aux élections en Rhdp. Si elle a été noyée par la rencontre du Rhdp chez le Président Bédié dimanche dernier, cette déclaration ne traduit pas moins une certaine impatience et surtout l’état d’esprit réel chez les Républicains. Ils sont de plus en plus nombreux à ne pas cacher leur irritation malgré les instructions fermes données par le Président Ouattara, pour des listes Rhdp aux élections régionales. Au Rdr, on hésite de moins en moins, à pointer le doigt accusateur sur le Pdci et sur son président.
Des cadres du PDCI-RDA veulent conduire des listes au Nord
Une source généralement bien informée raconte de la façon suivante, la perception du blocage d’un point de vue du Rdr : "Un accord de principe avait été trouvé sur 29 régions. Le blocage se faisait sur deux régions seulement, notamment le Guémon et le Gbêkê, au sujet des noms des candidats devant conduire les listes dans ces endroits. Le président Bédié était en phase avec ces conclusions lorsqu’un groupe d’anti, notamment Palé Dimaté, Yaya Dembélé et Silué Kagnon est allé le voir, pour demander que le Pdci exige de conduire des listes au Nord (dans le Poro) et même à l’Est dans des bastions supposés du Rdr. A défaut, ils souhaitent que le parti soit candidat au Nord, même s’il ne peut pas gagner pour marquer sa présence et donner espoir aux militants et aux populations du Nord. C’est la contrepartie que le parti doit exiger, selon eux, pour concéder au Rdr, la tête de liste de certaines régions. C’est ainsi que de deux régions à problèmes, on est passé à 7 lors du tête-à-tête, entre les présidents Ouattara et Bédié. Le chef de l’Etat en a été surpris et compte tenu des déplacements qu’il devait effectuer, a demandé au Premier ministre de régler au plus vite ce problème. Sans le dire ouvertement, le chef de l’Etat a pu, par son mécontentement, faire comprendre, comme pour la crise lors du vote de la loi sur la femme, qu’il ne manquerait pas de tirer les conséquences qui s’imposent, de l’attitude hostile et non coopérative du Pdci, à la bonne marche du Rhdp".
Bédié déterminé à défendre les intérêts de son parti
En écho, une Sgbi pro Pdci que l’IA a contactée, dit à peu près la même chose: "Habituellement c’est le Président Bédié qui calmait le jeu, et nous incitait à avancer en Rhdp, notamment sur les questions du gouvernement et de la gestion du pouvoir. C’est ainsi que, quand nous nous plaignions d’être mal récompensés, il rétorquait que c’est le Président Ouattara, issu du Rdr qui a été élu. A ce titre, le président Bédié estimait que nous n’avions rien à revendiquer, et que nous devons soutenir Alassane Ouattara sans calcul. Pour cette raison, il ne s’est pas opposé au limogeage d’Ahoussou Jeannot et a adoubé Daniel Kablan Duncan, en expliquant qu’il n’avait pas à imposer au Président de la République un Premier ministre, et prendre ainsi le risque d’être tenu pour responsable d’une mauvaise collaboration éventuelle, entre le chef de l’Etat et le chef du gouvernement. Cependant, cette fois-ci, le ‘’Vieux’’ semble très déterminé et très ferme sur sa position. Et c’est nous qui essayons désormais de calmer, en vain, le jeu. Le Président estime que s’il ne peut pas parler dans les affaires de l’Etat et du gouvernement, il a au moins, son mot à dire et les intérêts du Pdci à faire valoir dans les choix des candidats aux élections locales. En réalité, au-delà de ces élections, le ‘’Vieux’’ est en train de faire savoir que le soutien pour 2015 n’est pas encore acquis. Il a été informé de certains plans du Rdr et des pressions faites sur des cadres Pdci, dans l’administration pour intégrer le parti au pouvoir. Cela l’a obligé à prendre le taureau par les cornes. Il est ferme, déterminé et même prêt à aller au clash".
Et notre Sgbi pro-Bédié, d’ajouter que le Rdr est très très en colère, et se prépare au pire, avec des collaborateurs du président de la République et hauts cadres du Rdr, qui ne manquent pas de rappeler qu’au Sénégal, Abdoulaye Wade, n’avait pas hésité de rompre avec son allié Moustapha Niasse à l’époque.
Au RDR, certaines voix tapent au poing sur la table et militent pour une rupture
"Autant Joël N’guessan dit qu’on n’est pas obligé d’aller en Rhdp aux élections locales, autant des proches du Président Ouattara posent de plus en plus la question du gouvernement, dans la mesure où ce petit blocage, paraît plus grave de conséquences sur le terrain, que les simples réserves émises à l’époque par des députés, au sujet d’une loi, qui a été votée finalement en commission." Voilà le décor planté à jour-J-8 de la clôture du dépôt des candidatures. Les choses se passent comme s’il y avait quelque part, un mauvais génie qui tente d’empêcher la tenue des élections locales, invitant à lire entre les lignes et à interpréter les signes des reports. Pour le moment, la seule bonne nouvelle, dans l’affaire semble appartenir aux militants Pdci de la région de l’Agneby-Tiassa, qui, à l’issue de la réunion de dimanche, ont reçu ce message de plusieurs sources autorisées :" Tranquillisez-vous. Avec ou sans Rhdp, vous serez candidat, c’est bouclé pour vous. Apprêtez votre liste, qui sera simplement réaménagée si le Rdr accepte que Joseph Boni conduise la liste, car pour le Président Bédié, il est hors de question que ce ne soit pas le Pdci, qui conduise la liste dans cette région, ou notre parti est potentiellement majoritaire face au Rdr, étant entendu que c’est un fief Fpi-Lmp". Voilà ainsi planté le décor et l’état d’esprit des tractations Rhdp, au sujet des élections régionales, étant entendu que le débat est clos pour les municipales, qui verront Rdr, Pdci, indépendants et autres s’affronter. Ceux qui n’ont pas encore perdu espoir et qui pensent que la fumée blanche ne peut que sortir, espèrent que les présidents Ouattara et Bédié, pourront réussir le miracle d’ici mercredi pour laisser une semaine aux uns et autres, pour boucler et déposer les listes chez Youssouf Bakayoko. Comme pour les législatives en décembre 2011, cet épisode, même si une solution y était trouvée, suscite des inquiétudes sur la normalisation politique et la problématique des élections, malgré l’absence du Fpi. Et l’on se pose forcement et inévitablement la question: si le Fpi-Lmp était présent à ces élections, qu’est-ce qui allait se passer? A coup sûr, il y a lieu de s’asseoir pour repenser les objectifs et les méthodes du Rhdp, à la lumière de la gestion post-Gbagbo d’après le 11 avril 2011, pour mieux anticiper et aborder les défis à venir. Si la guerre des héritiers d’Houphouët a pu faire prospérer le Fpi, si leur réconciliation a pu ensuite faire partir Laurent Gbagbo, une nouvelle dislocation ou fragilisation au sein des héritiers d’Houphouët pourrait, loin de toute alchimie ou technologie électorale, poser de sérieux revers au Rdr et au Pdci...
Charles Kouassi
Des cadres du PDCI-RDA veulent conduire des listes au Nord
Une source généralement bien informée raconte de la façon suivante, la perception du blocage d’un point de vue du Rdr : "Un accord de principe avait été trouvé sur 29 régions. Le blocage se faisait sur deux régions seulement, notamment le Guémon et le Gbêkê, au sujet des noms des candidats devant conduire les listes dans ces endroits. Le président Bédié était en phase avec ces conclusions lorsqu’un groupe d’anti, notamment Palé Dimaté, Yaya Dembélé et Silué Kagnon est allé le voir, pour demander que le Pdci exige de conduire des listes au Nord (dans le Poro) et même à l’Est dans des bastions supposés du Rdr. A défaut, ils souhaitent que le parti soit candidat au Nord, même s’il ne peut pas gagner pour marquer sa présence et donner espoir aux militants et aux populations du Nord. C’est la contrepartie que le parti doit exiger, selon eux, pour concéder au Rdr, la tête de liste de certaines régions. C’est ainsi que de deux régions à problèmes, on est passé à 7 lors du tête-à-tête, entre les présidents Ouattara et Bédié. Le chef de l’Etat en a été surpris et compte tenu des déplacements qu’il devait effectuer, a demandé au Premier ministre de régler au plus vite ce problème. Sans le dire ouvertement, le chef de l’Etat a pu, par son mécontentement, faire comprendre, comme pour la crise lors du vote de la loi sur la femme, qu’il ne manquerait pas de tirer les conséquences qui s’imposent, de l’attitude hostile et non coopérative du Pdci, à la bonne marche du Rhdp".
Bédié déterminé à défendre les intérêts de son parti
En écho, une Sgbi pro Pdci que l’IA a contactée, dit à peu près la même chose: "Habituellement c’est le Président Bédié qui calmait le jeu, et nous incitait à avancer en Rhdp, notamment sur les questions du gouvernement et de la gestion du pouvoir. C’est ainsi que, quand nous nous plaignions d’être mal récompensés, il rétorquait que c’est le Président Ouattara, issu du Rdr qui a été élu. A ce titre, le président Bédié estimait que nous n’avions rien à revendiquer, et que nous devons soutenir Alassane Ouattara sans calcul. Pour cette raison, il ne s’est pas opposé au limogeage d’Ahoussou Jeannot et a adoubé Daniel Kablan Duncan, en expliquant qu’il n’avait pas à imposer au Président de la République un Premier ministre, et prendre ainsi le risque d’être tenu pour responsable d’une mauvaise collaboration éventuelle, entre le chef de l’Etat et le chef du gouvernement. Cependant, cette fois-ci, le ‘’Vieux’’ semble très déterminé et très ferme sur sa position. Et c’est nous qui essayons désormais de calmer, en vain, le jeu. Le Président estime que s’il ne peut pas parler dans les affaires de l’Etat et du gouvernement, il a au moins, son mot à dire et les intérêts du Pdci à faire valoir dans les choix des candidats aux élections locales. En réalité, au-delà de ces élections, le ‘’Vieux’’ est en train de faire savoir que le soutien pour 2015 n’est pas encore acquis. Il a été informé de certains plans du Rdr et des pressions faites sur des cadres Pdci, dans l’administration pour intégrer le parti au pouvoir. Cela l’a obligé à prendre le taureau par les cornes. Il est ferme, déterminé et même prêt à aller au clash".
Et notre Sgbi pro-Bédié, d’ajouter que le Rdr est très très en colère, et se prépare au pire, avec des collaborateurs du président de la République et hauts cadres du Rdr, qui ne manquent pas de rappeler qu’au Sénégal, Abdoulaye Wade, n’avait pas hésité de rompre avec son allié Moustapha Niasse à l’époque.
Au RDR, certaines voix tapent au poing sur la table et militent pour une rupture
"Autant Joël N’guessan dit qu’on n’est pas obligé d’aller en Rhdp aux élections locales, autant des proches du Président Ouattara posent de plus en plus la question du gouvernement, dans la mesure où ce petit blocage, paraît plus grave de conséquences sur le terrain, que les simples réserves émises à l’époque par des députés, au sujet d’une loi, qui a été votée finalement en commission." Voilà le décor planté à jour-J-8 de la clôture du dépôt des candidatures. Les choses se passent comme s’il y avait quelque part, un mauvais génie qui tente d’empêcher la tenue des élections locales, invitant à lire entre les lignes et à interpréter les signes des reports. Pour le moment, la seule bonne nouvelle, dans l’affaire semble appartenir aux militants Pdci de la région de l’Agneby-Tiassa, qui, à l’issue de la réunion de dimanche, ont reçu ce message de plusieurs sources autorisées :" Tranquillisez-vous. Avec ou sans Rhdp, vous serez candidat, c’est bouclé pour vous. Apprêtez votre liste, qui sera simplement réaménagée si le Rdr accepte que Joseph Boni conduise la liste, car pour le Président Bédié, il est hors de question que ce ne soit pas le Pdci, qui conduise la liste dans cette région, ou notre parti est potentiellement majoritaire face au Rdr, étant entendu que c’est un fief Fpi-Lmp". Voilà ainsi planté le décor et l’état d’esprit des tractations Rhdp, au sujet des élections régionales, étant entendu que le débat est clos pour les municipales, qui verront Rdr, Pdci, indépendants et autres s’affronter. Ceux qui n’ont pas encore perdu espoir et qui pensent que la fumée blanche ne peut que sortir, espèrent que les présidents Ouattara et Bédié, pourront réussir le miracle d’ici mercredi pour laisser une semaine aux uns et autres, pour boucler et déposer les listes chez Youssouf Bakayoko. Comme pour les législatives en décembre 2011, cet épisode, même si une solution y était trouvée, suscite des inquiétudes sur la normalisation politique et la problématique des élections, malgré l’absence du Fpi. Et l’on se pose forcement et inévitablement la question: si le Fpi-Lmp était présent à ces élections, qu’est-ce qui allait se passer? A coup sûr, il y a lieu de s’asseoir pour repenser les objectifs et les méthodes du Rhdp, à la lumière de la gestion post-Gbagbo d’après le 11 avril 2011, pour mieux anticiper et aborder les défis à venir. Si la guerre des héritiers d’Houphouët a pu faire prospérer le Fpi, si leur réconciliation a pu ensuite faire partir Laurent Gbagbo, une nouvelle dislocation ou fragilisation au sein des héritiers d’Houphouët pourrait, loin de toute alchimie ou technologie électorale, poser de sérieux revers au Rdr et au Pdci...
Charles Kouassi