Depuis le 19 février, le monde entier est focalisé sur le procès de Laurent Gbagbo, qui, selon certains analystes, est le procès qui va déterminer la pertinence de la mise sur pied de la Cpi. Evidemment, c’est tout le continent africain qui vibre au rythme des audiences dont le but est clairement selon ce qui nous parvient de confirmer les charges retenues contre Laurent Gbagbo. Autrement, dit, il s’agit selon les instructions des maîtres du monde de démontrer que le Woody est le co-auteur direct des 3000 Ivoiriens tués lors de la crise post-électorale ivoirienne. Il est vrai que pour le camp Ouattara, la France, les Etats-Unis et l’Onu, il est question simplement d’user de tous les moyens pour écraser cet «ennemi», cet empêcheur de piétiner tranquillement la démocratie et la dignité humaine. Même si des preuves tangibles et vérifiables n’existent pas pour confirmer ces fameuses charges, il n’y a pas d’autre choix, selon leur entendement, que de condamner Laurent Gbagbo à vie dans cette prison tristement célèbre de la Haye. Il n’est nullement question de faire triompher la vérité. Loin de là. Il s’agit ni moins ni plus d’éliminer «politiquement» et même physiquement un homme qui cristallise toute leur haine contre tous les nationalistes et héros de ce continent condamné à végéter dans les fanges du sous-développement. Telle est l’attente de ceux qui considèrent le monde comme leur propriété, leurs biens personnels. Tel est aussi le rêve des Africains qui ont accepté de les accompagner dans leur projet de réduire l’Afrique à la servitude en échange d’un pouvoir furieux, vidé de toute dignité. Pourtant, pour la majorité des Africains, les choses se présentent sous une configuration plus complexe et difficile à déterminer. Nourris par des informations dont les maîtres d’œuvre sont les médias occidentaux, de nombreux Africains ne savent de Laurent Gbagbo que ce qu’ils entendent et voient sur les chaînes câblées. Désinformés, intoxiqués, ils ont de «l’Ivoirien accompli», pris en otage en Europe une image péjorative, celle d’un tyran, d’un affreux dictateur. Heureusement que ce n’est pas l’image que la majorité a de cet homme. Aujourd’hui, malgré la dictature des médias impérialistes, ils sont nombreux les Africains qui ont le sens du discernement. Face aux flots d’informations tronquées et manipulées, ils savent faire le tri, la distinction entre ce qui est vrai et ce qui est faux. La plupart se sont donné les moyens de disposer d’une source alternative d’informations. Les réseaux sociaux tel que facebook sont aujourd’hui des canaux puissants pour avoir des informations à chaud et plus proches de la réalité ou du moins le choix des informations dont ils ont besoin.
Aussi, savent-ils que Laurent Gbagbo est innocent, qu’il est la victime malheureuse mais héroïque d’un complot international bien pensé et décidé dans les officines de l’Occident. De l’Afrique du Sud au Cameroun en passant par le Kenya et le Ghana, les Africains savent que ce qui se passe sur les terres des Hollandais n’est qu’une mise en scène pour «corriger» une fois encore un digne fils du continent noir. Le sort que ces «visages pâles» réservent à Koudou est le même que celui qui a été réservé à Nelson Mandela. Les Camerounais en observant Gbagbo ne peuvent songer à Ruben Ndoye. Les Congolais ne peuvent s’empêcher de voir Lumumba. Les Ghanéens eux penseront à l’icône Kwamé Nkrumah. Les Burkinabè penseront inéluctablement à Sankara. Les Sud-Africains eux se souviendront du martyre de Mandiba, Nelson Mandela. Les Gabonais, les Sénégalais, les Kenyans, les Nigérians…tous les Africains se souviendront de tous leurs héros qui, pour avoir refusé la servitude, ont connu la diabolisation, la déportation, les fers et la mort.
Quant à la jeunesse africaine, en Laurent Gbagbo, ils ont leur héros. Ils ont un modèle, ils ont une référence en ces temps de déchéance et d’oppression voulue. Et qu’en est-il des chefs d’Etat africains ? Leurs attitudes varient d’un pays à un autre. Selon le mode de leur accession au pouvoir, ils admirent Laurent Gbagbo et souhaitent qu’ils sortent des serres des prédateurs ou au contraire rêvent de le voir condamné à jamais. Ces derniers, en effet, suivent ce procès de près et sont partagés entre sentiments divers et contradictoires. Du rôle qu’ils ont joué pendant la crise ivoirienne dépendent de leurs postures actuelles. Une condamnation de Laurent Gbagbo serait pour eux une consolation quand bien même ils savent qu’il est innocent et moins coupables que la plupart d’entre eux. Ils savent en leur for intérieur, qu’eux, en tant que chefs d’Etat ou candidats à une élection présidentielle, ont commis de pires atrocités. En outre, la libération du Woody va également susciter un sentiment de fierté et d’audace chez la jeunesse de leur pays respectif qui va profiter de l’occasion pour se montrer plus ardent et vindicatif. La victoire de Gbagbo lors de ce procès va, par ailleurs, marquer l’agonie de la Françafrique qui est le socle sur lequel bon nombre de pouvoirs dictatoriaux sont bâtis. Imaginez un peu le malheur d’un Blaise Compaoré si le fils de Mama est déclaré innocent ! Imaginez le tourment de tous ces chefs d’Etat qui ont soutenu la mesure scélérate de faire intervenir une armée en Côte d’Ivoire pour tuer les Ivoiriens, de mettre un embargo sur les médicaments en direction de notre pays. D’autre part, il y a des chefs d’Etat qui aux antipodes des premiers cités prient tous les dieux pour que leur homologue échappe à la condamnation. Ce sont tous ceux qui appartiennent à la légion d’honneur ; ceux que nous appelons les dignes fils de l’Afrique. Il faut reconnaitre qu’ils sont les moins nombreux. Même s’ils ne se sont pas battus pour apporter l’aide qu’il fallait aux Ivoiriens lors des heures de feu, ils comprennent clairement qu’en Côte d’Ivoire il s’est passé des choses pas du tout catholiques. Ceux-là se retrouvent dans le combat que l’ex-chef d’Etat ivoirien mène. Ils auraient voulu mener le même combat mais tout le monde n’a pas la bravoure et l’esprit de sacrifice de l’enfant de Koudou. Attachés aux délices du pouvoir rares sont les chefs d’Etat capable de faire preuve de l’héroïsme dont a fait preuve l’ex-chef d’Etat ivoirien. C’est, en effet, avec beaucoup d’émotion, qu’ils suivent le procès. Ils attendent sa victoire afin d’en tirer l’énergie nécessaire de mettre en œuvre leurs convictions, leur rêve.
Mais en réalité, le sacrifice qu’a fait Gbagbo est destiné aux jeunes du continent noir. C’est à eux que parle son geste. C’est pour eux qu’il a accepté d’aller au charbon, qu’il a accepté d’être écorché vif. Et du fond de sa geôle où il a été mis, il sait qu’il faut qu’une graine soit semée afin que l’arbre de notre libération pousse. Et cette graine, il en est le symbole. A la Haye, les maîtres du monde, au-delà du procès de Gbagbo, se démènent pour réduire la jeunesse africaine au silence, pour faire comprendre aux gouvernants d’aujourd’hui et de demain qu’ils n’ont pour seul droit que de se mettre à leur service. De la peur ? De l’admiration ? De la colère ? De l’enthousiasme ? De l’espoir ? Les sentiments contradictoires qu’éprouvent les Africains pendant cette parodie de procès démontrent que notre continent est à la croisée des chemins. De la victoire ou de la condamnation de «Opa» dépendra la trajectoire que va prendre le destin de notre continent et de notre pays. Pour les Ivoiriens, quelle que soit l’issue de ce procès, nous n’avons pas d’autre choix que de poursuivre le combat de la liberté et de la dignité.
Par Salomon Akonda
Aussi, savent-ils que Laurent Gbagbo est innocent, qu’il est la victime malheureuse mais héroïque d’un complot international bien pensé et décidé dans les officines de l’Occident. De l’Afrique du Sud au Cameroun en passant par le Kenya et le Ghana, les Africains savent que ce qui se passe sur les terres des Hollandais n’est qu’une mise en scène pour «corriger» une fois encore un digne fils du continent noir. Le sort que ces «visages pâles» réservent à Koudou est le même que celui qui a été réservé à Nelson Mandela. Les Camerounais en observant Gbagbo ne peuvent songer à Ruben Ndoye. Les Congolais ne peuvent s’empêcher de voir Lumumba. Les Ghanéens eux penseront à l’icône Kwamé Nkrumah. Les Burkinabè penseront inéluctablement à Sankara. Les Sud-Africains eux se souviendront du martyre de Mandiba, Nelson Mandela. Les Gabonais, les Sénégalais, les Kenyans, les Nigérians…tous les Africains se souviendront de tous leurs héros qui, pour avoir refusé la servitude, ont connu la diabolisation, la déportation, les fers et la mort.
Quant à la jeunesse africaine, en Laurent Gbagbo, ils ont leur héros. Ils ont un modèle, ils ont une référence en ces temps de déchéance et d’oppression voulue. Et qu’en est-il des chefs d’Etat africains ? Leurs attitudes varient d’un pays à un autre. Selon le mode de leur accession au pouvoir, ils admirent Laurent Gbagbo et souhaitent qu’ils sortent des serres des prédateurs ou au contraire rêvent de le voir condamné à jamais. Ces derniers, en effet, suivent ce procès de près et sont partagés entre sentiments divers et contradictoires. Du rôle qu’ils ont joué pendant la crise ivoirienne dépendent de leurs postures actuelles. Une condamnation de Laurent Gbagbo serait pour eux une consolation quand bien même ils savent qu’il est innocent et moins coupables que la plupart d’entre eux. Ils savent en leur for intérieur, qu’eux, en tant que chefs d’Etat ou candidats à une élection présidentielle, ont commis de pires atrocités. En outre, la libération du Woody va également susciter un sentiment de fierté et d’audace chez la jeunesse de leur pays respectif qui va profiter de l’occasion pour se montrer plus ardent et vindicatif. La victoire de Gbagbo lors de ce procès va, par ailleurs, marquer l’agonie de la Françafrique qui est le socle sur lequel bon nombre de pouvoirs dictatoriaux sont bâtis. Imaginez un peu le malheur d’un Blaise Compaoré si le fils de Mama est déclaré innocent ! Imaginez le tourment de tous ces chefs d’Etat qui ont soutenu la mesure scélérate de faire intervenir une armée en Côte d’Ivoire pour tuer les Ivoiriens, de mettre un embargo sur les médicaments en direction de notre pays. D’autre part, il y a des chefs d’Etat qui aux antipodes des premiers cités prient tous les dieux pour que leur homologue échappe à la condamnation. Ce sont tous ceux qui appartiennent à la légion d’honneur ; ceux que nous appelons les dignes fils de l’Afrique. Il faut reconnaitre qu’ils sont les moins nombreux. Même s’ils ne se sont pas battus pour apporter l’aide qu’il fallait aux Ivoiriens lors des heures de feu, ils comprennent clairement qu’en Côte d’Ivoire il s’est passé des choses pas du tout catholiques. Ceux-là se retrouvent dans le combat que l’ex-chef d’Etat ivoirien mène. Ils auraient voulu mener le même combat mais tout le monde n’a pas la bravoure et l’esprit de sacrifice de l’enfant de Koudou. Attachés aux délices du pouvoir rares sont les chefs d’Etat capable de faire preuve de l’héroïsme dont a fait preuve l’ex-chef d’Etat ivoirien. C’est, en effet, avec beaucoup d’émotion, qu’ils suivent le procès. Ils attendent sa victoire afin d’en tirer l’énergie nécessaire de mettre en œuvre leurs convictions, leur rêve.
Mais en réalité, le sacrifice qu’a fait Gbagbo est destiné aux jeunes du continent noir. C’est à eux que parle son geste. C’est pour eux qu’il a accepté d’aller au charbon, qu’il a accepté d’être écorché vif. Et du fond de sa geôle où il a été mis, il sait qu’il faut qu’une graine soit semée afin que l’arbre de notre libération pousse. Et cette graine, il en est le symbole. A la Haye, les maîtres du monde, au-delà du procès de Gbagbo, se démènent pour réduire la jeunesse africaine au silence, pour faire comprendre aux gouvernants d’aujourd’hui et de demain qu’ils n’ont pour seul droit que de se mettre à leur service. De la peur ? De l’admiration ? De la colère ? De l’enthousiasme ? De l’espoir ? Les sentiments contradictoires qu’éprouvent les Africains pendant cette parodie de procès démontrent que notre continent est à la croisée des chemins. De la victoire ou de la condamnation de «Opa» dépendra la trajectoire que va prendre le destin de notre continent et de notre pays. Pour les Ivoiriens, quelle que soit l’issue de ce procès, nous n’avons pas d’autre choix que de poursuivre le combat de la liberté et de la dignité.
Par Salomon Akonda