La maison de la presse au Plateau a servi, hier mardi 26 février 2013, de cadre à Amnesty International pour divulguer le contenu de son nouveau rapport sur les violations des droits humains en Côte d'Ivoire. Intitulé «Côte d’ivoire : La loi des vainqueurs. La situation des droits humains deux ans après la crise post-électorale», le document de 88 pages a été conjointement présenté par Gaëtan Mootoo, chercheur sur l’Afrique de l’Ouest à Amnesty international, Alex Neve, directeur d’Amnesty International Canada anglophone, avec une modération de Philippe Hensmans, directeur d’Amnesty International Belgique francophone. A en croire le principal orateur, Gaëtan Mootoo, citant ledit rapport, les forces en armes au service du régime Ouattara se sont encore illustrées dans de graves violations des droits humains commises notamment par les Dozo, les Frci et la police militaire. «Les forces ivoiriennes qui portent des armes ont commis des exécutions extrajudiciaires, des arrestations pour des motifs politiques, des actes de torture et des détentions au secret, dont sont victimes les partisans déclarés ou présumés de l’ancien Président Laurent Gbagbo», a déploré Gaëtan Mootoo, qui a rappelé qu'Amnesty International est à son troisième rapport sur les violations des droits humains depuis deux ans en Côte d'ivoire, mais les autorités ivoiriennes n'ont jusque-là rien fait pour y mettre fin. «Les combattants Dozo doivent être exclus des activités de maintien d'ordre qui relève de la compétence des forces régulières. Ceux qui sont responsables de violations des droits humains doivent être inculpés et traduits en justice. Les Dozo ne doivent plus être autorisés à opérer au-dessus et en dehors de la loi», a renchéri Alex Neve. Avant d'ajouter que dans ce dernier rapport en date, Amnesty international met en lumière le fait que les autorités, sous prétexte de garantir la sécurité et de lutter contre les auteurs d’attaques armées, agissent en dehors des principes du droit, fragilisant ainsi le processus de réconciliation mis en place en juillet 2011. Pour étayer leurs propos, les présentateurs ont diffusé des vidéos de témoignages de détenus et d’anciens détenus qui racontent leurs conditions de détention et les tortures qui leur ont été infligées afin de leur extorquer des aveux. Par ailleurs, le rapport décrit de manière détaillée l’attaque et la destruction le vendredi 20 juillet 2012, du camp de Nahibly. «Face aux manquements généralisés des autorités ivoiriennes à leur devoir consistant à garantir justice et réparation, Amnesty international demande la création d’une commission internationale d’enquête sur l’attaque du camp de déplacés de Duékoué», a déclaré Gaëtan Mootoo. Sans toutefois manquer de rappeler que son organisation a à plusieurs reprises introduit des demandes d’audience auprès des autorités ivoiriennes au plus haut niveau, mais des requêtes qui sont restées lettre morte, selon lui. «Cela fait déjà trop longtemps que les Ivoiriens attendent que justice soit faite. Si des mesures ne sont pas immédiatement adoptées afin de contrôler les forces de sécurité, la Côte d’Ivoire risque de connaître des crises politiques à répétions, et la réconciliation nationale ne sera plus qu’un lointain espoir déçu», a-t-il averti en guise de conclusion.
Marcel Dezogno
Marcel Dezogno