Au cours de leurs dernières plaidoiries, hier, les avocats de Laurent Gbagbo ont nie toute responsabilité de ce dernier dans les tueries survenues lors de la crise postélectorale.
Quels étaient les rapports entre le président Laurent Gbagbo et les Forces de défense et de sécurité (Fds) au cours de la crise postélectorale? La question, aussi saugrenue qu’elle ne le paraît était au centre de la dernière intervention de la défense hier après-midi à la Cour pénale internationale (Cpi). Pour leur ultime prestation devant les juges de la chambre préliminaire I, les avocats de l’ex-président se sont employés à démontrer son innocence totale dans les événements survenus entre décembre 2010 et mai 2011. D’après leurs allégations, non seulement leur client n’a jamais eu l’idée de concocter un plan commun contre son rival, Alassane Ouattara et ses militants, mais en plus, il n’a jamais donné un ordre quelconque à ses forces d’attaquer les civils. Quid des nombreuses victimes civiles recensées par le procureur et mentionnées dans le document de confirmation de charge? C’est l’œuvre « des rebelles, des membres du commando invisible et des forces pro-Ouattara », a lancé Me Natacha Fauveau Ivanovic à la barre. Tout au long de sa plaidoirie, l’avocate a brossé un portrait idyllique de l’ex-président. On le découvre subitement sous un nouveau jour : « le président Gbagbo a été choqué par la possibilité qu’il y aurait des femmes tuées à Abobo », clame t-elle. A cette période, celui-ci aurait même donné des instructions pour rétablir l’ordre public et sécuriser les populations d’Abobo. « Il a agi pour faire cesser les actions du commando invisible, faire en sorte qu’il n’y ait plus de morts et protéger les populations et leurs biens », poursuit-elle.
« Les Fds dépourvues d’armes lourdes »
Toutes les thèses sont bonnes pour battre en brèche les accusations du procureur. Ainsi, selon la défense, durant cette crise postélectorale, les forces loyalistes étaient totalement affaiblies et dépourvues d’armes lourdes. Qu’en est-il alors des manifestants tués suite à la marche sur la télévision le 16 décembre et les jours suivants? « Les consignes de ne pas tirer sur les manifestants ont été respectées. Il n’y a aucun lien entre les débordements qui auraient pu avoir lieu et les consignes que les Fds auraient reçues », a justifié la défense. En outre, Laurent Gbagbo n’aurait plus, d’après l’avocate, les moyens de contrôler les Fds qui seraient profondément divisées. Selon elle, la responsabilité des violences et des victimes incomberait au Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp) qui auraient mijoté « des actes de déstabilisation et imputé les troubles au président Gbagbo ». Plus grave, elle ne s’est nullement gênée d’accuser la communauté internationale d’avoir armé les rebelles, sans apporter la moindre preuve. Même Charles Blé Goudé a eu son quart d’heure de célébrité au cours de cette audience. Selon elle, images d’une vidéo à l’appui, le « général de la rue » comme on le surnomme, n’a jamais appelé à l’affrontement.
La communauté internationale accusée
Les familles des victimes ont dû se pincer hier après-midi, en écoutant Me Fauveau Ivanovic déblatérer ses arguments. De leur côté, les membres du bureau du procureur avaient du mal à cacher leur irritation. Au détour de plusieurs phrases, les avocats ont régulièrement pointé les enquêtes à charge de Mme Fatou Bensouda. Reprochant à cette dernière de « faire de la politique et de manquer de preuves tangibles » concernant toutes les accusations portées contre l’ancien président ivoirien.
Se tournant vers les juges qui ont la lourde responsabilité d’entraîner Laurent Gbagbo dans un procès ou de le libérer, les avocats ont plaidé l’abandon des charges. Le professeur Jacobs Dov a mis en avant l’absence de responsabilité pénale de son client. S’appuyant sur l’article 25-3-a et d du statut de la Cpi, il a estimé que l’accusé ne pouvait être ni auteur principal ni complice des faits à lui reprochés. Et pour clore sa plaidoirie, la défense a prétendu que Laurent Gbagbo ne pouvait également être poursuivi pour crimes contre l’humanité. « Il n’y avait pas d’attaque généralisée et systématique contre la population civile », s’est-elle justifiée, balayant du revers de la main les «45 incidents» cités à l’audience par le bureau du procureur.
La dernière audience qui a lieu devrait permettre une réplique appropriée du procureur. Laurent Gbagbo, lui-même pourrait prendre la parole pour appuyer ses avocats.
Karim Wally, envoyé spécial à La Haye (Pays-Bas)
Quels étaient les rapports entre le président Laurent Gbagbo et les Forces de défense et de sécurité (Fds) au cours de la crise postélectorale? La question, aussi saugrenue qu’elle ne le paraît était au centre de la dernière intervention de la défense hier après-midi à la Cour pénale internationale (Cpi). Pour leur ultime prestation devant les juges de la chambre préliminaire I, les avocats de l’ex-président se sont employés à démontrer son innocence totale dans les événements survenus entre décembre 2010 et mai 2011. D’après leurs allégations, non seulement leur client n’a jamais eu l’idée de concocter un plan commun contre son rival, Alassane Ouattara et ses militants, mais en plus, il n’a jamais donné un ordre quelconque à ses forces d’attaquer les civils. Quid des nombreuses victimes civiles recensées par le procureur et mentionnées dans le document de confirmation de charge? C’est l’œuvre « des rebelles, des membres du commando invisible et des forces pro-Ouattara », a lancé Me Natacha Fauveau Ivanovic à la barre. Tout au long de sa plaidoirie, l’avocate a brossé un portrait idyllique de l’ex-président. On le découvre subitement sous un nouveau jour : « le président Gbagbo a été choqué par la possibilité qu’il y aurait des femmes tuées à Abobo », clame t-elle. A cette période, celui-ci aurait même donné des instructions pour rétablir l’ordre public et sécuriser les populations d’Abobo. « Il a agi pour faire cesser les actions du commando invisible, faire en sorte qu’il n’y ait plus de morts et protéger les populations et leurs biens », poursuit-elle.
« Les Fds dépourvues d’armes lourdes »
Toutes les thèses sont bonnes pour battre en brèche les accusations du procureur. Ainsi, selon la défense, durant cette crise postélectorale, les forces loyalistes étaient totalement affaiblies et dépourvues d’armes lourdes. Qu’en est-il alors des manifestants tués suite à la marche sur la télévision le 16 décembre et les jours suivants? « Les consignes de ne pas tirer sur les manifestants ont été respectées. Il n’y a aucun lien entre les débordements qui auraient pu avoir lieu et les consignes que les Fds auraient reçues », a justifié la défense. En outre, Laurent Gbagbo n’aurait plus, d’après l’avocate, les moyens de contrôler les Fds qui seraient profondément divisées. Selon elle, la responsabilité des violences et des victimes incomberait au Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp) qui auraient mijoté « des actes de déstabilisation et imputé les troubles au président Gbagbo ». Plus grave, elle ne s’est nullement gênée d’accuser la communauté internationale d’avoir armé les rebelles, sans apporter la moindre preuve. Même Charles Blé Goudé a eu son quart d’heure de célébrité au cours de cette audience. Selon elle, images d’une vidéo à l’appui, le « général de la rue » comme on le surnomme, n’a jamais appelé à l’affrontement.
La communauté internationale accusée
Les familles des victimes ont dû se pincer hier après-midi, en écoutant Me Fauveau Ivanovic déblatérer ses arguments. De leur côté, les membres du bureau du procureur avaient du mal à cacher leur irritation. Au détour de plusieurs phrases, les avocats ont régulièrement pointé les enquêtes à charge de Mme Fatou Bensouda. Reprochant à cette dernière de « faire de la politique et de manquer de preuves tangibles » concernant toutes les accusations portées contre l’ancien président ivoirien.
Se tournant vers les juges qui ont la lourde responsabilité d’entraîner Laurent Gbagbo dans un procès ou de le libérer, les avocats ont plaidé l’abandon des charges. Le professeur Jacobs Dov a mis en avant l’absence de responsabilité pénale de son client. S’appuyant sur l’article 25-3-a et d du statut de la Cpi, il a estimé que l’accusé ne pouvait être ni auteur principal ni complice des faits à lui reprochés. Et pour clore sa plaidoirie, la défense a prétendu que Laurent Gbagbo ne pouvait également être poursuivi pour crimes contre l’humanité. « Il n’y avait pas d’attaque généralisée et systématique contre la population civile », s’est-elle justifiée, balayant du revers de la main les «45 incidents» cités à l’audience par le bureau du procureur.
La dernière audience qui a lieu devrait permettre une réplique appropriée du procureur. Laurent Gbagbo, lui-même pourrait prendre la parole pour appuyer ses avocats.
Karim Wally, envoyé spécial à La Haye (Pays-Bas)