x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Politique Publié le samedi 2 mars 2013 | Le Patriote

CPI / Après 8 jours d’audiences de confirmation des charges : pourquoi un procès contre Laurent Gbagbo à la Haye aura lieu

© Le Patriote Par DR
CPI : l’ex Président Laurent Gbagbo devant les juges
Mardi 19 février 2013. La Haye. L’ancien président ivoirien comparait à la Cour pénale internationale (CPI), pour crime contre l’humanité.
Huit rounds pour huit jours d'audience, durant lesquels le bureau du procureur a efficacement et minutieusement démontré la solidité de ses accusations contre Laurent Gbagbo soupçonné d'être coauteur indirect de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité. Le Bureau du Procureur a démontré avec des preuves matérielles solides et efficaces qu’après avoir exercé le pouvoir pendant dix ans, Laurent Gbagbo était déterminé à conserver le pouvoir, quel que soit le résultat de l’élection de 2010. Qu’avant le premier tour de l’ élection présidentielle, M. Gbagbo et des personnes de son entourage immédiat ont adopté un plan commun qui a conduit aux tueries de masse de populations civiles lors de la crise postélectorale. Cette politique visant à se maintenir au pouvoir par tous les moyens possibles, se manifeste en lançant de violentes attaques meurtrières contre des civils qui, selon eux, étaient acquis à la cause de leurs opposants. Mais surtout que M. Gbagbo a nommé des personnes qui lui étaient fidèles à des postes clés du Gouvernement et au sein des Forces de défense et de sécurité ivoiriennes, les FDS. Qu’il cherchait ainsi à consolider le pouvoir qu’il exerçait sur ces dernières, afin d’être en mesure de les utiliser, si nécessaire, pour se maintenir à la Présidence. In fine Gbagbo a renforcé la capacité de nuisance des FDS en recrutant systématiquement des jeunes miliciens et des mercenaires et en les plaçant au sein de la chaîne de commandement, afin de pouvoir les contrôler et que très clairement il s’est assuré personnellement que les forces qui lui étaient fidèles étaient correctement entraînées, financées et armées. L’équipe du Procureur Bensouda a donné du file à tordre l’avocat du plus célèbre prisonnier de la Haye.

Un p’tit jet des 3500 documents preuves référencées, à l’appui de son argumentaire, identifiant et citant clairement des déclarations de témoins, renvoyant à des extraits de discours de Laurent Gbagbo, de Simone Gbagbo, de Dogbo Blé, achève de convaincre le plus septique, que les crimes en cause ont bel et bien été commis et que la responsabilité pénale de M. Gbagbo est à ce titre engagée. De l’autre côté, là ou l’Accusation réclame l'ouverture d'un procès devant la CPI. La Défense qui fait tout pour l'éviter à son client jouait une partie de dramaturgie. En fait, les avocats de Gbagbo qui jouaient la montre depuis que le début de l’affaire Laurent Gbagbo à la CPI, pour disent-ils, bien se préparer ont simplement continué à fuir les faits et arguments de droit en déposant de manière inopinée une requête en irrecevabilité dès l’ouverture de l’audience. Selon elle, Gbagbo devait être jugé en Côte d'Ivoire, où il est déjà poursuivi pour crimes économiques. Et les poursuites qui le visent ne doivent pas être dissociées de celles qui ciblent Simone Gbagbo, son épouse, Charles Blé Goudé, l'ancien leader des Jeunes patriotes, ainsi que plusieurs autres anciens ministres et responsables militaires, dont certains doivent répondre de génocide et de crimes de sang. Une manœuvre dilatoire destinées à amuser la galerie qui n’a pas eu l’effet escompté. Elle va ensuite avec la française Nathalie Fauveau Ivanovic, tenter en vain d’exploiter les failles dans la procédure et la présentation de preuves de l’Accusation sans ouvrir la moindre brèche permettant de frapper et battre en brèche le dispositif d’accusation solide comme un mur de silex du Bureau du Procureur.

Dramaturgie de la Défense

Le chef d'orchestre de ce plan, l'avocat français Emmanuel Altit, qui dirigeait cette petite équipe se lance dans la négation des faits encore frais dans la mémoire. Il tente de réécrire l’histoire et les faits saillants et meurtriers de la crise postélectorale de 2010-2011. «Pendant que certaines femmes faisaient mine de marcher, d’autres étaient couchées. Puis on a versé du sang de mouton sur elles. Et c’est cela que nos informaticiens ont filmé pour venir faire du montage ». 
Oui, vous avez bien lu : du sang de mouton aurait été utilisé par les femmes d’Abobo le 3 mars 2011 pour accréditer la thèse de la tuerie attribuée aux forces pro-Gbagbo. Alors que au lendemain des faits, la presse Blue proche de Laurent Gbagbo cyniquement qualifiait ce horrible crime du complot du bissap. 14 mois plus tard, le complot du bissap se transforme en sang de mouton. Outre la négation des faits, blocus du Golf, les tueries lors de la marche pacifique sur la RTI … le chef d’orchestre Me Altit, mène la charge contre Fatou Bensouda, la procureure de la CPI comparant le dossier d'accusation à « une revue de presse alimentée par les autorités ivoiriennes, les ex-rebelles et la presse pro-Ouattara ».Pour ensuite réciter la même litanie des jeunes patriotes. « C’est l'armée française le bourreau de mon client ». Pour un juriste chevronné, comme Me Altit cela a étonné plus d’un, oubliant et/ou ignorant que la France est intervenue militairement dans la crise postélectorale sous mandats des Nations Unies, précisément en application de la Résolution 19/75 adopté à l’unanimité des membres le 30 mars 2011 pour stopper la souffrance des populations ivoiriennes qui tombaient sous les balles assassines de la soldatesque de Gbagbo. Se sentant à bout d’arguments, Me Atilt tente de diluer la responsabilité de son client. De manière inattendue, la bande à Me Altit se lance dans la divagation donnant ainsi dans l’imprécision.

Alléguant à cri et à dia, que pour comprendre la crise postélectorale, il faut remonter au décès d'Houphouët-Boigny, en décembre 1993, et à la querelle de succession entre Henri Konan Bédié et Alassane Ouattara. Pire dans son allocution finale, qui était attendu l’historien de Mama, dans le prétoire de la CPI a littéralement perdu son latin. Gbagbo a paru se perdre dans son raisonnement, ressassant la sempiternelle litanie de sa prétendue victoire à l’élection présidentielle, envers et contre la certification onusienne. Ces huit jours d’audience auront finalement donné l’impression que la défense malgré le temps n’avait rien à défendre, tellement les faits matériels et l’intension criminelle de Laurent Gbagbo est nettement palpable et/ou perceptible. Les juges décideront ou non de renvoyer Laurent Gbagbo en procès. Mais chose est sûr le maquillage cosmétique dans son relooking qui a été savamment pensé avec ses lunettes rondes visant à transformer le Woody de Mama en un Mahatma Gandhi, apôtre de la non-violence n’a pas eu l’effet escompté. On s'est efforcé de gommer en vain l’image du despote africain, rattrapé par ses crimes de sang et ses crimes contre l’humanité.

Moussa Keita
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Politique

Toutes les vidéos Politique à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ