Joël N’Guessan, porte-parole principal du RDR est rentré d’un séjour en France, où il a fait plusieurs plateaux de télévisions durant le procès de confirmation des charges contre Laurent Gbagbo. Dans cette interview, il revient sur l’audience et donne son avis sur une probable libération de l’ex-Président de Côte d’Ivoire.
Le Patriote : Monsieur le Porte-parole Principal du RDR, vous revenez de France où vos avez suivi de près l'audience de confirmation des charges contre Monsieur Gbagbo dans l’affaire qui l’oppose à la CPI. Que retenez-vous de cette audience?
M. Joël N'GUESSAN: Il y a 3 leçons essentielles que j'ai tirées de cette audience de confirmation des charges. La première concerne la posture que les avocats de Monsieur Laurent Gbagbo ont adoptée. Ils se sont mis dans une posture politique là où on attendait d'eux qu'ils apportent la preuve de la non-responsabilité de leur client dans les milliers de crimes de la crise postélectorale. Ils se sont enfermés dans des artifices juridiques du genre : « c'est la France et l'ONU qui ont fait la guerre à leur client, Monsieur Laurent Gbagbo; les problèmes de la Côte d'Ivoire viennent de la rébellion déclenchée en septembre 2002; le clan de M. Laurent Gbagbo n'est pas le seul à avoir commis des crimes pendant la crise postélectorale, etc. ». En les écoutants, j'ai compris qu'ils étaient acculés, car ils ne pouvaient rien démontrer de contraire à ce que le Procureur avait produit comme preuves sur les crimes de guerre et les crimes contre l'humanité du régime de M. Laurent Gbagbo. La deuxième concerne l'argumentaire des avocats de la défense en ce qui concerne l'assassinat des femmes et les bombardements à l'arme lourde contre les populations civiles. J'ai été personnellement ahuri et outragé. J'ai considéré que Maître Altit a dépassé les bornes en matière de défense de son client. C'est comme s'il n'avait plus de valeur morale. Il s'est autorisé à prétendre que les femmes tuées à Abobo ne l'ont pas été; et que c'est du sang de mouton dans lequel on les a vu baigner, il aurait pu parler de ‘’Bissap’’ comme les autres du FPI. Quand un avocat de son rang en arrive à emprunter ce type d'arguments, nous sommes obligés de conclure qu'il est en plein dans l'indécence. Il n'avait pas besoin de tomber si bas pour justifier les honoraires exceptionnels qu'il perçoit dans cette affaire et qui le mettront définitivement à l'abri du besoin pour ses vieux jours. Cela dans la droite ligne de certains défenseurs des causes indéfendable, que je ne voudrais pas nommer ici. Je vous informe que nous allons accompagner et encadrer les dizaines de milliers de victimes et leurs parents pour porter plainte contre Maître Altit pour ses propos indécents et immoraux. La troisième concerne l'intervention tant attendue de Monsieur Laurent Gbagbo. Nous nous attendions tous à ce qu'il ait un mot de compassion pour les nombreuses victimes de la crise postélectorale, quels que soit leurs bords politiques. Cela n'a pas été le cas. Cela a démontré de plus que ce monsieur n'a aucun regret. « Mille morts à gauche, mille morts à droite », il avance. C'est ce qu'il nous avait déclaré quand il était encore au pouvoir. C'est dommage pour un homme qui a présidé aux destinées de notre pays. Il a raté l'occasion de se faire pardonner par les milliers de crimes inutiles commis sous son régime. Je suis convaincu que s'il avait emprunté la voix et la voie de la repentance, les Ivoiriens dans leur grande majorité, qu'ils soient du nord, de l'est, du sud, de l'ouest ou du centre, nonobstant leurs bords politiques, PDCI, FPI, MFA, RDR, UDPCI auraient comme un seul homme demandé à ce que les Ivoiriens fassent une pétition pour demander que Laurent Gbagbo quitte la Haye.
LP : Pensez-vous Gbagbo a une chance d’échapper à un procès?
JN: Ce sera du domaine du miracle. Mais laissons les juges de la chambre préliminaire apprécier. À ce niveau de la procédure, nous les politiques ne pouvons plus interférer dans leur décision. Ce ne sont ni nos déclarations, ni nos manifestations publiques qui vont influencer quoi que ce soit. Le vin est tiré nous allons tous le boire.
LP : Nous avons été aussi informés que vous avez mis à profit votre séjour en France pour nouer des relations fructueuses avec les socialistes français. Quel est le sens de ces contacts que vous avez établis surtout que votre parti, le RDR, est de la droite libérale?
JN: En rencontrant les leaders politiques de la gauche, notre parti ne se renie pas par rapport à l'alliance qui nous lie à l'UMP, parti de la droite française dont les responsables ont agi positivement pour éviter à notre pays la déflagration lors de notre malheureuse crise postélectorale. Pour cela, nous serons toujours reconnaissants à l'UMP et à l'ex-Président français Nicolas Sarkozy, qui ont joué de tout leur poids pour empêcher que les Ivoiriens connaissent le génocide comme ce fut le cas au Rwanda où il y a eu plus d'un million de morts. Ceci étant dit, je vous fais remarquer que, même lorsqu'il n'était pas encore président de la République, Monsieur François Hollande, socialiste et actuel Chef de l'Etat français, avait déclaré que Monsieur Laurent Gbagbo était infréquentable. Mme Martine Aubry, Maire de Lille qui était Secrétaire du Parti Socialiste français avait dans une déclaration demandé à Monsieur Lauent Gbagbo d'accepter sa défaite. On a aussi en mémoire les propos du Président américain Barack Obama (dont le parti est de gauche). Il avait demandé le départ de M. Laurent Gbagbo. Il a même mis en cause la morale du régime de M. Laurent Gbagbo. C'est vous dire qu'il ne s'agit pas d'une question de gauche ou de droite. Il s'agissait de faire triompher la démocratie. C'est ce que tous les démocrates de gauche ou de droite ont exigé et qui a abouti à la fin de la dictature en Côté d'Ivoire, le 11 avril 2011.
LP : Qu'avez-vous retenu de vos différentes rencontres avec les membres du Sénat et de l'Assemblée nationale française?
JN: Toutes les personnalités de gauche que nous avons rencontrées sont unanimes pour dire que le Président Alassane Ouattara est sur une trajectoire positive. Elles se réjouissent que la Côté d'Ivoire redevienne l'épicentre du développement économique et social de la sous-région ouest africaine. La reconduction de notre Président à la tête de la CEDEAO est pour eux un motif supplémentaire pour encourager et accompagner notre pays dans sa marche vers l'Etat de droit. Elles ne nous ont pas caché qu'elles ont eu des appréhensions, pendant la crise postélectorale mais que ces appréhensions sont terminées. Elles nous ont demandé de transmettre les salutations et les félicitations pour l'excellent travail de reconstruction et de réconciliation que le Président Alassane Ouattara conduit.
Réalisée par Thiery Latt
Le Patriote : Monsieur le Porte-parole Principal du RDR, vous revenez de France où vos avez suivi de près l'audience de confirmation des charges contre Monsieur Gbagbo dans l’affaire qui l’oppose à la CPI. Que retenez-vous de cette audience?
M. Joël N'GUESSAN: Il y a 3 leçons essentielles que j'ai tirées de cette audience de confirmation des charges. La première concerne la posture que les avocats de Monsieur Laurent Gbagbo ont adoptée. Ils se sont mis dans une posture politique là où on attendait d'eux qu'ils apportent la preuve de la non-responsabilité de leur client dans les milliers de crimes de la crise postélectorale. Ils se sont enfermés dans des artifices juridiques du genre : « c'est la France et l'ONU qui ont fait la guerre à leur client, Monsieur Laurent Gbagbo; les problèmes de la Côte d'Ivoire viennent de la rébellion déclenchée en septembre 2002; le clan de M. Laurent Gbagbo n'est pas le seul à avoir commis des crimes pendant la crise postélectorale, etc. ». En les écoutants, j'ai compris qu'ils étaient acculés, car ils ne pouvaient rien démontrer de contraire à ce que le Procureur avait produit comme preuves sur les crimes de guerre et les crimes contre l'humanité du régime de M. Laurent Gbagbo. La deuxième concerne l'argumentaire des avocats de la défense en ce qui concerne l'assassinat des femmes et les bombardements à l'arme lourde contre les populations civiles. J'ai été personnellement ahuri et outragé. J'ai considéré que Maître Altit a dépassé les bornes en matière de défense de son client. C'est comme s'il n'avait plus de valeur morale. Il s'est autorisé à prétendre que les femmes tuées à Abobo ne l'ont pas été; et que c'est du sang de mouton dans lequel on les a vu baigner, il aurait pu parler de ‘’Bissap’’ comme les autres du FPI. Quand un avocat de son rang en arrive à emprunter ce type d'arguments, nous sommes obligés de conclure qu'il est en plein dans l'indécence. Il n'avait pas besoin de tomber si bas pour justifier les honoraires exceptionnels qu'il perçoit dans cette affaire et qui le mettront définitivement à l'abri du besoin pour ses vieux jours. Cela dans la droite ligne de certains défenseurs des causes indéfendable, que je ne voudrais pas nommer ici. Je vous informe que nous allons accompagner et encadrer les dizaines de milliers de victimes et leurs parents pour porter plainte contre Maître Altit pour ses propos indécents et immoraux. La troisième concerne l'intervention tant attendue de Monsieur Laurent Gbagbo. Nous nous attendions tous à ce qu'il ait un mot de compassion pour les nombreuses victimes de la crise postélectorale, quels que soit leurs bords politiques. Cela n'a pas été le cas. Cela a démontré de plus que ce monsieur n'a aucun regret. « Mille morts à gauche, mille morts à droite », il avance. C'est ce qu'il nous avait déclaré quand il était encore au pouvoir. C'est dommage pour un homme qui a présidé aux destinées de notre pays. Il a raté l'occasion de se faire pardonner par les milliers de crimes inutiles commis sous son régime. Je suis convaincu que s'il avait emprunté la voix et la voie de la repentance, les Ivoiriens dans leur grande majorité, qu'ils soient du nord, de l'est, du sud, de l'ouest ou du centre, nonobstant leurs bords politiques, PDCI, FPI, MFA, RDR, UDPCI auraient comme un seul homme demandé à ce que les Ivoiriens fassent une pétition pour demander que Laurent Gbagbo quitte la Haye.
LP : Pensez-vous Gbagbo a une chance d’échapper à un procès?
JN: Ce sera du domaine du miracle. Mais laissons les juges de la chambre préliminaire apprécier. À ce niveau de la procédure, nous les politiques ne pouvons plus interférer dans leur décision. Ce ne sont ni nos déclarations, ni nos manifestations publiques qui vont influencer quoi que ce soit. Le vin est tiré nous allons tous le boire.
LP : Nous avons été aussi informés que vous avez mis à profit votre séjour en France pour nouer des relations fructueuses avec les socialistes français. Quel est le sens de ces contacts que vous avez établis surtout que votre parti, le RDR, est de la droite libérale?
JN: En rencontrant les leaders politiques de la gauche, notre parti ne se renie pas par rapport à l'alliance qui nous lie à l'UMP, parti de la droite française dont les responsables ont agi positivement pour éviter à notre pays la déflagration lors de notre malheureuse crise postélectorale. Pour cela, nous serons toujours reconnaissants à l'UMP et à l'ex-Président français Nicolas Sarkozy, qui ont joué de tout leur poids pour empêcher que les Ivoiriens connaissent le génocide comme ce fut le cas au Rwanda où il y a eu plus d'un million de morts. Ceci étant dit, je vous fais remarquer que, même lorsqu'il n'était pas encore président de la République, Monsieur François Hollande, socialiste et actuel Chef de l'Etat français, avait déclaré que Monsieur Laurent Gbagbo était infréquentable. Mme Martine Aubry, Maire de Lille qui était Secrétaire du Parti Socialiste français avait dans une déclaration demandé à Monsieur Lauent Gbagbo d'accepter sa défaite. On a aussi en mémoire les propos du Président américain Barack Obama (dont le parti est de gauche). Il avait demandé le départ de M. Laurent Gbagbo. Il a même mis en cause la morale du régime de M. Laurent Gbagbo. C'est vous dire qu'il ne s'agit pas d'une question de gauche ou de droite. Il s'agissait de faire triompher la démocratie. C'est ce que tous les démocrates de gauche ou de droite ont exigé et qui a abouti à la fin de la dictature en Côté d'Ivoire, le 11 avril 2011.
LP : Qu'avez-vous retenu de vos différentes rencontres avec les membres du Sénat et de l'Assemblée nationale française?
JN: Toutes les personnalités de gauche que nous avons rencontrées sont unanimes pour dire que le Président Alassane Ouattara est sur une trajectoire positive. Elles se réjouissent que la Côté d'Ivoire redevienne l'épicentre du développement économique et social de la sous-région ouest africaine. La reconduction de notre Président à la tête de la CEDEAO est pour eux un motif supplémentaire pour encourager et accompagner notre pays dans sa marche vers l'Etat de droit. Elles ne nous ont pas caché qu'elles ont eu des appréhensions, pendant la crise postélectorale mais que ces appréhensions sont terminées. Elles nous ont demandé de transmettre les salutations et les félicitations pour l'excellent travail de reconstruction et de réconciliation que le Président Alassane Ouattara conduit.
Réalisée par Thiery Latt