Ouagadougou, Stade du 4 août. Il est 19h20. Nous sommes, samedi 2 mars. La cérémonie de clôture de ce 23ème Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou, qui avait débuté, un peu plus de 3 heures plus tôt, atteint son point culminant. «Voici maintenant le moment tant attendu », lance Euzhan Palcy, réalisatrice martiniquaise et présidente du jury long métrage de ce 23ème Fespaco. Le public retient son souffle. « Pour l’originalité du sujet, la sagesse avec laquelle il évoque une histoire facile à raconter, le jury a décerné l’Etalon d’or à Tey (Aujourd’hui) d’Alain Gomis », tonne t- elle. Explosion de joie ! Le jeune Franco-Sénégalais, qui reçoit les félicitations de ses compatriotes et de ses pairs, n’en revient. Alain Gomis ne doute pas qu’il vient d’entrer par la grande porte dans l’histoire de ce son pays. « Je suis très ému et très fier de pouvoir apporté le 1er Etalon d’or au Sénégal », indique t-il d’une voix étreinte d’émotion. En plus de la statuette dorée, il empoche surtout la coquette somme de 10 millions de FCFA. « Tey (Aujourd’hui) » conte, avec une grande intensité dramatique, les derniers moments d’un homme, Satché, campé par l’acteur Saul William. Rôle pour lequel, il a d’ailleurs obtenu le Prix d’interprétation masculine. En sacrant cette œuvre, le jury a surtout récompensé une démarche esthétique novatrice et une audace dans la réalisation, au détriment de la force thématique. L’Etalon d’argent de Yennenga a été attribué à «Yema», également prix de la meilleure image, de l’Algérienne Djamila Sahraoui (un trophée et 5 millions), qui fond littéralement en larmes, étreinte par une émotion inouïe. Donné favori pour de nombreux festivaliers, « La Pirogue » de Moussa Touré, se console avec L’Etalon de bronze de Yennenga (un trophée et 2,5 millions de FCFA). Pour, d’après Mme Palcy, « la simplicité, l’efficacité et la maîtrise avec laquelle il a traité l’une des grandes tragédies de ce monde». Précédé d’une belle réputation, puisqu’il a gagné le Tanit d’Or aux Journées Cinématographiques de Carthage à Tunis, en Tunisie, ce film a connu un succès populaire au cours de ce 23ème Fespaco où il a fait salle comble à chacune de ses projections. Pour preuve, ce film, qui traite la question de l’immigration des jeunes Africains vers l’Occident, a aussi raflé le Prix des Etats-Unis d’Amérique et celui de la Cedeao, dotés respectivement de 2 et 5 millions de FCFA.Dans la section courts métrages, le Poulain d’or a été remis au Tunisien Anis Lasoued pour son film « Les souliers de l’Aïd », le Poulain d’Argent au Malgache Randriamanana et le Poulain de Bronze à « DIALEMI (Elle s’amuse)» de Nadine OTSOBOGO. Pour le documentaire, le 1er Prix a été décerné à « Même pas mal » de la Tunisienne Nadia El Fani, le 2ème Prix à « Calypso Rose » de la Camerounaise Pascale Obolo quand le 3ème Prix est parti dans les bras du Sénégalais William MBaye pour « Président Dia ».
Y. Sangaré, envoyé spécial
Y. Sangaré, envoyé spécial