Les producteurs inquiets, ce qu’il faut craindre;Réactions des responsables de la mine et de la direction
La production du cacao est l’une des premières sources de devises de la localité d’Oumé. Pour équilibrer sa demande intérieure, l’État a engagé depuis 2004, le département sur d’autres challenges dont l’exploitation de l’or. Mais aujourd’hui, la cohabitation est difficile à cause de l’extension des champs de la seconde activité au détriment de la première. Reportage.
Il est exactement 10 h 18 mn ce matin, lorsque nous foulons le sol de la localité d’Oumé. Direction, Botindin, canton regroupant neuf campements : Djahakoffikro, Loukoukro, Kouamékoffikro, Krakro 1 et 2, Yobouékro, Konankouadiokro, N’drikro et Groussikro. A notre arrivée au premier lieu sus-mentionné, nous notons une mobilisation exceptionnelle. Les visages laissent entrevoir amertume et angoisse. «Cette histoire de recherche d’or nous inquiète. Nos parents sont installés ici depuis 1940 et nous les jeunes déscolarisés, nous sommes revenus à la terre. Si on vient détruire nos plantations, qu’allons-nous devenir ? Ici, les populations ont encore de la force vive pour travailler. Nous produisons jusqu’à 100 tonnes de cacao», laisse entendre Yao Koffi Lazare, président central des jeunes de Botindin. A sa suite, Angora Yao, président du comité de défense des intérêts, organisation opposée à la destruction des plantations de cacao, se déchaîne. «C’est en 2004 que la société d’extraction d’or est venue faire une première prospection. Ensuite, elle est repartie. Après, les responsables sont revenus creuser des puits dans nos plantations sous prétexte que c’est pour extraire de l’or. Nous ne voulons pas. Et c’est pour nous défendre que nous avons constitué un comité de défense. Plusieurs fois nous avons tenu des réunions auxquelles nous avons associé les responsables de l’entreprise minière. Nous leur avons dit que nous n’accepterons pas d’être délogés. A cet effet, nous avons rencontré MM. Soro et Meité qui sont des patrons de cette structure. Ils nous ont fait savoir que la zone n’était pas déclarée minière et qu’ils sont en phase de prospection. S’il s’avérait qu’ils découvrent des minerais, ils seront obligés de nous déloger et de nous dédommager. Pendant leurs missions de prospection, ils creusent et détruisent nos plantations», déplore M. Angora. Le chef du canton Botindin, Koffi Kouakou Jérôme est tout aussi préoccupé que les populations, par la menace qui plane sur l’héritage légué par leurs parents. «Certes, la terre appartient à l’Etat, mais nous sommes arrivés ici depuis des années pour la cultiver. A notre arrivée, nous avons rencontré nos tuteurs (ndlr: les Gouro) qui nous ont cédé ces parcelles. Depuis que nous sommes installés, jamais nous n’avons été inquiétés jusqu’à l’arrivée de la société minière», s’inquiète le garant des us et coutumes des 9 campements. Passé l’étape des échanges, une délégation s’est rapidement constituée pour nous conduire dans les champs. Chemin faisant, le paysage qui s’offre à nous atteste de l’importance qu’accordent les populations à la culture du cacao et du café dans la zone. Derrière ces plantations en production qui s’étendent à perte de vue, se cache un autre décor, bien triste. «La première fois qu’ils sont venus commettre ces dégâts, ils m’ont remis 400.000 FCFA. C’était en 2002. La deuxième fois, ils m’ont remis 150.000 FCFA. Ils ont détruit mon champ de 09 mètres de largeur sur 1 km. Cette année, je n’ai récolté que 240 KG. Actuellement j’ai tous les problèmes. Pour un plant de cacaoyer, ils te remettent 2000 FCFA pour les dommages, alors qu’un seul pied peut donner 40 à 50 cabosses de cacao voir plus. Ce qui peut revenir entre 20.000 FCFA et 30.000 FCFA. », a déploré Konan Kouamé Jules dont les parties rasées servent désormais à la culture d’aubergine, de banane plantain et tarots. Venus en soutien à ses membres, Yao Laupez, président du collectif des opérateurs de la filière café-cacao de Oumé, par ailleurs, président du conseil d’administration de la coopérative Espoir des producteurs de Oumé n’est pas resté indifférent après le constat. « C’est frustrant et cela dépasse notre entendement. Il faut que les gens comprennent qu’avant de prendre des décisions, il faut avoir au préalable fait des analyses puis peser les conséquences. En même temps qu’on demande aux paysans de faire des efforts, à travers le renouvellement de leurs plants, il se trouve qu’on détruit ces plants au profit de l’or. On te dédommage pour un petit temps alors que le cacao donne des intérêts de 10 à 15 ans ou plus. Et puis ce sont des familles entières qui bénéficient des retombées des productions. Nous interpellons le conseil café-cacao à défendre les intérêts des producteurs sinon ils vont finir par détruire toutes les plantations de cacao », s’est-il inquiété. L’exploitation de l’or menace gravement la production de cacao du département. Les producteurs de cette zone dénoncent, depuis 2002 jusqu’à ce jour une baisse considérable du tonnage chaque année. « Il y a des zones ou bases où les productions ont chuté à cause de l’exploitation minière. Je demande aux planteurs de penser à demain. Nous avons entamé des démarches auprès de la société minière. », a ajouté le Pca. Pour avoir le cœur net sur cette affaire, nous avons sollicité une audience auprès de la direction de la société minière Newcrest Mining limited-Côte d’Ivoire basée à Bonikro, Hiré. Laquelle démarche s’est avérée fructueuse puisque nous avons été éclairés par Famoussa Kamara, community superintendant (SDE) ou directeur des relations communautaires. Le rendez-vous avec ce dernier a été pris pour le lendemain, jeudi 06 décembre 2012. Sans tabou, tous les sujets sont abordés. « Nos interventions au niveau de Oumé sont basées sur des activités d’exploration. Dans ce cas de recherche de filon, nous sommes en interaction avec les communautés vivant dans nos zones d’intervention. A Oumé, nous intervenons en faisant de l’exploration dans les champs. Nous traversons des champs. Ce sont des bandes de largeur maximum de 10 mètres qui sont faites. Ce n’est pas des plantations qui sont largement abattus. Cela se fait dans des champs, sur des terrains qui peuvent être en friche, en culture mais tout cela dans les zones, dans les périmètres qui nous sont confiés par l’Etat de Côte d’Ivoire et que nous avons acquis. Mais néanmoins, lorsque nous intervenons ainsi et que nous causons un dégât à un tiers, nous sommes contraints de compenser ses dégâts. C’est déjà arrivé. On trouve les moyens de compenser de façon légale parce que l’Etat Ivoirien est organisé, donc il y a des barèmes qui existent. Lorsqu’il nous arrive de détruire par exemple un plan de palmier, de papayer, cacaoyer, tout cela est codifié et il y a un barème qui existe mais très généralement pour améliorer nos relations avec les parties prenantes, notamment donc avec les paysans, il faut aller au delà de ce que l’Etat propose. C’est une négociation avec le vis-à-vis de manière à l’amener à accepter volontairement et à consentir à l’arrangement que vous faites pour vous permettre de faire votre travail. Bien que nous ayons de l’Etat un permis d’explorer en ces endroits et que nous ayons un périmètre bien défini. Nous venons d’organiser des séances de sensibilisation dans les villages en rapport avec notre activité. Ce n’est pas tout Oumé qui est concerné. Certes, il y a des prospections, c’est-à-dire des endroits où nous allons intervenir mais ces lieux ne sont pas explorés. Nous projetons aujourd’hui une extension vers des zones appartenant à Oumé dont notamment Dougbafla EST. Nous allons extraire des minerais que nous allons traiter à l’usine. Pour extraire les minerais, c’est une carrière qui se fera, c’est des fosses qui vont être faites », a-t-il prévenu.
Entretien avec Soro Mahamadou (Directeur départemental de l’agriculture de Oumé) :
« L’exploitation de l’or a été l’un de nos soucis majeurs »
Monsieur le directeur, quel est l’impact de la recherche de l’or sur le domaine agricole à Oumé ?
Oumé est une zone où il y a assez d’or. De Hiré jusqu’à ce département, il faut reconnaître que le sous sol est riche. Effectivement, l’exploitation de l’or a été l’un de nos soucis majeurs. Nous avons plusieurs fois eu des séances de travail avec les représentants de la mine d’or appelé Newcrest. J’ai même évoqué ces soucis. Et depuis un certain temps, nous avons constaté des destructions et des plaintes de paysans. Avant de faire des destructions, les agents viennent nous voir. A l’époque, dans les années 2009, c’était équigold. Avant les explorations, nous sommes saisis et nous dépêchons des agents sur le terrain pour faire les constats d’usage. Cela se faisait sincèrement avec l’accord des paysans. Après cette étape, ils font une évaluation pour les dédommager. Il y a même des préoccupations qui ont été évoquées, au cours de nos réunions, à savoir qu’avec le changement climatique, nous avons constaté qu’au fur à mesure que nous avançons, il y a une baisse de production du cacao surtout avec l’avènement de l’exploitation de l’or. Cela s’avère inquiétant. Nous pouvons atteindre une baisse drastique. De façon historique, la production était de 50.000 tonnes de cacao et 30.000 tonnes de café mais de nos jours, nous ne pouvons atteindre cette production. Aujourd’hui c’est le tiers qui est produit. Donc l’avènement de la mine d’or a entraîné beaucoup de choses, en conséquence, la baisse de la production des matières premières dans le département.
Êtes-vous informé des zones à explorer ?
Oui, en dehors de Bonikro, nous avons une zone chez nous où ils ont installé une base d’exploitation. C’est la zone de Dougbafla-Est comprenant le village de Dougbafla, Doka et des campements environnants.
Monsieur le directeur, pouvons-nous avoir le bilan partiel de la production du département, par ailleurs, êtes-vous également informé du passage des miniers à Botindin ?
En ce qui concerne le bilan partiel, nous n’avons pas encore arrêté les rapports. Nous le faisons de concert avec la délégation régional du café-cacao. Nous n’avons pas été informé des miniers à Botindin en 2004. J’ai pris fonction ici en 2008. L’administration est une continuité mais, on ne m’a pas fait cas.
Avez-vous un détail important à relever ?
Oui, actuellement se déroule une étude d’impact environnemental et social. Nous avons déjà entamé des concertations. La semaine dernière, il y a eu une réunion et les villages concernés ont été convoqués à travers les chefs de village y compris les représentants de la mine d’or en présence du député Bohui Martin. La séance de travail s’est bien déroulée et un procès verbal a été rédigé. Les miniers ont promis travailler, mais après avoir au préalable rencontré les têtes couronnées. J’ai apprécié la démarche.
Ce qu’il faut craindre
Après plus de 60 ans passés loin de chez eux, les planteurs allogènes venus à l’aventure, à la recherche d’un bien-être social par le travail de la terre ne connaissent que leur actuel lieu d’accueil. Avec la recherche de l’or et la destruction des plantations de café et de cacao, ils ne savent plus où donner de la tête. Si ses champs étaient détruits et les campements rasés, où iront-ils s’installer ? Pourront-ils avec les indemnités (?) qu’ils recevront se réadapter où se reconstituer une nouvelle vie? Dans l’un ou l’autre des cas, il leur faudra de nouvelles terres, or nous le savons, celles-ci sont de plus en plus rares ou n’existent presque plus. Il faudra à ces planteurs de retourner dans leurs villages natals. Des endroits qu’ils n’ont jamais connus et où ils ne sont pas connus, donc des inconnus. Voués au nomadisme, l’Etat a-t-il une solution pour ces planteurs ?
Venance KOKORA
La production du cacao est l’une des premières sources de devises de la localité d’Oumé. Pour équilibrer sa demande intérieure, l’État a engagé depuis 2004, le département sur d’autres challenges dont l’exploitation de l’or. Mais aujourd’hui, la cohabitation est difficile à cause de l’extension des champs de la seconde activité au détriment de la première. Reportage.
Il est exactement 10 h 18 mn ce matin, lorsque nous foulons le sol de la localité d’Oumé. Direction, Botindin, canton regroupant neuf campements : Djahakoffikro, Loukoukro, Kouamékoffikro, Krakro 1 et 2, Yobouékro, Konankouadiokro, N’drikro et Groussikro. A notre arrivée au premier lieu sus-mentionné, nous notons une mobilisation exceptionnelle. Les visages laissent entrevoir amertume et angoisse. «Cette histoire de recherche d’or nous inquiète. Nos parents sont installés ici depuis 1940 et nous les jeunes déscolarisés, nous sommes revenus à la terre. Si on vient détruire nos plantations, qu’allons-nous devenir ? Ici, les populations ont encore de la force vive pour travailler. Nous produisons jusqu’à 100 tonnes de cacao», laisse entendre Yao Koffi Lazare, président central des jeunes de Botindin. A sa suite, Angora Yao, président du comité de défense des intérêts, organisation opposée à la destruction des plantations de cacao, se déchaîne. «C’est en 2004 que la société d’extraction d’or est venue faire une première prospection. Ensuite, elle est repartie. Après, les responsables sont revenus creuser des puits dans nos plantations sous prétexte que c’est pour extraire de l’or. Nous ne voulons pas. Et c’est pour nous défendre que nous avons constitué un comité de défense. Plusieurs fois nous avons tenu des réunions auxquelles nous avons associé les responsables de l’entreprise minière. Nous leur avons dit que nous n’accepterons pas d’être délogés. A cet effet, nous avons rencontré MM. Soro et Meité qui sont des patrons de cette structure. Ils nous ont fait savoir que la zone n’était pas déclarée minière et qu’ils sont en phase de prospection. S’il s’avérait qu’ils découvrent des minerais, ils seront obligés de nous déloger et de nous dédommager. Pendant leurs missions de prospection, ils creusent et détruisent nos plantations», déplore M. Angora. Le chef du canton Botindin, Koffi Kouakou Jérôme est tout aussi préoccupé que les populations, par la menace qui plane sur l’héritage légué par leurs parents. «Certes, la terre appartient à l’Etat, mais nous sommes arrivés ici depuis des années pour la cultiver. A notre arrivée, nous avons rencontré nos tuteurs (ndlr: les Gouro) qui nous ont cédé ces parcelles. Depuis que nous sommes installés, jamais nous n’avons été inquiétés jusqu’à l’arrivée de la société minière», s’inquiète le garant des us et coutumes des 9 campements. Passé l’étape des échanges, une délégation s’est rapidement constituée pour nous conduire dans les champs. Chemin faisant, le paysage qui s’offre à nous atteste de l’importance qu’accordent les populations à la culture du cacao et du café dans la zone. Derrière ces plantations en production qui s’étendent à perte de vue, se cache un autre décor, bien triste. «La première fois qu’ils sont venus commettre ces dégâts, ils m’ont remis 400.000 FCFA. C’était en 2002. La deuxième fois, ils m’ont remis 150.000 FCFA. Ils ont détruit mon champ de 09 mètres de largeur sur 1 km. Cette année, je n’ai récolté que 240 KG. Actuellement j’ai tous les problèmes. Pour un plant de cacaoyer, ils te remettent 2000 FCFA pour les dommages, alors qu’un seul pied peut donner 40 à 50 cabosses de cacao voir plus. Ce qui peut revenir entre 20.000 FCFA et 30.000 FCFA. », a déploré Konan Kouamé Jules dont les parties rasées servent désormais à la culture d’aubergine, de banane plantain et tarots. Venus en soutien à ses membres, Yao Laupez, président du collectif des opérateurs de la filière café-cacao de Oumé, par ailleurs, président du conseil d’administration de la coopérative Espoir des producteurs de Oumé n’est pas resté indifférent après le constat. « C’est frustrant et cela dépasse notre entendement. Il faut que les gens comprennent qu’avant de prendre des décisions, il faut avoir au préalable fait des analyses puis peser les conséquences. En même temps qu’on demande aux paysans de faire des efforts, à travers le renouvellement de leurs plants, il se trouve qu’on détruit ces plants au profit de l’or. On te dédommage pour un petit temps alors que le cacao donne des intérêts de 10 à 15 ans ou plus. Et puis ce sont des familles entières qui bénéficient des retombées des productions. Nous interpellons le conseil café-cacao à défendre les intérêts des producteurs sinon ils vont finir par détruire toutes les plantations de cacao », s’est-il inquiété. L’exploitation de l’or menace gravement la production de cacao du département. Les producteurs de cette zone dénoncent, depuis 2002 jusqu’à ce jour une baisse considérable du tonnage chaque année. « Il y a des zones ou bases où les productions ont chuté à cause de l’exploitation minière. Je demande aux planteurs de penser à demain. Nous avons entamé des démarches auprès de la société minière. », a ajouté le Pca. Pour avoir le cœur net sur cette affaire, nous avons sollicité une audience auprès de la direction de la société minière Newcrest Mining limited-Côte d’Ivoire basée à Bonikro, Hiré. Laquelle démarche s’est avérée fructueuse puisque nous avons été éclairés par Famoussa Kamara, community superintendant (SDE) ou directeur des relations communautaires. Le rendez-vous avec ce dernier a été pris pour le lendemain, jeudi 06 décembre 2012. Sans tabou, tous les sujets sont abordés. « Nos interventions au niveau de Oumé sont basées sur des activités d’exploration. Dans ce cas de recherche de filon, nous sommes en interaction avec les communautés vivant dans nos zones d’intervention. A Oumé, nous intervenons en faisant de l’exploration dans les champs. Nous traversons des champs. Ce sont des bandes de largeur maximum de 10 mètres qui sont faites. Ce n’est pas des plantations qui sont largement abattus. Cela se fait dans des champs, sur des terrains qui peuvent être en friche, en culture mais tout cela dans les zones, dans les périmètres qui nous sont confiés par l’Etat de Côte d’Ivoire et que nous avons acquis. Mais néanmoins, lorsque nous intervenons ainsi et que nous causons un dégât à un tiers, nous sommes contraints de compenser ses dégâts. C’est déjà arrivé. On trouve les moyens de compenser de façon légale parce que l’Etat Ivoirien est organisé, donc il y a des barèmes qui existent. Lorsqu’il nous arrive de détruire par exemple un plan de palmier, de papayer, cacaoyer, tout cela est codifié et il y a un barème qui existe mais très généralement pour améliorer nos relations avec les parties prenantes, notamment donc avec les paysans, il faut aller au delà de ce que l’Etat propose. C’est une négociation avec le vis-à-vis de manière à l’amener à accepter volontairement et à consentir à l’arrangement que vous faites pour vous permettre de faire votre travail. Bien que nous ayons de l’Etat un permis d’explorer en ces endroits et que nous ayons un périmètre bien défini. Nous venons d’organiser des séances de sensibilisation dans les villages en rapport avec notre activité. Ce n’est pas tout Oumé qui est concerné. Certes, il y a des prospections, c’est-à-dire des endroits où nous allons intervenir mais ces lieux ne sont pas explorés. Nous projetons aujourd’hui une extension vers des zones appartenant à Oumé dont notamment Dougbafla EST. Nous allons extraire des minerais que nous allons traiter à l’usine. Pour extraire les minerais, c’est une carrière qui se fera, c’est des fosses qui vont être faites », a-t-il prévenu.
Entretien avec Soro Mahamadou (Directeur départemental de l’agriculture de Oumé) :
« L’exploitation de l’or a été l’un de nos soucis majeurs »
Monsieur le directeur, quel est l’impact de la recherche de l’or sur le domaine agricole à Oumé ?
Oumé est une zone où il y a assez d’or. De Hiré jusqu’à ce département, il faut reconnaître que le sous sol est riche. Effectivement, l’exploitation de l’or a été l’un de nos soucis majeurs. Nous avons plusieurs fois eu des séances de travail avec les représentants de la mine d’or appelé Newcrest. J’ai même évoqué ces soucis. Et depuis un certain temps, nous avons constaté des destructions et des plaintes de paysans. Avant de faire des destructions, les agents viennent nous voir. A l’époque, dans les années 2009, c’était équigold. Avant les explorations, nous sommes saisis et nous dépêchons des agents sur le terrain pour faire les constats d’usage. Cela se faisait sincèrement avec l’accord des paysans. Après cette étape, ils font une évaluation pour les dédommager. Il y a même des préoccupations qui ont été évoquées, au cours de nos réunions, à savoir qu’avec le changement climatique, nous avons constaté qu’au fur à mesure que nous avançons, il y a une baisse de production du cacao surtout avec l’avènement de l’exploitation de l’or. Cela s’avère inquiétant. Nous pouvons atteindre une baisse drastique. De façon historique, la production était de 50.000 tonnes de cacao et 30.000 tonnes de café mais de nos jours, nous ne pouvons atteindre cette production. Aujourd’hui c’est le tiers qui est produit. Donc l’avènement de la mine d’or a entraîné beaucoup de choses, en conséquence, la baisse de la production des matières premières dans le département.
Êtes-vous informé des zones à explorer ?
Oui, en dehors de Bonikro, nous avons une zone chez nous où ils ont installé une base d’exploitation. C’est la zone de Dougbafla-Est comprenant le village de Dougbafla, Doka et des campements environnants.
Monsieur le directeur, pouvons-nous avoir le bilan partiel de la production du département, par ailleurs, êtes-vous également informé du passage des miniers à Botindin ?
En ce qui concerne le bilan partiel, nous n’avons pas encore arrêté les rapports. Nous le faisons de concert avec la délégation régional du café-cacao. Nous n’avons pas été informé des miniers à Botindin en 2004. J’ai pris fonction ici en 2008. L’administration est une continuité mais, on ne m’a pas fait cas.
Avez-vous un détail important à relever ?
Oui, actuellement se déroule une étude d’impact environnemental et social. Nous avons déjà entamé des concertations. La semaine dernière, il y a eu une réunion et les villages concernés ont été convoqués à travers les chefs de village y compris les représentants de la mine d’or en présence du député Bohui Martin. La séance de travail s’est bien déroulée et un procès verbal a été rédigé. Les miniers ont promis travailler, mais après avoir au préalable rencontré les têtes couronnées. J’ai apprécié la démarche.
Ce qu’il faut craindre
Après plus de 60 ans passés loin de chez eux, les planteurs allogènes venus à l’aventure, à la recherche d’un bien-être social par le travail de la terre ne connaissent que leur actuel lieu d’accueil. Avec la recherche de l’or et la destruction des plantations de café et de cacao, ils ne savent plus où donner de la tête. Si ses champs étaient détruits et les campements rasés, où iront-ils s’installer ? Pourront-ils avec les indemnités (?) qu’ils recevront se réadapter où se reconstituer une nouvelle vie? Dans l’un ou l’autre des cas, il leur faudra de nouvelles terres, or nous le savons, celles-ci sont de plus en plus rares ou n’existent presque plus. Il faudra à ces planteurs de retourner dans leurs villages natals. Des endroits qu’ils n’ont jamais connus et où ils ne sont pas connus, donc des inconnus. Voués au nomadisme, l’Etat a-t-il une solution pour ces planteurs ?
Venance KOKORA