La construction de toute société est une quête permanente. Sa solidité repose sur des piliers eux-mêmes rivés au socle que constitue le patrimoine culturel.
D’où venons-nous ? Qui sommes-nous et que sommes-nous ? Quelles sont les règles qui régissent nos rapports dans le groupe que nous constituons et que l’on désigne comme étant le peuple, notre peuple ? Quelles sont, dans le commerce que nous avons les uns avec les autres, les bornes à ne pas dépasser ? Quels sont en somme les droits et les devoirs qui nous permettent de nous forger une individualité, une identité par rapport à d’autres groupements humains ? Et notre société en perpétuelle mutation, puisqu’en permanente édification, qu’apporte t-elle aux autres sociétés qui, avec elle, se donnent les lois du vivre ensemble pour constituer l’humanité ? Comment résistons-nous, dans les échanges avec et dans le monde, aux risques d’aliénation qui peuvent, s’ils s’avéraient, nous faire perdre notre identité, la nature même de notre existence ?
Ces quelques questions dont la liste n’est pas exhaustive, pourraient aussi se décliner de la manière suivante : quelle est la nature du rassemblement humain identifié que nous constituons ; quelle est l’essence de la société qui est nôtre et comment, par quels mécanismes et quelles voies nous la transformons dans le sens de sa consolidation, pour son rayonnement, c’est-à-dire aussi pour sa capacité à contribuer à l’enrichissement du destin de l’Humanité ?
Toute société qui n’a pas de projet, ou qui, si elle en a, ne le met pas en œuvre de manière volontariste, se sclérose et peut mourir.
Le socle culturel de la société est un héritage qu’il faut préserver et valoriser. Pour cela, la nature, disons la qualité de l’héritage doit être connue. A partir de cet existant, des ambitions légitimes sont permises qui, pour être réalisées, doivent s’inscrire dans des actions, dans un programme de sauvegarde et de renforcement des valeurs inscrites dans le patrimoine.
Ce qu’il est convenu d’appeler le progrès ou le développement, n’est rien d’autre que des acquisitions nouvelles et continues qui offrent au peuple d’être à l’heure du monde en donnant et en recevant des autres, en partageant avec les autres, pour vivre ensemble, dans l’harmonie.
Le projet de société s’appuie sur des fondamentaux, sur un ensemble de règles et de valeurs inaliénables et sur des moyens humains pour construire au quotidien le progrès.
Le monde est comme une termitière qui se construit, comme dit le philosophe, par «l’apport de la terre à la terre». L’organisation de la société se fait, sous des formes diverses, par l’initiation. Celle-ci est patente dans ce qu’il est convenu d’appeler le milieu traditionnel, où s’acquiert une masse de connaissances qui fortifient les valeurs assurant à l’individu, le sens de la responsabilité pleine et entière. L’homme, en s’accomplissant, sacralise les valeurs que sont notamment le respect de la parole donnée, la vérité, la dignité, l’honneur, la patience, l’endurance, l’humilité, le courage, l’esprit de solidarité et de partage. Dans le milieu dit moderne, la société s’organise dans et autour de l’école. Ce qui suppose que soient définis la place, le rôle et la finalité du système scolaire dont le sommet est l’université. C’est dire que tout projet de société qui nait se transforme et se consolide à «la tête» de l’école, c’est-à-dire à l’université. L’école en quelque sorte assure la pérennité des valeurs qui sous-tendent toute vie en société. Les vertus enseignées à l’école sont : le travail, la justice, le respect de l’autre, la grandeur dans l’humilité.
Le rôle de l’école, c’est, à côté de la famille et surtout avec elle, faire apprendre, éduquer, socialiser, responsabiliser ; faire du travail et de l’effort, des vertus cardinales ; c’est prendre au monde et donner au monde ; c’est «ajouter de la terre à la terre». Une société qui ne bouge pas s’ennuie et reste sur place en voyant le monde «partir». Elle secrète, engendre alors et ancre durablement en son sein, des sentiments de révolte qui génèrent la violence. Celle-ci, dans son cycle infernal conduit toujours à la dégénérescence, voire à la totale destruction de la société.
L’école est avant tout le premier creuset de la justice sociale, parce qu’école de l’effort et du travail, d’abord individuels, qui sont ensuite sanctionnés par la reconnaissance collective. S’y côtoient les citoyens de tous les horizons et de toutes les conditions, logés tous à la même enseigne, celle du mérite. C’est à l’école que se développent la capacité d’écoute, l’humilité, la tolérance, la camaraderie dans le respect mutuel. L’école entretient un environnement de non violence qui promeut et consolide en définitive la démocratie et les droits de l’homme. L’école, d’une certaine manière, s’inscrit dans la recherche du métissage, qui conforte les bases de la société.
L’université, temple de la pensée et de l’intelligence, est aussi sanctuaire de la raison. Elle fait germer les idées qu’elle brasse pour forger et déterminer des choix qui tiennent compte des valeurs universelles d’honnêteté, de justice et de tolérance. L’université alors s’invite dans les joutes qui concernent l’entièreté de la société. De la base au sommet, c’est-à-dire à l’université, l’école entretient l’esprit du débat contradictoire constructif dans le respect mutuel.
Elle peut approuver des choix de société. Elle développe alors le maximum d’arguments positifs, pour que soient atteints les objectifs fixés pour ce qu’il est convenu d’appeler le développement social, culturel et économique de ladite société. Mais elle peut s’indigner, et elle se révolte souvent, pour stigmatiser les injustices et en dénoncer les travers qui peuvent conduire au flétrissement des valeurs et à la dégradation du socle social.
C’est pour toutes ces raisons que l’université tient jalousement au respect des franchises nécessaires au rayonnement de la pensée par la liberté dans la production intellectuelle. L’université rend toujours claire la vision que l’on a de la ligne d’horizon, surtout lorsque la société et le monde s’installent dans les brouillards. L’horizon a ceci de merveilleux, qu’il invite à courir pour espérer l’atteindre. Ce n’est pas en regardant en arrière que l’on peut l’apercevoir. La quête d’horizon veut dire comment progresser ; comment par l’effort, par le travail, vaincre les mille et une difficultés qui font que l’on recule, parce que restant sur place, alors que les autres avancent. Mais c’est l’université, par ses réflexions contradictoires, qui évite d’aller vers un horizon qui n’est en réalité que mirage. Comme triste est de savoir, pour une société, qu’elle n’a pas de ligne d’horizon ; que devant, il n’y a rien ! Et c’est l’université qui peut nous offrir un soleil rayonnant, à l’horizon.
Ce n’est pas un hasard si l’autre nom de l’université est «l’alma mater , c’est-à-dire la «mère nourricière» en latin. C’est en effet au généreux sein de l’université que s’abreuve le peuple. Et le lait qui gicle de ce sein, a le «goût» du travail et de l’effort qui forcent à vouloir chaque fois devenir meilleur. C’est un lait limpide et riche qui appelle à la recherche de la vérité dans la sollicitation permanente de l’esprit. L’université constitue en effet une communauté où se chante l’hymne à la pensée, à l’intelligence et à la raison ; au travail et à l’action.
L’université est le sanctuaire de la liberté sous toutes ses facettes. Sa voix tient en éveil ; sa parole questionne et éclaire. Ses choix s’inscrivent dans la valorisation de la civilisation de l’universel, où est magnifié tout ce qui est commun aux peuples. Et l’originalité de son action vient de ce qu’elle apporte au monde, la signature de son propre génie créateur. L’université «échafaude la termitière de l’humanité, en apportant de la terre à la terre».
Comme nous le disions plus haut, un pays, une nation, une société, ne sont que par la qualité de la formation de ses citoyens. Ceux-ci doivent être cultivés et éclairés. C’est à l’université, l’olympe de l’esprit que sont exaltés la liberté de pensée, la liberté de parole, l’apprentissage de la vie avec les autres en tenant sa place, dans la discipline, dans la dignité et dans l’honneur. Il s’agit de former, pour permettre à l’individu de prendre en main sa vie personnelle et professionnelle, et pour construire une société libre et démocratique.
L’université, par la création et par l’innovation, façonne la société dont elle prépare l’avenir. Celles et ceux qui y travaillent dans l’enseignement et dans la recherche, œuvrent pour la conservation, la transformation et la transmission de la connaissance. L’institution alors développe un savoir libre et critique, qu’elle diffuse dans l’ensemble du corps social pour son développement culturel, politique et économique.
Le rôle de l’université dans le développement économique est extrêmement important. C’est l’université qui peut et doit, avec d’autres institutions d’enseignement et de recherche, dans un partenariat qui n’aliène pas, développer des programmes répondant aux besoins de la société. Ce qu’il faut éviter dans ce partenariat, c’est de confiner l’université dans un rôle d’exécutant, de lui ôter la distance critique avec la société, d’en faire une entreprise à vocation commerciale, de la réduire à ne s’intéresser exclusivement qu’aux effets économiques de la connaissance et in fine de n’obéir qu’au principe de rendement. Car, la pensée ne doit pas être rivée à une «chaine de production». Le partenariat ne doit pas se résumer à des occasions d’affaires qui confineraient l’université dans un rôle de supermarché. Le risque alors serait comparable, tout comme pour la diminution de la biodiversité, à l’affaiblissement de la création, au rétrécissement de l’éventail du savoir.
Les universités,
pour un départ nouveau !
La nouvelle exigence, c’est de loger «un esprit sain dans un corps sain». Le corps de notre université en souffrance, vient d’être guéri et sauvé. L’esprit qui doit y régner doit être assaini, quand on sait comment il fut torturé dix ans durant…
Les importants travaux de rénovation des universités en Côte d’Ivoire autorisent une bonne rentrée académique, à côté des autres dispositions prises, concernant l’encadrement et les équipements.
Après dix ans de dégradation et de l’environnement de l’université et surtout de l’esprit mauvais dans cette institution, le Président de la République, Alassane Ouattara, et le Gouvernement offrent aujourd’hui à la jeunesse de notre pays, le cadre nouveau, propice à son épanouissement intégral. Ce haut lieu du savoir et de la tolérance doit redevenir celui des équilibres, c’est-à-dire aussi, celui de la raison. La signature de la volonté du Chef de l’Etat de faire de la Côte d’Ivoire un pays émergent à l’horizon 2020 se traduit donc dans le puissant rayon de lumière qui balaie désormais les campus, depuis les amphithéâtres et les laboratoires, jusqu’aux cités.
Toutes celles et tous ceux qui ont fait un tour à Cocody, à Abobo-Adjamé, à Bouaké, à Korhogo et à Daloa, étudiants comme parents d’étudiants, ont le sentiment fort que l’école n’est en définitive pas faite pour échouer, dès lors qu’on réalise qu’en ces lieux, seuls le labeur et la bonne gouvernance ont droit de cité. La grande stimulation qui s’installe en chacune et en chacun en ces chantiers achevés, augure d’une année, de nombreuses autres années, où le couple «corps et esprit» restera à jamais indissociable. Car en effet, l’esprit commande au corps qui, équilibré, préserve l’harmonie globale avec l’esprit.
C’est la possibilité qui est désormais offerte à nos enfants, dans la sérénité, d’aller apprendre, et bien, toutes les sciences, pour être à l’heure du monde des connaissances, donc du progrès. Il s’agit de construire la société avec des femmes et des hommes ayant reçu une formation sûre et utile.
Ce noble projet de société trouve son point de départ dans ce qui vient d’être offert aux générations présentes et à venir. Il ne pourra être mis en œuvre, et ne saurait atteindre ses objectifs, que dans un environnement de paix sociale et de sécurité à préserver jalousement par chacun et par tous.
Professeur Alassane Salif N’DIAYE
D’où venons-nous ? Qui sommes-nous et que sommes-nous ? Quelles sont les règles qui régissent nos rapports dans le groupe que nous constituons et que l’on désigne comme étant le peuple, notre peuple ? Quelles sont, dans le commerce que nous avons les uns avec les autres, les bornes à ne pas dépasser ? Quels sont en somme les droits et les devoirs qui nous permettent de nous forger une individualité, une identité par rapport à d’autres groupements humains ? Et notre société en perpétuelle mutation, puisqu’en permanente édification, qu’apporte t-elle aux autres sociétés qui, avec elle, se donnent les lois du vivre ensemble pour constituer l’humanité ? Comment résistons-nous, dans les échanges avec et dans le monde, aux risques d’aliénation qui peuvent, s’ils s’avéraient, nous faire perdre notre identité, la nature même de notre existence ?
Ces quelques questions dont la liste n’est pas exhaustive, pourraient aussi se décliner de la manière suivante : quelle est la nature du rassemblement humain identifié que nous constituons ; quelle est l’essence de la société qui est nôtre et comment, par quels mécanismes et quelles voies nous la transformons dans le sens de sa consolidation, pour son rayonnement, c’est-à-dire aussi pour sa capacité à contribuer à l’enrichissement du destin de l’Humanité ?
Toute société qui n’a pas de projet, ou qui, si elle en a, ne le met pas en œuvre de manière volontariste, se sclérose et peut mourir.
Le socle culturel de la société est un héritage qu’il faut préserver et valoriser. Pour cela, la nature, disons la qualité de l’héritage doit être connue. A partir de cet existant, des ambitions légitimes sont permises qui, pour être réalisées, doivent s’inscrire dans des actions, dans un programme de sauvegarde et de renforcement des valeurs inscrites dans le patrimoine.
Ce qu’il est convenu d’appeler le progrès ou le développement, n’est rien d’autre que des acquisitions nouvelles et continues qui offrent au peuple d’être à l’heure du monde en donnant et en recevant des autres, en partageant avec les autres, pour vivre ensemble, dans l’harmonie.
Le projet de société s’appuie sur des fondamentaux, sur un ensemble de règles et de valeurs inaliénables et sur des moyens humains pour construire au quotidien le progrès.
Le monde est comme une termitière qui se construit, comme dit le philosophe, par «l’apport de la terre à la terre». L’organisation de la société se fait, sous des formes diverses, par l’initiation. Celle-ci est patente dans ce qu’il est convenu d’appeler le milieu traditionnel, où s’acquiert une masse de connaissances qui fortifient les valeurs assurant à l’individu, le sens de la responsabilité pleine et entière. L’homme, en s’accomplissant, sacralise les valeurs que sont notamment le respect de la parole donnée, la vérité, la dignité, l’honneur, la patience, l’endurance, l’humilité, le courage, l’esprit de solidarité et de partage. Dans le milieu dit moderne, la société s’organise dans et autour de l’école. Ce qui suppose que soient définis la place, le rôle et la finalité du système scolaire dont le sommet est l’université. C’est dire que tout projet de société qui nait se transforme et se consolide à «la tête» de l’école, c’est-à-dire à l’université. L’école en quelque sorte assure la pérennité des valeurs qui sous-tendent toute vie en société. Les vertus enseignées à l’école sont : le travail, la justice, le respect de l’autre, la grandeur dans l’humilité.
Le rôle de l’école, c’est, à côté de la famille et surtout avec elle, faire apprendre, éduquer, socialiser, responsabiliser ; faire du travail et de l’effort, des vertus cardinales ; c’est prendre au monde et donner au monde ; c’est «ajouter de la terre à la terre». Une société qui ne bouge pas s’ennuie et reste sur place en voyant le monde «partir». Elle secrète, engendre alors et ancre durablement en son sein, des sentiments de révolte qui génèrent la violence. Celle-ci, dans son cycle infernal conduit toujours à la dégénérescence, voire à la totale destruction de la société.
L’école est avant tout le premier creuset de la justice sociale, parce qu’école de l’effort et du travail, d’abord individuels, qui sont ensuite sanctionnés par la reconnaissance collective. S’y côtoient les citoyens de tous les horizons et de toutes les conditions, logés tous à la même enseigne, celle du mérite. C’est à l’école que se développent la capacité d’écoute, l’humilité, la tolérance, la camaraderie dans le respect mutuel. L’école entretient un environnement de non violence qui promeut et consolide en définitive la démocratie et les droits de l’homme. L’école, d’une certaine manière, s’inscrit dans la recherche du métissage, qui conforte les bases de la société.
L’université, temple de la pensée et de l’intelligence, est aussi sanctuaire de la raison. Elle fait germer les idées qu’elle brasse pour forger et déterminer des choix qui tiennent compte des valeurs universelles d’honnêteté, de justice et de tolérance. L’université alors s’invite dans les joutes qui concernent l’entièreté de la société. De la base au sommet, c’est-à-dire à l’université, l’école entretient l’esprit du débat contradictoire constructif dans le respect mutuel.
Elle peut approuver des choix de société. Elle développe alors le maximum d’arguments positifs, pour que soient atteints les objectifs fixés pour ce qu’il est convenu d’appeler le développement social, culturel et économique de ladite société. Mais elle peut s’indigner, et elle se révolte souvent, pour stigmatiser les injustices et en dénoncer les travers qui peuvent conduire au flétrissement des valeurs et à la dégradation du socle social.
C’est pour toutes ces raisons que l’université tient jalousement au respect des franchises nécessaires au rayonnement de la pensée par la liberté dans la production intellectuelle. L’université rend toujours claire la vision que l’on a de la ligne d’horizon, surtout lorsque la société et le monde s’installent dans les brouillards. L’horizon a ceci de merveilleux, qu’il invite à courir pour espérer l’atteindre. Ce n’est pas en regardant en arrière que l’on peut l’apercevoir. La quête d’horizon veut dire comment progresser ; comment par l’effort, par le travail, vaincre les mille et une difficultés qui font que l’on recule, parce que restant sur place, alors que les autres avancent. Mais c’est l’université, par ses réflexions contradictoires, qui évite d’aller vers un horizon qui n’est en réalité que mirage. Comme triste est de savoir, pour une société, qu’elle n’a pas de ligne d’horizon ; que devant, il n’y a rien ! Et c’est l’université qui peut nous offrir un soleil rayonnant, à l’horizon.
Ce n’est pas un hasard si l’autre nom de l’université est «l’alma mater , c’est-à-dire la «mère nourricière» en latin. C’est en effet au généreux sein de l’université que s’abreuve le peuple. Et le lait qui gicle de ce sein, a le «goût» du travail et de l’effort qui forcent à vouloir chaque fois devenir meilleur. C’est un lait limpide et riche qui appelle à la recherche de la vérité dans la sollicitation permanente de l’esprit. L’université constitue en effet une communauté où se chante l’hymne à la pensée, à l’intelligence et à la raison ; au travail et à l’action.
L’université est le sanctuaire de la liberté sous toutes ses facettes. Sa voix tient en éveil ; sa parole questionne et éclaire. Ses choix s’inscrivent dans la valorisation de la civilisation de l’universel, où est magnifié tout ce qui est commun aux peuples. Et l’originalité de son action vient de ce qu’elle apporte au monde, la signature de son propre génie créateur. L’université «échafaude la termitière de l’humanité, en apportant de la terre à la terre».
Comme nous le disions plus haut, un pays, une nation, une société, ne sont que par la qualité de la formation de ses citoyens. Ceux-ci doivent être cultivés et éclairés. C’est à l’université, l’olympe de l’esprit que sont exaltés la liberté de pensée, la liberté de parole, l’apprentissage de la vie avec les autres en tenant sa place, dans la discipline, dans la dignité et dans l’honneur. Il s’agit de former, pour permettre à l’individu de prendre en main sa vie personnelle et professionnelle, et pour construire une société libre et démocratique.
L’université, par la création et par l’innovation, façonne la société dont elle prépare l’avenir. Celles et ceux qui y travaillent dans l’enseignement et dans la recherche, œuvrent pour la conservation, la transformation et la transmission de la connaissance. L’institution alors développe un savoir libre et critique, qu’elle diffuse dans l’ensemble du corps social pour son développement culturel, politique et économique.
Le rôle de l’université dans le développement économique est extrêmement important. C’est l’université qui peut et doit, avec d’autres institutions d’enseignement et de recherche, dans un partenariat qui n’aliène pas, développer des programmes répondant aux besoins de la société. Ce qu’il faut éviter dans ce partenariat, c’est de confiner l’université dans un rôle d’exécutant, de lui ôter la distance critique avec la société, d’en faire une entreprise à vocation commerciale, de la réduire à ne s’intéresser exclusivement qu’aux effets économiques de la connaissance et in fine de n’obéir qu’au principe de rendement. Car, la pensée ne doit pas être rivée à une «chaine de production». Le partenariat ne doit pas se résumer à des occasions d’affaires qui confineraient l’université dans un rôle de supermarché. Le risque alors serait comparable, tout comme pour la diminution de la biodiversité, à l’affaiblissement de la création, au rétrécissement de l’éventail du savoir.
Les universités,
pour un départ nouveau !
La nouvelle exigence, c’est de loger «un esprit sain dans un corps sain». Le corps de notre université en souffrance, vient d’être guéri et sauvé. L’esprit qui doit y régner doit être assaini, quand on sait comment il fut torturé dix ans durant…
Les importants travaux de rénovation des universités en Côte d’Ivoire autorisent une bonne rentrée académique, à côté des autres dispositions prises, concernant l’encadrement et les équipements.
Après dix ans de dégradation et de l’environnement de l’université et surtout de l’esprit mauvais dans cette institution, le Président de la République, Alassane Ouattara, et le Gouvernement offrent aujourd’hui à la jeunesse de notre pays, le cadre nouveau, propice à son épanouissement intégral. Ce haut lieu du savoir et de la tolérance doit redevenir celui des équilibres, c’est-à-dire aussi, celui de la raison. La signature de la volonté du Chef de l’Etat de faire de la Côte d’Ivoire un pays émergent à l’horizon 2020 se traduit donc dans le puissant rayon de lumière qui balaie désormais les campus, depuis les amphithéâtres et les laboratoires, jusqu’aux cités.
Toutes celles et tous ceux qui ont fait un tour à Cocody, à Abobo-Adjamé, à Bouaké, à Korhogo et à Daloa, étudiants comme parents d’étudiants, ont le sentiment fort que l’école n’est en définitive pas faite pour échouer, dès lors qu’on réalise qu’en ces lieux, seuls le labeur et la bonne gouvernance ont droit de cité. La grande stimulation qui s’installe en chacune et en chacun en ces chantiers achevés, augure d’une année, de nombreuses autres années, où le couple «corps et esprit» restera à jamais indissociable. Car en effet, l’esprit commande au corps qui, équilibré, préserve l’harmonie globale avec l’esprit.
C’est la possibilité qui est désormais offerte à nos enfants, dans la sérénité, d’aller apprendre, et bien, toutes les sciences, pour être à l’heure du monde des connaissances, donc du progrès. Il s’agit de construire la société avec des femmes et des hommes ayant reçu une formation sûre et utile.
Ce noble projet de société trouve son point de départ dans ce qui vient d’être offert aux générations présentes et à venir. Il ne pourra être mis en œuvre, et ne saurait atteindre ses objectifs, que dans un environnement de paix sociale et de sécurité à préserver jalousement par chacun et par tous.
Professeur Alassane Salif N’DIAYE