Depuis quelques mois, le Front populaire ivoirien (Fpi) est entré en discussion avec le régime Ouattara. Cela, à travers son gouvernement. Une négociation initiée par le Premier ministre Ahoussou Jeannot et qui se poursuit avec son successeur Daniel Kablan Duncan. A la lumière des faits et gestes que posent les interlocuteurs du Fpi, tout porte à croire que le gouvernement ivoirien invite le parti de Laurent Gbagbo à une danse de sorciers. Là où, selon Michel Amani N’Guessan (Secrétaire général adjoint chargé de la sécurité et de la défense au Fpi), dans une interview accordée à un confrère de la place, «le Fpi est à ces négociations tout à fait libéré de toutes contraintes, car conscient que c’est un dialogue entre frères pour sauver la maison commune. C’est donc un dialogue intéressant à la fois pour le Fpi et le gouvernement. Nous avons soumis nos préoccupations au gouvernement, en restant convaincus que tout ne peut pas se faire en même temps. Il appartient au gouvernement de dire au Fpi, avec raison ce qui est possible ou impossible, assorti d’un chronogramme précis d’exécution.» Le Fpi y croit fermement et accorde une importance particulière à ces discussions. Tout en faisant remarquer que le gouvernement adopte une attitude pas vraiment catholique. «Comprenez que je veux mettre l’accent sur le caractère inconstant du gouvernement dans le traitement de la question de la sortie de crise en Côte d’Ivoire. Comment comprendre que le gouvernement invite à discuter avec l’opposition comme pour dire calmons le jeu et dans le même temps, ce même gouvernement pose des actes de nature à mettre de l’huile sur le feu ? Vous parlez de mandats internationaux ; il faut éviter de prendre le vernis international pour agir contre les intérêts de la Côte d’Ivoire. Avec Mme Gbagbo, le gouvernement opte pour la préférence nationale en matière de justice. Avec M. Gbagbo, le gouvernement opte pour la Cpi (Cour pénale internationale, ndlr). Avec M. Guillaume Soro et les Com’zones, le gouvernement opte pour le silence et l’inaction. Dans le cadre de la recherche de la sortie de crise, le gouvernement doit choisir la constance dans le comportement, afin de ramener la paix par la promotion d’une nouvelle fraternité vraie entre les Ivoiriens. Selon qu’on veut sincèrement la paix en Côte d’Ivoire ou pas, il y a un comportement conséquent. On ne suit pas le gouvernement dans sa logique de recherche de la paix dans notre pays…», affirme Amani Michel. Au regard de ces faits contradictoires et qui s’apparente à un jeu d’enfant, l’ex-ministre de l’Education nationale sous Gbagbo estime que c’est une manière pour le régime Ouattara de discréditer son interlocuteur. «Tout cela participe d’une stratégie bien ficelée par le gouvernement. Le gouvernement discute non pas pour rechercher la participation du Fpi au jeu politique, mais plutôt pour le diaboliser et justifier son exclusion du jeu politique. La discussion est donc un maquillage pour atteindre plusieurs objectifs: 1-diaboliser le Fpi, c’est-à-dire le présenter comme le parti des extrémistes intolérables. 2-attendrir l’opinion nationale et internationale pour obtenir son soutien. 3-poursuivre sa gouvernance solitaire et dictatoriale…», poursuit-il et d’ajouter que les acteurs du nouveau pouvoir, en continuant de traumatiser les populations, de commettre des exactions sur partisans de Laurent Gbagbo montre son indifférence vis-à-vis de celui avec qui il discute. «A la dernière rencontre, nous avons relevé les faits qui polluent l’atmosphère et les esprits de la discussion. Les arrestations, les enlèvements et les tortures dans les camps illégaux continuent, la fixation unilatérale de la date des élections locales sans tenir compte de la volonté de participation du Fpi, l’interdiction du meeting de la Jfpi sont autant de faits qui prouvent que le gouvernement n’a aucune considération pour ces négociations…», précise-t-il. Voilà qui démontre que Ouattara et ses collaborateurs ne sont pas prêts à aller à la paix. Et que toutes les ‘’bonnes intentions’’ qu’ils affichent au quotidien ne sont rien d’autres que de la fanfaronnade pour obtenir la faveur de la communauté internationales qui refuse, malheureusement, d’ouvrir les yeux.
Ferdinand Bailly
Ferdinand Bailly