Le président de l’Union démocratique et citoyenne (Udcy), Mel Eg Théodore est au pays depuis maintenant un mois. Nous l’avons rencontré pour aborder avec lui, les questions brûlantes de l’actualité. Notamment l’insécurité à Abidjan, les conflits fonciers à l’Ouest, les élections municipales et régionales à venir et le procès du Président Gbagbo.
Dans moins d’un mois, ce sont les élections municipales et régionales. Comment l’Udcy, les prépare ?
Dans le cadre des négociations entre le gouvernement et les partis d’opposition, un accord avait été trouvé pour permettre la participation de l’opposition à ces élections. Bien entendu, cet accord comprenait un certain nombre de préoccupations, certaines ont été mises en chantier, d’autres tardent encore à venir. Certaines n’ont pas connu de début de réalisation, notamment la question de la Cei. Mais, faire de la politique, c’est aussi avoir le sens de la parole donnée, de l’engagement en faveur des populations. L’Udcy comme les partis du Cpd ont donné leur parole pour participer à ces élections et par conséquent, sur la foi de ce qui avait été déjà obtenu, nous avons à notre tour, décidé de nous organiser pour être symboliquement présents. Symboliquement présent, parce que nous sortons tous de situation particulièrement difficiles. Et aucun des cadres des différents partis n’a les moyens financiers pour faire face à ces consultations locales, qui engagent la vie quotidienne de nos concitoyens.
Il se raconte que vous avez reçu une subvention de l’Etat. Est-ce pour ça que vous vous sentez obligés de participer ?
A preuve, c’est que quatre partis n’y vont pas. Ces partis-là n’ont pas refusé l’argent qui leur a été donné. Donc, ce n’est pas parce que nous avons reçu de l’argent que nous allons aux élections. Il faut être suffisamment clair pour que les Ivoiriens comprennent que ce n’est pas avec 20 millions de Fcfa qu’un parti politique peut avoir la prétention de présenter plus d’un candidat, quelque soit le type d’élection. Nous y allons, je disais tantôt pour le symbole, pour montrer que nous ne voulons pas tuer la démocratie.
On remarque que ces derniers temps, l’insécurité est plus menaçante, bizarrement à l’approche des élections ?
Je constate avec vous que malheureusement, l’ouest de la Côte d’Ivoire est encore sous les feux de l’actualité. Et qu’au moment où nous nous apprêtons à aller aux élections, les attaques deviennent récurrentes au risque de priver les populations de l’ouest de participer aux élections. Il appartient au gouvernement et à l’Onuci de prendre les dispositions pour que la sécurité revienne dans cette partie du pays. Qui ne doit pas être exclue du jeu politique.
Les nombreux rapports des Ong nationales et internationales révèlent que ce sont les conflits fonciers qui minent cette région particulièrement ?
Mais vous savez que la terre a été toujours au centre des convoitises. Ce que je veux dire, c’est que ce n’est pas seulement à l’Ouest que se pose ce problème de conflit foncier. Celui de l’ouest est plus dramatique, parce qu’on constate que ce sont des colonies de peuplement qui viennent en lieu et place des autochtones. Donc c’est un problème sociologique important pour lequel le gouvernement doit prendre des mesures appropriées. Parce qu’une loi existe. Mais elle n’est pas appliquée alors que le gouvernement a le devoir de protéger les biens et les personnes. Nul ne peut être dépossédé de ses terres. Si l’on ne prend garde, cette question de foncier pourrait embraser de nouveau cette région de la Côte d’Ivoire.
Vous interpellez le gouvernement qui semble impuissant face à ses seigneurs de guerre étrangers qui règnent en maîtres absolus dans les forêts classées de l’Ouest ?
En tant que politique, la responsabilité incombe au gouvernement qui ne peut y échapper. N’étant pas aux affaires, on ne peut que constater. En tant que parti d’opposition, je ne peux que dénoncer cet état de fait. Je ne peux pas favoriser ou cautionner des milices dans la population pour défendre des terres qui ne sont pas leur propriété. L’Etat doit prendre ses responsabilités ici et maintenant.
A Abidjan, ce sont les attaques des Directeurs généraux des sociétés d’Etat qui rythment l’actualité. Est-ce à dire que le pouvoir est incapable d’assurer la sécurité des Ivoiriens ?
Jamais, la police n’a eu autant de moyens et d’unités spéciales qu’aujourd’hui ! Donc le gouvernement a les moyens d’assurer notre sécurité et il doit le faire. Nous l’interpellons sur ce qui s’est passé.
Ça ne rassure pas les investisseurs et hommes d’affaires?
C’est feu le président Houphouët, qui a dit que l’argent a peur des bruits de bottes. Mais l’argent a aussi peur des braqueurs et des bandits de grand chemin. Je pense que ce sont des problèmes qui sont cuisants et importants aujourd’hui. Et le gouvernement doit y répondre efficacement.
Il y a eu l’audience de confirmation des charges à la Cpi dans l’affaire le Procureur contre le président Gbagbo. Quels sont vos commentaires sur ce premier round ?
Mais c’est là, la vraie mascarade! Je crois qu’aujourd’hui, il y a un grand président français (Ndlr : Nicolas Sakrozy) qui a été mis en examen. Je pense qu’il va se rendre compte que quand la justice semble injuste, c’est inacceptable. J’ai entendu toutes les réactions qui ont eu lieu dans la presse occidentale. Je crois qu’il comprendra toute la douleur des Ivoiriens face à la parodie de justice à laquelle nous assistons. A moins que la justice dans son pays ne soit aussi une parodie.
Le fait marquant de cette audience, a été l’utilisation d’une image d’évènements qui ont eu lieu au Kenya par le procureur Fatou Bensouda pour accabler le Président Gbagbo. Qu’en dites-vous ?
Je pense que ça montre la légèreté de ceux qui sont en charge de réunir des preuves. Tout le monde sait qu’il y a eu des violences au Kenya. Ce qui est plus dramatique, c’est que les médias occidentaux ne se soient même pas excusés d’avoir diffusé des images fausses. Alors que le procureur qui a été confondu dans la présentation de cette preuve à charge, a décidé de retirer cette preuve. Nous devons comprendre que quand il y a un combat entre le pot de terre et le pot de fer, le mieux à faire, c’est surtout de ne pas apporter de l’eau qui pourrait faire croire au pot de terre qu’il est devenu lourd. Alors que le pot de fer, même sans eau, reste toujours dangereux.
Réalisée par Fabrice Tété
Dans moins d’un mois, ce sont les élections municipales et régionales. Comment l’Udcy, les prépare ?
Dans le cadre des négociations entre le gouvernement et les partis d’opposition, un accord avait été trouvé pour permettre la participation de l’opposition à ces élections. Bien entendu, cet accord comprenait un certain nombre de préoccupations, certaines ont été mises en chantier, d’autres tardent encore à venir. Certaines n’ont pas connu de début de réalisation, notamment la question de la Cei. Mais, faire de la politique, c’est aussi avoir le sens de la parole donnée, de l’engagement en faveur des populations. L’Udcy comme les partis du Cpd ont donné leur parole pour participer à ces élections et par conséquent, sur la foi de ce qui avait été déjà obtenu, nous avons à notre tour, décidé de nous organiser pour être symboliquement présents. Symboliquement présent, parce que nous sortons tous de situation particulièrement difficiles. Et aucun des cadres des différents partis n’a les moyens financiers pour faire face à ces consultations locales, qui engagent la vie quotidienne de nos concitoyens.
Il se raconte que vous avez reçu une subvention de l’Etat. Est-ce pour ça que vous vous sentez obligés de participer ?
A preuve, c’est que quatre partis n’y vont pas. Ces partis-là n’ont pas refusé l’argent qui leur a été donné. Donc, ce n’est pas parce que nous avons reçu de l’argent que nous allons aux élections. Il faut être suffisamment clair pour que les Ivoiriens comprennent que ce n’est pas avec 20 millions de Fcfa qu’un parti politique peut avoir la prétention de présenter plus d’un candidat, quelque soit le type d’élection. Nous y allons, je disais tantôt pour le symbole, pour montrer que nous ne voulons pas tuer la démocratie.
On remarque que ces derniers temps, l’insécurité est plus menaçante, bizarrement à l’approche des élections ?
Je constate avec vous que malheureusement, l’ouest de la Côte d’Ivoire est encore sous les feux de l’actualité. Et qu’au moment où nous nous apprêtons à aller aux élections, les attaques deviennent récurrentes au risque de priver les populations de l’ouest de participer aux élections. Il appartient au gouvernement et à l’Onuci de prendre les dispositions pour que la sécurité revienne dans cette partie du pays. Qui ne doit pas être exclue du jeu politique.
Les nombreux rapports des Ong nationales et internationales révèlent que ce sont les conflits fonciers qui minent cette région particulièrement ?
Mais vous savez que la terre a été toujours au centre des convoitises. Ce que je veux dire, c’est que ce n’est pas seulement à l’Ouest que se pose ce problème de conflit foncier. Celui de l’ouest est plus dramatique, parce qu’on constate que ce sont des colonies de peuplement qui viennent en lieu et place des autochtones. Donc c’est un problème sociologique important pour lequel le gouvernement doit prendre des mesures appropriées. Parce qu’une loi existe. Mais elle n’est pas appliquée alors que le gouvernement a le devoir de protéger les biens et les personnes. Nul ne peut être dépossédé de ses terres. Si l’on ne prend garde, cette question de foncier pourrait embraser de nouveau cette région de la Côte d’Ivoire.
Vous interpellez le gouvernement qui semble impuissant face à ses seigneurs de guerre étrangers qui règnent en maîtres absolus dans les forêts classées de l’Ouest ?
En tant que politique, la responsabilité incombe au gouvernement qui ne peut y échapper. N’étant pas aux affaires, on ne peut que constater. En tant que parti d’opposition, je ne peux que dénoncer cet état de fait. Je ne peux pas favoriser ou cautionner des milices dans la population pour défendre des terres qui ne sont pas leur propriété. L’Etat doit prendre ses responsabilités ici et maintenant.
A Abidjan, ce sont les attaques des Directeurs généraux des sociétés d’Etat qui rythment l’actualité. Est-ce à dire que le pouvoir est incapable d’assurer la sécurité des Ivoiriens ?
Jamais, la police n’a eu autant de moyens et d’unités spéciales qu’aujourd’hui ! Donc le gouvernement a les moyens d’assurer notre sécurité et il doit le faire. Nous l’interpellons sur ce qui s’est passé.
Ça ne rassure pas les investisseurs et hommes d’affaires?
C’est feu le président Houphouët, qui a dit que l’argent a peur des bruits de bottes. Mais l’argent a aussi peur des braqueurs et des bandits de grand chemin. Je pense que ce sont des problèmes qui sont cuisants et importants aujourd’hui. Et le gouvernement doit y répondre efficacement.
Il y a eu l’audience de confirmation des charges à la Cpi dans l’affaire le Procureur contre le président Gbagbo. Quels sont vos commentaires sur ce premier round ?
Mais c’est là, la vraie mascarade! Je crois qu’aujourd’hui, il y a un grand président français (Ndlr : Nicolas Sakrozy) qui a été mis en examen. Je pense qu’il va se rendre compte que quand la justice semble injuste, c’est inacceptable. J’ai entendu toutes les réactions qui ont eu lieu dans la presse occidentale. Je crois qu’il comprendra toute la douleur des Ivoiriens face à la parodie de justice à laquelle nous assistons. A moins que la justice dans son pays ne soit aussi une parodie.
Le fait marquant de cette audience, a été l’utilisation d’une image d’évènements qui ont eu lieu au Kenya par le procureur Fatou Bensouda pour accabler le Président Gbagbo. Qu’en dites-vous ?
Je pense que ça montre la légèreté de ceux qui sont en charge de réunir des preuves. Tout le monde sait qu’il y a eu des violences au Kenya. Ce qui est plus dramatique, c’est que les médias occidentaux ne se soient même pas excusés d’avoir diffusé des images fausses. Alors que le procureur qui a été confondu dans la présentation de cette preuve à charge, a décidé de retirer cette preuve. Nous devons comprendre que quand il y a un combat entre le pot de terre et le pot de fer, le mieux à faire, c’est surtout de ne pas apporter de l’eau qui pourrait faire croire au pot de terre qu’il est devenu lourd. Alors que le pot de fer, même sans eau, reste toujours dangereux.
Réalisée par Fabrice Tété