Oulaï Tako a été tué le week-end dernier. Sa mort a été annoncée dimanche dernier. Celui qui se faisait appeler le « Tarzan du Grand ouest » a perdu la vie dans des conditions tragiques au cours de l’attaque que lui et ses compagnons ont perpétrée dans le village de Petit-Duékoué. Au-delà des considérations que l’on peut avoir de l’homme, il faut reconnaitre qu’il est difficile de se délecter de la mort de quelqu’un. Car, c’est toujours triste de voir un être humain finir ainsi. Mais pour cette mort, comme pour bien d’autres, une question gamberge dans la tête des Ivoiriens épris de paix : qui veut brûler l’Ouest ?
La question mérite d’être posée. Parce que, malgré la fin de la crise, cette région qui a pourtant payé le lourd tribut de la guerre, a des poussées de violence qui continuent d’endeuiller des familles dans cette partie de la Côte d’Ivoire. Le problème de l’Ouest est connu. C’est une région qui regorge de vastes réserves forestières. Depuis le président Félix Houphouët-Boigny, l’Ouest a toujours été une terre d’immigration. Ces forêts vierges ont toujours attiré, comme le Far-West américain au début du 19e siècle, tous les candidats à la course au bien-être. Des alliances, dans certaines localités, ont même été tissées entre les nouveaux arrivés et leurs tuteurs wê et dan. Des contrats verbaux d’achat d’espace et de terrain ont également été passés. Bien entendu, tout cela ne s’est pas fait sans heurt. Comme toute cohabitation humaine, il y a eu parfois des frictions et des incompréhensions de part et d’autre. Mais qui ont été vite réglés par les chefs de communautés. La plupart de ces brouilles étaient liées à la terre. Mais ces conflits fonciers n’ont jamais pris les proportions que l’on connait aujourd’hui. Mais dès le depuis des années 90, des cadres originaires de cette contrée de la Côte d’Ivoire ont commencé à tenir un discours populistes d’un nationalisme de mauvais aloi aux populations autochtones. Pour manipuler leurs frères et s?urs, ces cadres en mal de publicité, pour la plupart proches du FPI de Laurent Gbagbo, brandissaient le péril de l’invasion pour inciter les populations à se braquer contre leurs frères venus d’ailleurs. Par doses homéopathiques, ces cadres et fils de la région ont inoculé le venin de la haine et de la division au sein des différentes communautés, qui ont toujours vécu en bonne et intelligible entente. Vers la fin des années 90, avec l’avènement de l’ivoirité, les premières manifestations de cette politique d’exclusion ont commencé à voir le jour. L’une des conséquences immédiates de ce nouveau discours a été l’expulsion des Lobis, Dagari et Burkinabé dans la région San Pedro et Tabou, suivie de l’expropriation de leurs terres en 1998. Avec l’arrivée du FPI au pouvoir en 2000, les choses ont se sont accentuées et ont pris une tournure dramatique. Les cadres et élus de ce parti ne cachaient plus leur désir d’en découdre avec ceux qu’ils accusaient d’avoir pris les terres de leurs parents. La philosophie houphouétienne « la terre appartient à celui qui la met en valeur » a commencé à être remise en cause. C’est à cette période que les attaques sérieuses et les expropriations contre des citoyens, qui ont pourtant acheté des portions de terre à leurs tuteurs, ont commencé. Un vaste plan dans ce sens, avait été concocté en secret par les éminences grises du nouveau régime. Au point que toutes petites querelles entre des membres des différentes communautés étaient exploitées à des fins politiciennes. On les utilisait comme des prétextes pour bannir ou expulser à tout vent. La crise grave survenue à partir de septembre 2002 n’a fait qu’exaspérer ces conflits latents entretenus malheureusement par les élus et cadres proches du FPI. La chute de Laurent Gbagbo a certes porté un coup d’arrêt aux visées exclusionnistes et xénophobes des chantres et hérauts de « la préférence nationale» tapis au sein du FPI. Mais des velléités d’en découdre demeurent. Pis, elles sont encouragées dans l’ombre par les mêmes dirigeants de l’ex-parti au pouvoir, originaire de la région, mais surtout habités par la haine des étrangers. Au cours d’une conférence de presse le 26 juillet 2012, après l’attaque du camp des réfugiés de Nahibly, Laurent Akoun, secrétaire général du FPI, avait lancé ceci : « Le camp de Nahibly unique refuge des populations Wê détruit, saccagé, anéanti, il ne reste plus aux Wê qu’à fuir massivement leurs terres, abandonnant ainsi l’Ouest du pays aux colons burkinabé, qui une fois bien établis, poursuivront leurs chevauchées macabres vers le sud-est du pays pour assujettir tous les autres peuples ivoiriens. Ce qui se passe à l’ouest n’est que le début, d’une colonisation totale du pays. » Après de tels propos, comment s’étonner de tout ce qui se passe à l’Ouest actuellement ? « Les guerres naissent dans l’esprit des gens », dit le préambule de l’UNESCO. Le FPI le sait. C’est la raison pour laquelle les caciques de l’ex-parti au pouvoir ne ratent aucune occasion pour endoctriner et polluer l’esprit de la jeunesse du Grand ouest, qui cherche en ce moment ses repères. Les attaques de ces derniers jours, ne sont que la conséquence de ce type de discours malheureux et irresponsables que le FPI et ses relais continuent de véhiculer dans cette région où l’épineux problème du foncier rural cristallise les passions. L’Ouest, la poudrière, s’est encore embrasée, reprise par ses vieux démons. Avec le FPI, dans le rôle de pyromane qui allume l’étincelle. Les scènes apocalyptiques que l’on croiyait être de vieux cauchemars, malheureusement, réapparaissent. Par la faute de politiciens de courte vue, qui sont prêts à tout sacrifier pour leurs ambitions personnelles. Même ceux qu’ils prétendent aimer et aider.
Jean-Claude Coulibaly
La question mérite d’être posée. Parce que, malgré la fin de la crise, cette région qui a pourtant payé le lourd tribut de la guerre, a des poussées de violence qui continuent d’endeuiller des familles dans cette partie de la Côte d’Ivoire. Le problème de l’Ouest est connu. C’est une région qui regorge de vastes réserves forestières. Depuis le président Félix Houphouët-Boigny, l’Ouest a toujours été une terre d’immigration. Ces forêts vierges ont toujours attiré, comme le Far-West américain au début du 19e siècle, tous les candidats à la course au bien-être. Des alliances, dans certaines localités, ont même été tissées entre les nouveaux arrivés et leurs tuteurs wê et dan. Des contrats verbaux d’achat d’espace et de terrain ont également été passés. Bien entendu, tout cela ne s’est pas fait sans heurt. Comme toute cohabitation humaine, il y a eu parfois des frictions et des incompréhensions de part et d’autre. Mais qui ont été vite réglés par les chefs de communautés. La plupart de ces brouilles étaient liées à la terre. Mais ces conflits fonciers n’ont jamais pris les proportions que l’on connait aujourd’hui. Mais dès le depuis des années 90, des cadres originaires de cette contrée de la Côte d’Ivoire ont commencé à tenir un discours populistes d’un nationalisme de mauvais aloi aux populations autochtones. Pour manipuler leurs frères et s?urs, ces cadres en mal de publicité, pour la plupart proches du FPI de Laurent Gbagbo, brandissaient le péril de l’invasion pour inciter les populations à se braquer contre leurs frères venus d’ailleurs. Par doses homéopathiques, ces cadres et fils de la région ont inoculé le venin de la haine et de la division au sein des différentes communautés, qui ont toujours vécu en bonne et intelligible entente. Vers la fin des années 90, avec l’avènement de l’ivoirité, les premières manifestations de cette politique d’exclusion ont commencé à voir le jour. L’une des conséquences immédiates de ce nouveau discours a été l’expulsion des Lobis, Dagari et Burkinabé dans la région San Pedro et Tabou, suivie de l’expropriation de leurs terres en 1998. Avec l’arrivée du FPI au pouvoir en 2000, les choses ont se sont accentuées et ont pris une tournure dramatique. Les cadres et élus de ce parti ne cachaient plus leur désir d’en découdre avec ceux qu’ils accusaient d’avoir pris les terres de leurs parents. La philosophie houphouétienne « la terre appartient à celui qui la met en valeur » a commencé à être remise en cause. C’est à cette période que les attaques sérieuses et les expropriations contre des citoyens, qui ont pourtant acheté des portions de terre à leurs tuteurs, ont commencé. Un vaste plan dans ce sens, avait été concocté en secret par les éminences grises du nouveau régime. Au point que toutes petites querelles entre des membres des différentes communautés étaient exploitées à des fins politiciennes. On les utilisait comme des prétextes pour bannir ou expulser à tout vent. La crise grave survenue à partir de septembre 2002 n’a fait qu’exaspérer ces conflits latents entretenus malheureusement par les élus et cadres proches du FPI. La chute de Laurent Gbagbo a certes porté un coup d’arrêt aux visées exclusionnistes et xénophobes des chantres et hérauts de « la préférence nationale» tapis au sein du FPI. Mais des velléités d’en découdre demeurent. Pis, elles sont encouragées dans l’ombre par les mêmes dirigeants de l’ex-parti au pouvoir, originaire de la région, mais surtout habités par la haine des étrangers. Au cours d’une conférence de presse le 26 juillet 2012, après l’attaque du camp des réfugiés de Nahibly, Laurent Akoun, secrétaire général du FPI, avait lancé ceci : « Le camp de Nahibly unique refuge des populations Wê détruit, saccagé, anéanti, il ne reste plus aux Wê qu’à fuir massivement leurs terres, abandonnant ainsi l’Ouest du pays aux colons burkinabé, qui une fois bien établis, poursuivront leurs chevauchées macabres vers le sud-est du pays pour assujettir tous les autres peuples ivoiriens. Ce qui se passe à l’ouest n’est que le début, d’une colonisation totale du pays. » Après de tels propos, comment s’étonner de tout ce qui se passe à l’Ouest actuellement ? « Les guerres naissent dans l’esprit des gens », dit le préambule de l’UNESCO. Le FPI le sait. C’est la raison pour laquelle les caciques de l’ex-parti au pouvoir ne ratent aucune occasion pour endoctriner et polluer l’esprit de la jeunesse du Grand ouest, qui cherche en ce moment ses repères. Les attaques de ces derniers jours, ne sont que la conséquence de ce type de discours malheureux et irresponsables que le FPI et ses relais continuent de véhiculer dans cette région où l’épineux problème du foncier rural cristallise les passions. L’Ouest, la poudrière, s’est encore embrasée, reprise par ses vieux démons. Avec le FPI, dans le rôle de pyromane qui allume l’étincelle. Les scènes apocalyptiques que l’on croiyait être de vieux cauchemars, malheureusement, réapparaissent. Par la faute de politiciens de courte vue, qui sont prêts à tout sacrifier pour leurs ambitions personnelles. Même ceux qu’ils prétendent aimer et aider.
Jean-Claude Coulibaly