Le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique organise, depuis le 2 avril 2012, la 1ère quinzaine de la biodiversité, à l’Université Félix Houphouët Boigny, à Cocody. Le thème retenu est «la biodiversité». Du fait que la biodiversité est au service de l’Homme et rend service à l’Homme, les chercheurs de cette Université et celle de Nangui Abrogoua (ex-Abobo-Adjamé) ont voulu, à travers ce choix, interpeller l’opinion publique sur les dangers qui guettent l’humanité face à la dégradation accélérée de celle-ci. Trois raisons fondamentales doivent susciter les politiques à créer les conditions pour la pérenniser. La première raison est d’ordre économique, la deuxième est écologique, et la troisième, éthique et patrimonial. Vu l’importance du thème, l’Unjci a tout mis en œuvre pour que toute la presse prenne part à cette quinzaine, hier mardi 9 avril 2013, en vue de relayer l’information auprès des populations. La biodiversité étant définie, selon les scientifiques, comme la variété et la variabilité des organismes vivants de la planète, et de leur inter-relation, il va s’en dire que cet équilibre doit être maintenu pour le bien-être des êtres vivants. En un mot, chaque être vivant sur cette terre a sa place et son importance avec un rôle bien déterminé. Dès lors que ce dynamisme est mis en danger, il y a problème. L’homme a toujours cru que la nature est inépuisable. Mais aujourd’hui, force est de constater que les océans, les mers, les forêts se vident de leur contenu. Les scientifiques sont forcés de reconnaître que le seul champ des sciences ne permet plus de jouer l’interface entre la nature et la société, du fait des nombreux enjeux et conflits d’intérêts liés à l’exploitation des ressources naturelles biologiques. C’est pourquoi, ils interpellent les gouvernements à s’impliquer au plus haut niveau pour la reconstitution de la biodiversité. A en croire Dr Yéo Kolo, enseignant à l’Ufr des Sciences de la nature, à l’Université Nangui Abrogoua, le XXe siècle se caractérise par l’émergence de problèmes environnementaux graves, notamment la croissance continue de la pollution, l’érosion et les menaces de changement climatique. Ces phénomènes sont, selon lui, dus à la perte de la diversité biologique. Et les causes sont différentes, selon les types de société et leur mode de développement. En Côte d’Ivoire et dans de nombreux pays africains, la période de l’indépendance, caractérisée par une agriculture intensive, très souvent non durable, la création des grandes villes et la croissance démographique. Plus récemment, la pauvreté, le braconnage, les feux de brousse, l’extraction minière, exploitation anarchique des aires protégées, ont envenimé la situation. «La forêt tropicale qui héberge 1/3 de la biodiversité en Côte d’Ivoire n’existe plus que de nom. De 16 millions d’hectares, nous ne sommes plus qu’à moins 3 millions», a souligné Dr Brigitte N’Dri, de l’Université Nangui Abrogoua. Lobjectif de cette quinzaine est de permettre de concilier l’envie du consommateur et le devoir de pérenniser l’environnement pour les générations futures. Pour ce faire, des recommandations ont été faites. Le Dr. Yéo Kolo préconise la préservation des parcs et réserves qui existent par une surveillance accrue de celles-ci. Le respect des forêts sacrées qui constituent un atout majeur, la création de zoo, de musées et des jardins botaniques dans toutes les grandes villes du pays, et sensibiliser les populations sur les dangers liés à la dégradation de la biodiversité. Konaré Aboudramane, directeur de la recherche scientifique de l’Enseignement supérieur a souhaité que soit vulgarisée la science, car elle précède le développement maîtrisé. Il a malheureusement déploré le taux décroissant du nombre de scientifiques depuis quelques années.
Fatime Souamée
Fatime Souamée