L’aplomb avec lequel opère les malfrats laisse souvent pantois et songeur. Comment un homme peut-il vendre des terres qui ne lui appartiennent pas ? C’est la question que s’est posée le juge du tribunal de Première instance d’Abidjan le lundi 08 avril dernier quand il avait en face de lui un arnaqueur et ses complices, opérant dans la commune de Port-Bouët. Selon les explications, c’est le 4 mars 2013, que M. Cissé Lassana adresse une plainte au Préfet de police d’Abidjan dans laquelle, il accusait Kacou Beugré et son fils de le menacer de mort et de destruction de biens d’autrui d’une valeur de 345.824.000 FCFA. Ce dernier, à son tour, adressa une plainte réciproque le 29 mars 2013 contre le sieur Cissé pour destruction de biens d’autrui, expropriation, séquestration et trouble à l’ordre public. A l’audition publique, le sieur Cissé déclare que la parcelle de 32 hectares qu’il exploitait, avait été acquise auprès du chef du village d’Abouabou (Port-Bouët). Déclaration très vite mise en cause par le sieur Kacou 62 ans qui a argué, être propriétaire d’une parcelle de 26 hectares. Des 26 ha, Cissé et ses complices avaient déjà morcelé 7 ha qu’ils revendaient illégalement à d’autres personnes. Avec preuves à l’appui, il a présenté les différentes lettres d’attribution de son terrain loti et approuvé, allant des ilots N° 226 à 247 par le Pr. Abouo N’Dori Raymond alors ministre de la Construction par arrêté du 21 décembre 2005 sous le titre foncier N° 81628/CF de Bingerville. Il est allé plus loin pour dire que Cissé et son ami Tahirou étaient les gardiens de son terrain. Mais il ne comprend pas par quelle magie, ils se disent en être aujourd’hui propriétaires. Pour trancher, il a fallu la version du principal témoin en la personne de M. Singbin Jacob, 65 ans retraité et ex-chef du village d’Abouabou. Dans sa déposition, il reconnait avoir demandé à Cissé de lotir 32 ha de terrain pour en recevoir quelques lots. Chose qu’il n’a pu faire. En conséquence, la convention qui le liait au village était nulle et de nul effet. Il s’est même interrogé en ces termes : « comment un individu commis au lotissement d’une parcelle appartenant à tout une communauté villageoise peut-il s’accaparer à son profit cette parcelle ? Il est donc résulté que M. Cissé le premier à se plaindre n’est qu’en réalité l’infracteur et le faussaire. Il spoliait à l’aide de ses hommes de main, la chefferie. Il chassait du site les personnes du site qui ont acheté en toute légalité leur terrain avec les propriétaires terriens. Cissé a fini par reconnaître qu’il faisait régner la terreur et la violence avec des complices dont certains sont recherchés par la police. Il a été placé sous mandat de dépôt le mercredi 10 avril dernier.
Olivier Guédé
Olivier Guédé