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Art et Culture Publié le mardi 16 avril 2013 | L’intelligent d’Abidjan

Femua 6 : De la routine d’Anoumabo à l’incertitude d’Abobo

© L’intelligent d’Abidjan Par M.Y
FEMUA 6 : La Fouine enflamme la scène
Samedi 13 Avril 2013. 2ème Concert du Festival des Musiques Urbaines d`Anoumabo Edition 6. Le rappeur français a captivé le public qui chantais en chœur avec lui.
«Le Femua, c’est le 31 décembre à Anoumabo. Car, le 31 décembre, c’est chacun chez soi», fait remarquer samedi ce jeune résident d’Anoumabo au surnom taquin de Blé Goudé et de Wattao.

Nul doute que le Festival des musiques urbaines d’Anoumabo (Femua) est fédérateur. Ce qui a été donné de voir lors de la 6è édition du Femua dans ce village situé dans la commune de Marcory à Abidjan. A l’entrée, flottent sur les lampadaires les drapeaux des pays invités.
Sur le site du Femua et dans les environs, le cœur est à la fête. Chacun vit son Femua, depuis un écran géant, assis dans un espace gastronomique ou comme la majorité en face de la grande scène du festival. Plusieurs artistes s’y succéderont les vendredi 12 et samedi 13 avril à Anoumabo.
Pour le Femua 6, le public Vip trouvera place dans une tribune installée dans l’enceinte de l’église Harris, située à proximité de la scène et permettant une parfaite communion entre les artistes et le public.
Mike, Franco-Burkinabè et musicien (guitare) du Boud Bandé, l’orchestre du chanteur burkinabè Alif Naaba, s’est réjoui qu’une scène à l’image de grands festivals en Europe puisse se tenir de plus en plus en Afrique. Avec, admet-il, des ingénieurs de son qui «assurent».

Alif Naaba, l’adoption surprise

Mais, le vendredi, jour un du Femua, la tâche n’aura pas été, au départ, aisé pour le Boud Bande dont le répertoire était quasi inconnu du public, de succéder à la Malienne Oumou Sangaré qui a mis Anoumabo à ses pieds. «Le public allait-il nous adopter ou non, nous ne savions pas», explique le guitariste Mike qui joue avec grande complicité depuis moins de deux (2) mois au sein du Boud Bande avec le bassiste Achille Ouattara. «L’un des meilleurs bassistes du moment au Burkina», confirme le chanteur Alif Naaba.
Au son de Yiki (Lève-toi, en mooré), titre indicatif baptisé du nom de son prochain (5è) album (sortie prévue en mai 2013), Alif Naaba se familiarise avec le public qu’il intègre, sans difficulté, à son jeu. A cœur joie, le public reprend en chœur certaines paroles que le chanteur lui apprend.
Adopté, Alif Naaba chante en exclusivité pour le public d’Anoumabo, des titres de son prochain album (Assalamou, Book Biga, Baolo Wéogo, Mimoto, Dossé) auxquels il ajoute Wend Nkonté et Daaré tirés de Wakat, son dernier (4è) album. Une musique au carrefour des cultures qui intègre calebasse, tam-tam, cymbale, soku ou rourouga (en mooré), kora, kassembe (de la famille des castagnettes).
Cette chaleur inattendue avec le public du Femua, le Boud Bandé la revivra sur la scène d’Abobo, le dimanche 14 avril.
Le samedi, jour deux du Femua à Anoumabo, le public est en grand nombre comparé à la veille. Tous sont venus d’un peu partout des communes d’Abidjan et banlieues pour voir Viviane Chidid, Dobet Gnahoré, La Fouine, Sam Fan Thomas, DJ Mix 1er et JP Mpiana.
Après janvier 2010 où elle avait donné (pour la première fois) un concert à Abidjan devant 1500 personnes, Dobet Gnahoré, a eu l’occasion, avec le Femua, de jouer dans le peuple et d’être au contact de la population. Car le Femua, c’est primordialement l’action sociale. Sur scène, Dobet Gnahoré ne cache pas son amertume, dénonçant, dans son chant, les politiciens africains qui tournent le dos aux besoins du peuple et vont couler le sang.
Dans la matinée, le cross du Femua a été remporté par Konan Kouakou Maurice quand Koné Oumar est arrivé en tête du cross handisport.

La Fouine, il en redemande…

«Nous faisons la même musique mais, le style est différent», lance le rappeur français La Fouine qui explique comment il a failli ne pas être au Femua 6. «J’avais une émission importante hier (vendredi) que je ne pouvais rater. Je devais être au Femua aujourd’hui. Pour rien au monde je ne l’aurais fait. Mais, parce que vous êtes ma famille, j’ai pris l’avion aujourd’hui, sans avoir répété, je suis là», a soutenu entre deux chants le rappeur français. Pour le public ivoirien, La Fouine écrira - confie-t-il - dans l’avion une chanson : « Vous voir sourire, je kiff (Ndlr : admiratif) / Car le mot ’’Enjaillé’’ (Ndlr : content en argot ivoirien), c’est à Abidjan que je l’ai piqué…».
Démontrant son attachement à la Côte d’Ivoire et à ses mets (Attiéké poisson fumé), le rappeur français fera une doléance au chef de l’Etat : «Monsieur le Président si vous nous suivez, je en supplie, je veux la nationalité ivoirienne». Très ému de la chaleur du public ivoirien qu’il appelle «ma famille» et qui reprend à la perfection son répertoire, La Fouine, émerveillé, lui a promis dans quelques mois un concert au Palais de la Culture d’où il garde de bons souvenirs, après un premier concert il y a quelques années.

Quand le Makossa raconte l’histoire de David Tayorault…

Entre M’balax (Viviane Chidib), musique (dite) du monde, rumba congolaise avec JP Mpiana et le rap, le Makossa avec Sam Fan Thomas a réveillé des souvenirs et raconté une histoire. Celle de David Tayorault, devenu musicien au sein des Woya en 1985 grâce à African Typic Collection chanté par Sam Fan Thomas (1984) qu’il interprète.
Lorsque Sam Fan Thomas entonne son titre Noah, le Camerounais est heureux d’inviter «David, un grand musicien» à la guitare pour un duo. S’il partage ses ‘’Emotions’’ chantées, Sam Fan Thomas n’oublie pas les années ‘’Mandela’’, un titre hommage qui fait toujours bouger.

Abobo, malgré tout …

Au rond point d’Abobo (dans les environs de l’ancienne gare) où la scène du Femua a été montée, il y a eu des craintes par moments. Mais, le public qui n’a pu cacher une mauvaise réputation (affront aux forces de l’ordre, jet de projectiles, bousculades) avait le cœur à la fête. Malgré tous les signaux de perturbation contenus par les appels au calme de Mandja et du ministre Hamed Bakayoko, parrain de la cérémonie, la programmation d’artistes a été suivie avec un timing réduit pour certains artistes. Dobet Gnahoré, DJ Mix, Alif Naaba, les Patrons, Sam Fan Thomas, Charly Yapo. Ce dernier qui a presque tout appris, sans en attendre en retour, auprès de l’artiste disparu à Abobo Tangara Speed Ghôda, donne vie - par sa musique et son premier album Zion Experience - au ‘’Radical sound’’, mélange de reggae, jazz, afrobeat.
Très attendu sur la scène d’Abobo, Magic System a mis fin à la 6è édition du Femua. Koné Saydoo
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