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Politique Publié le vendredi 19 avril 2013 | Partis Politiques

Municipales et Régionales/N’zi Kangah Rémi (Préfet du GOH) rassure : "Les FRCI doivent marquer la neutralité républicaine et les dozos ne doivent pas s’inviter dans le débat sécuritaire"

© Partis Politiques Par DR
N`Zi Kangah, Préfet de la Région de Goh.
La période des campagnes prend fin ce vendredi 19 avril à minuit. Dans la région du GOH, bien que ces campagnes se soient déroulées sans heurt majeur, des voix se sont élevée pour dénoncer des possibilités de tricherie en complicité avec les Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) basées dans la région. Nous avons rencontré le premier responsable administratif de la Région du Goh. Le Préfet de région, N’zi Kangah Rémi explique et rassure. Entretien.

Monsieur le gouverneur, pendant cette période de campagnes électorales, vous avez reçu à deux reprises les candidats et leurs états-majors pour échanger avec eux. De quoi s’est-il agi ?
Oui, j’ai effectivement reçu les candidats, les mardis 9 avril et 16 avril derniers. Je les ai reçus pour leur donner des conseils d’une part et d’autre part, transmettre les consignes, les instructions du gouvernement.

Que contiennent ces consignes et instructions du gouvernement?
C’est adressé aux dozos et aux FRCI. Le gouvernement a donné des consignes fermes par rapport à l’attitude que les dozos et les FRCI doivent avoir par rapport à ce scrutin du 21 avril 2013, en marquant la neutralité des Forces républicaines. Et dire aux dozos qu’ils ne doivent pas s’inviter dans le débat sécuritaire de l’Etat de Côte d’Ivoire. Voilà grosso modo ce que j’ai eu à leur dire. Et j’ai demandé aux uns et aux autres de faire une campagne assez civilisée pour que l’ordre public et la paix ne soient pas perturbés dans le département. Je pense que le message a été entendu. J’ai eu à les féliciter parce que pour moi, la campagne se déroulait dans un esprit de courtoisie, de respect mutuel. Le mardi 16 avril encore, j’ai réitéré ces félicitations. Cependant, on note tout de même quelques égarements avec le traitement de certaines affiches de certains candidats. Mais dans la forme, certaine notions sont respectées. J’ai également rappelé à l’ordre certaines personnes pour l’utilisation des FRCI comme gardes rapprochées en armes qui sont dans leurs cortèges. Tout cela a été proscrit par l’Etat de Côte d’Ivoire. Concernant les dozos, il nous a été demandé de dire aux dozos qu’ils doivent éviter de porter la tenue dozo pour participer au scrutin. Qu’ils doivent aussi éviter de porter des armes à feu dans la ville et dans les villages. Ils doivent éviter de se substituer aux forces de l’ordre chargées de la sécurisation des élections, éviter de battre campagne d’un candidat en tenue dozo, éviter d’assurer la sécurité d’un candidat, éviter tout conflit pendant les campagnes électorales. Il a été aussi demandé aux candidats de ne pas utiliser les membres de la confrérie dozo pendant les meetings et la campagne électorale. Ce sont ces instructions qui nous sont parvenues du gouvernement que j’ai tenu à transmettre et à diffuser auprès des intéressés.

Cependant, il y a eu des éclats de voix pour dénoncer des tricheries qui se profilaient à l’horizon.
Oui, vous savez, c’est le discours en Côte d’Ivoire en ce qui concerne toutes les élections. On se suspecte les uns, les autres de vouloir frauder. Mais la CEI nous a donné l’assurance, l’organe qui est chargé d’organiser ces élections. Qu’en la matière, telle que les élections sont organisées, il est difficile de frauder. Effectivement, le mardi dernier, on m’a parlé de bourrage d’urne. Mais concrètement, je ne sais pas comment ces bourrages d’urnes peuvent se faire.

Nous avons aussi lu dans la presse. Le RDR, ici, a été accusé et la CEI a été interpellée parce que le RDR en complicité avec les FRCI auraient programmé tirer des coups de feu en l’air, aux environs de 10H-11H pour semer la panique au sein de la population pour qu’elle n’aille pas voter, du moins certaines populations rurales. Est-ce que vous avez eu l’information ?
Moi, je n’ai pas lu cet article, mais j’ai eu aussi cette information à la réunion du mardi 16 avril. On a essayé de colmater les brèches. Mais, je pense qu’il y a des gens qui se font peur. Sans doute, on donne ces informations pour décourager certains candidats. Sinon, les FRCI ont été suffisamment informées, sensibilisées pour que ces forces-là aillent tirer en l’air dans des villages, je ne sais pas trop pour quoi.

Cependant, nous avons parcouru certains villages reculés de la ville. A Ouragahio, Guibéroua, dans les cantons Bamo, Guébié, Pakolo etc. Même dans le département d’Oumé, nous avons constaté qu’aux entrées et sorties de chaque gros village, il y a des corridors et barrages des FRCI. A quoi est-ce que cela répond ?
Je ne connais pas l’organisation des FRCI. Leurs responsables sont les seuls à déterminer les endroits, en fonctions des informations qu’ils ont pour mettre des barrages. Vous n’ignorez pas que depuis plus d’un an, il y a des attaques sporadiques un peu partout en Côte d’Ivoire. Donc je crois que ce genre de barrage à l’entrée de ces gros villages obéissent à cette stratégie de dissuasion, contrecarrer ou prévenir ces différentes attaques.

Toutefois, lorsque nous avons approché des populations de ces zones rurales, elles nous ont confié qu’elles se sentaient un peu comme des Indiens dans les ex-réserves des Etats-Unis.
Ecoutez, on ne peut pas vouloir d’une chose et de son contraire en même temps. Est-ce que cette population veut qu’on l’abandonne comme ça à la merci de tout assaillant, tout mercenaire qui entrerait dans notre département ? Ou bien elle a besoin d’être sécurisée ? On demande qu’on nous sécurise et dire qu’on nous embrigade. Il faut savoir que la sécurisation, c’est la limitation des libertés. Vous ne pouvez pas aller et venir comme dans un moulin. Il faut qu’on sache qui entre et qui sort. Si nous ne prenons pas ces dispositions et que, demain, il arrive ce qu’on a vu ailleurs, que dira-t-on ? J’ai rencontré des responsables de la police et de la gendarmerie qui m’ont rendu compte de certaines informations dont ils disposent. Alors qu’est-ce qu’on fait ? On reste les bras croisés jusqu’à ce qu’on vienne nous égorger comme des imbéciles ? Excusez-moi de l’expression, mais c’est par rapport à ces informations que ces mesures-là sont prises. Ce sont des mesures préventives. Je comprends les inquiétudes de la population. Mais je leur demande de souffrir un peu de cette situation parce que c’est le moindre mal.

Avez-vous pris des dispositions pour ne pas que les troubles viennent des FRCI ?
Les FRCI n’ont pas intérêt à créer des troubles. Des instructions sont d’abord arrivées de l’Etat-major, du général Soumaïla Bakaoyoko. Il y a effectivement des candidats qui ont tendance à les utiliser pour faire peur aux autres. Il y a des candidats qui se prennent pour des enfants chéris des FRCI et qu’ils peuvent les utiliser ces FRCI. Non, je pense que les instructions ont été fermes de la part du ministre de la Défense, de la part du général Soumaïla Bakayoko et de la part du gouvernement. Selon ces instructions, nous avons déjà démasqué des éléments de la marine qui étaient au service de certains candidats. On les a retirés. Donc, les FRCI en tant que telle, n’ont aucun intérêt à semer le trouble pendant ces élections.

Quel appel lancez-vous aux populations et aux différents états-majors des candidats ?
Je rassure les populations et les candidats que ces élections vont se dérouler ici à Gagnoa, dans des conditions normales apaisées, courtoises que partout ailleurs dans le pays. Que les électeurs aillent voter sans peur et que les candidats soient fair-play. Que le meilleur gagne !
Entretien réalisé par Guy TRESSIA, à Gagnoa
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