La proclamation des résultats des élections locales, son lot de violences et les contestations donnent du tournis aux autorités en ce moment. Dans la grisaille, le Pdci et le Rdr, les deux ténors du Rhdp, sont à couteaux tirés et s’accusent mutuellement de fraudes. Au regard des différentes déclarations faites de part et d’autre, il apparaît clairement que ces deux partis courent inexorablement vers la fin de leur union.
La bataille électorale, qui était censée se dérouler tranquillement dans les urnes, s’est malheureusement transposée sur la scène publique, prenant l’allure d’un combat de rue entre partisans du Pdci-Rda et ceux du Rdr. Mieux, ces troubles fort regrettables, ont eu pour théâtre, dans la plupart des cas les circonscriptions électorales où le parti d’Henri Konan Bédié a été plébiscité. C’est le cas par exemple de la commune de Koumassi. Dans cette commune en effet, des partisans de Cissé Ibrahima dit Bacongo, candidat malheureux du Rdr, sont descendus dans les rues pour manifester bruyamment en tirant même des coups de feu. Le ministre Bacongo crie à la fraude et demande l’invalidation du scrutin. A Treichville où François Amichia, le maire sortant semble avoir les faveurs des électeurs, les urnes et les bulletins de vote ont été saccagés ou emportés. A Cocody, c’est après de longues discussions que les résultats faisant de N’Goan Mathias candidat du Pdci, le vainqueur des élections, ont été annoncés. Parce que justement, les partisans de Félicien Agbahi du Rdr s’y sont opposés, estimant que c’est leur candidat qui méritait la victoire. Dans la commune de Marcory où Aby Raoul du Pdci-Rda a remporté les élections, six autres candidats dont le Rdr réclament l’annulation du scrutin. Et puis dans le Cavally, pour ce qui est des régionales, c’est la ministre Anne Désirée Oulotto du Rdr qui dit avoir engagé un recours en annulation du scrutin face au candidat Dagobert Banzio, du Pdci-Rda, vainqueur des élections. A Abobo où le candidat Adama Toungara du Rdr a remporté les municipales, la situation semble bien calme. Une fois n’est pas coutume, le Pdci conteste la victoire de Koné Kafana à Yopougon. Doukouré Moustapha, candidat malheureux, dit détenir des preuves de la fraude du Rdr. Face à cette situation, les deux alliés du Rhdp disent avoir saisi chacun ses avocats. La bataille au-delà des urnes risque de laisser des stigmates profonds, qu’il faudra du temps pour les cicatriser.
Pourquoi le Rdr montre-t-il impitoyable ?
A l’occasion des municipales de 2001, le Rassemblement des républicains du Président Ouattara avait raflé la presque totalité de toutes les communes de Côte d’Ivoire devant le Fpi et le Pdci-Rda. Ce fut une razzia, une parfaite démonstration de force pour ce parti qui n’avait pas pris part aux législatives. Laurent Gbagbo était encore au pouvoir. A cette époque, Guédé Guina du Rdr avait même été élu à la tête de la mairie de Gagnoa, ville censée être sociologiquement proche de Laurent Gbagbo. Aucune contestation n’est venue de qui que ce soit. Tous les partis politiques et les candidats ont reconnu la victoire du Rdr à la tête de toutes les mairies que ce parti a dirigées depuis lors jusqu’à maintenant. Lors des législatives de décembre 2011, c’est encore le parti du Président Ouattara qui a largement remporté ces consultations électorales face au Pdci-Rda. Là encore, hormis Bonon et Facobly-Sémian, où il y a eu quelques troubles, le pays n’a pas connu pareilles violences et manifestations de rue.
Alors, pourquoi pour une fois que le Rdr est sur le point de perdre seulement quelques communes à Abidjan, y a-t-il une telle manifestation de violences ? N’y a-t-il pas des limites à observer quand on est dans une alliance comme celle du Rhdp ? Il ne faut pas se leurrer, l’alliance n’a plus assez de chance de tenir encore longtemps. L’issue de ces consultations électorales, qui met à nu les dissensions entre les deux partis leaders du Rhdp, finira par emporter la machine qui a mis fin au règne de Laurent Gbagbo. Il est difficile de croire que le Rhdp survivra à cette guerre des tranchées entre le Rdr et le Pdci.
Le Pdci va-t-il saisir la main tendue du Fpi ?
Il y a quelques jours, le Front populaire ivoirien, le parti de Laurent Gbagbo faisait un appel de pied au Pdci-Rda. « Frères et sœurs du Pdci, le moment du grand sursaut national est venu. Resserrons nos rangs pour faire barrages aux prédateurs. Rassemblons-nous, pour défendre la Nation en péril. Nous n’avons que cette patrie, alors défendons-là ensemble… ». Voilà quelques lignes de ce qu’il est convenu d’appeler l’appel de pied du Fpi au Pdci. Même si le Professeur Niamkey Koffi, porte-parole d’Henri Konan Bédié a réagi en affirmant que celui-ci n’est pas intéressé par cette alliance, il reste que le Bureau politique du Pdci-Rda n’a pas encore répondu officiellement à cet appel. D’ailleurs Niamkey Koffi a aussi affirmé que la question serait étudiée en temps opportun. Avec ce qui se passe en ce moment sur le terrain, le parti d’Henri Konan Bédié pourrait donner une suite favorable au Front populaire ivoirien. Car depuis la fin de la présidentielle de novembre 2010, tout porte à croire que le Rdr ne veut plus de l’alliance des houphouëtistes
Jean Philippe Okann
La bataille électorale, qui était censée se dérouler tranquillement dans les urnes, s’est malheureusement transposée sur la scène publique, prenant l’allure d’un combat de rue entre partisans du Pdci-Rda et ceux du Rdr. Mieux, ces troubles fort regrettables, ont eu pour théâtre, dans la plupart des cas les circonscriptions électorales où le parti d’Henri Konan Bédié a été plébiscité. C’est le cas par exemple de la commune de Koumassi. Dans cette commune en effet, des partisans de Cissé Ibrahima dit Bacongo, candidat malheureux du Rdr, sont descendus dans les rues pour manifester bruyamment en tirant même des coups de feu. Le ministre Bacongo crie à la fraude et demande l’invalidation du scrutin. A Treichville où François Amichia, le maire sortant semble avoir les faveurs des électeurs, les urnes et les bulletins de vote ont été saccagés ou emportés. A Cocody, c’est après de longues discussions que les résultats faisant de N’Goan Mathias candidat du Pdci, le vainqueur des élections, ont été annoncés. Parce que justement, les partisans de Félicien Agbahi du Rdr s’y sont opposés, estimant que c’est leur candidat qui méritait la victoire. Dans la commune de Marcory où Aby Raoul du Pdci-Rda a remporté les élections, six autres candidats dont le Rdr réclament l’annulation du scrutin. Et puis dans le Cavally, pour ce qui est des régionales, c’est la ministre Anne Désirée Oulotto du Rdr qui dit avoir engagé un recours en annulation du scrutin face au candidat Dagobert Banzio, du Pdci-Rda, vainqueur des élections. A Abobo où le candidat Adama Toungara du Rdr a remporté les municipales, la situation semble bien calme. Une fois n’est pas coutume, le Pdci conteste la victoire de Koné Kafana à Yopougon. Doukouré Moustapha, candidat malheureux, dit détenir des preuves de la fraude du Rdr. Face à cette situation, les deux alliés du Rhdp disent avoir saisi chacun ses avocats. La bataille au-delà des urnes risque de laisser des stigmates profonds, qu’il faudra du temps pour les cicatriser.
Pourquoi le Rdr montre-t-il impitoyable ?
A l’occasion des municipales de 2001, le Rassemblement des républicains du Président Ouattara avait raflé la presque totalité de toutes les communes de Côte d’Ivoire devant le Fpi et le Pdci-Rda. Ce fut une razzia, une parfaite démonstration de force pour ce parti qui n’avait pas pris part aux législatives. Laurent Gbagbo était encore au pouvoir. A cette époque, Guédé Guina du Rdr avait même été élu à la tête de la mairie de Gagnoa, ville censée être sociologiquement proche de Laurent Gbagbo. Aucune contestation n’est venue de qui que ce soit. Tous les partis politiques et les candidats ont reconnu la victoire du Rdr à la tête de toutes les mairies que ce parti a dirigées depuis lors jusqu’à maintenant. Lors des législatives de décembre 2011, c’est encore le parti du Président Ouattara qui a largement remporté ces consultations électorales face au Pdci-Rda. Là encore, hormis Bonon et Facobly-Sémian, où il y a eu quelques troubles, le pays n’a pas connu pareilles violences et manifestations de rue.
Alors, pourquoi pour une fois que le Rdr est sur le point de perdre seulement quelques communes à Abidjan, y a-t-il une telle manifestation de violences ? N’y a-t-il pas des limites à observer quand on est dans une alliance comme celle du Rhdp ? Il ne faut pas se leurrer, l’alliance n’a plus assez de chance de tenir encore longtemps. L’issue de ces consultations électorales, qui met à nu les dissensions entre les deux partis leaders du Rhdp, finira par emporter la machine qui a mis fin au règne de Laurent Gbagbo. Il est difficile de croire que le Rhdp survivra à cette guerre des tranchées entre le Rdr et le Pdci.
Le Pdci va-t-il saisir la main tendue du Fpi ?
Il y a quelques jours, le Front populaire ivoirien, le parti de Laurent Gbagbo faisait un appel de pied au Pdci-Rda. « Frères et sœurs du Pdci, le moment du grand sursaut national est venu. Resserrons nos rangs pour faire barrages aux prédateurs. Rassemblons-nous, pour défendre la Nation en péril. Nous n’avons que cette patrie, alors défendons-là ensemble… ». Voilà quelques lignes de ce qu’il est convenu d’appeler l’appel de pied du Fpi au Pdci. Même si le Professeur Niamkey Koffi, porte-parole d’Henri Konan Bédié a réagi en affirmant que celui-ci n’est pas intéressé par cette alliance, il reste que le Bureau politique du Pdci-Rda n’a pas encore répondu officiellement à cet appel. D’ailleurs Niamkey Koffi a aussi affirmé que la question serait étudiée en temps opportun. Avec ce qui se passe en ce moment sur le terrain, le parti d’Henri Konan Bédié pourrait donner une suite favorable au Front populaire ivoirien. Car depuis la fin de la présidentielle de novembre 2010, tout porte à croire que le Rdr ne veut plus de l’alliance des houphouëtistes
Jean Philippe Okann