x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Politique Publié le lundi 29 avril 2013 | Le Patriote

Yopougon/ Interview Yao Yao Bertin, maire sortant : «Ecartons nous de la violence»

© Le Patriote Par DR
Yao Yao Bertin, l’actuel maire de la commune de Yopougon
Le Patriote : Vous êtes le maire sortant de Yopougon, quel est votre point de vue sur les remous qui ont secoué les élections dans votre commune. Et surtout la vague de protestations qui a en ce moment cours après ces élections ?
Yao Yao Bertin : Ecoutez, pour moi, toute élection doit être guidée par l’esprit de fair-play. Nous sommes tous Ivoiriens et nous devons avoir à l’idée que la compétition électorale a un arbitre qui est la CEI. C’est elle qui est chargée de proclamer les résultats. Une fois qu’elle l’a fait, nous qui sommes les compétiteurs, nous devons nous plier. C’est en cela que nous contribuerons à faire avancer notre pays et à respecter ses institutions, dont le premier garant est le président de la République. Tout le monde sait combien Alassane Ouattara tient à la paix. Nous savons tous qu’il n’aime pas le tapage. Cela d’autant plus qu’au plan sécuritaire, le ministre Hamed Bakayoko a mis les bouchées doubles. C’est à nous de l’aider en ne remettant pas en cause, à travers des troubles inutiles, la paix sociale. Les gens doivent comprendre que nous avons un seul pays et que ce pays a suffisamment souffert des dernières violences sanglantes postélectorales qui ont suivi les échéances présidentielles, avec les séquelles profondes qu’elles ont laissées dans l’esprit des Ivoiriens. Pourquoi le sang doit-il encore couler après les municipales ? Le président Houphouët-Boigny avait l’habitude de dire que la solidarité dans le malheur est différente de la solidarité dans le mal. Je demande donc à tous d’éviter les violences postélectorales.

LP : Est-ce cela qui justifie votre récente visite au maire élu Koné Kafana?
YYB : Vous savez que c’est Dieu qui établit les autorités. C’est lui qui a établi Koné Kafana. Il faut donc lui rendre gloire. Comme Dieu ne descend pas par des ailes d’ange pour sauver une commune, voyant cette cité en détresse et dans les lamentations, il a envoyé à un moment donné votre serviteur. Voilà pourquoi je parle souvent de synchronie et de diachronie dans le temps. Dieu m’a donné deux ans pour sauver la commune de Yopougon. Il va utiliser le président de la république Alassane Ouattara qui utilisera à son tour le ministre d’Etat Hamed Bakayoko pour m’envoyer en mission. Cette mission a duré deux ans. J’ai fini et je suis allé aux élections. J’ai perdu. Le gagnant, c’est Kafana Koné. Je demande pardon à mon frère Doukouré Moustapha pour qu’il laisse son frère Kafana Koné pour les cinq ans à venir. Il a été maire pendant dix ans. Chacun a son temps. Le Dieu que nous adorons est un Dieu de temps. Mon temps a été de deux ans et pour Doukouré a été pour dix ans. Aujourd’hui, c’est le temps de Kafana Koné pour cinq ans. C’est le même Dieu qui fera le reste.

LP : Vous qui avez participé aux élections, confirmez-vous qu’elles ont été sécurisées et que la CEI a pleinement joué sa partition ?
YYB : En tout cas, rien au plan sécuritaire ne me permet de dire le contraire. Quant à la CEI, elle est indépendante et je lui fais confiance. C’est une institution qui n’est sous le contrôle de personne, ni même du président de la République. Savez-vous que le jour du scrutin, à 22heures, on me donnait victorieux et j’ai dansé à mon Q.G ? Mais après, les rumeurs ont annoncé Doukouré Moustapha gagnant et la joie s’est emparée de son camp. Mais comme la rumeur est comme un train qui passe, le dernier wagon a annoncé ensuite la victoire de Kafana Koné. C’est donc Dieu qui a tranché à travers la Cei. Alors il faut accepter le verdict et laisser de côté les troubles.

LP : Mais, les adversaires de Kafana crient à la fraude en indexant un membre de la CEI 4, un ex-chargé de mission du vainqueur comme acteur principal des irrégularités constatées?
YYB : Je ne suis pas pour une telle analyse. Cela devrait être fait avant et non après. Si Doukouré avait gagné, on aurait accepté le résultat sans parler de pro-Kafana. On l’accuse parce que nous avons perdu. Je ne suis pas d’accord pour ces accusations. Il faut accepter les résultats et avancer.

LP : Quel est le message de paix voulez-vous lancer ?
YYB : Je veux m’adresser à une seule personne. Il s’agit de Doukouré Moustapha. Il est le frère de Kafana Koné, c’est mon frère, c’est le frère d’Hamed Bakayoko et aussi du président de la République, Alassane Ouattara. Je lui demande pardon. Vous savez, j’ai été fier de mes deux ans passés à la tête de la commune. J’ai ramené la paix à Yopougon. Mais il a suffi que je me retire, 48 heures à peine, pour que cette commune sombre à nouveau dans l’incertitude. Je ne veux pas cela. Je demande pardon à mon frère Doukouré de mettre balle à terre. Je viens d’apprendre dans la presse que, selon lui, le président Henri Konan Bédié lui a envoyé des avocats pour sa défense. Je ne crois pas parce que le président du Pdci-Rda, que je connais bien pour son esprit de paix, puisse agir ainsi. C’est un disciple d’Houphouët-Boigny et il est aussi le principal conseiller d’Alassane Ouattara dans le cadre du RHDP. Mais si c’était vraiment le cas, je lui demande au nom de la paix dans ce pays de voir son jeune frère Doukouré Moustapha, de le ramener à de meilleurs sentiments. Car, les populations de Yopougon ont trop souffert lors de la crise postélectorale.

LP : Avec du recul, que peut-on retenir concrètement de vos actions menées pendant ces deux ans de gestion à la tête de la municipalité ?
YYB : Toute modestie mise à part, je crois que mon bilan est positif. Les gens avaient fui Yopougon. Et la commune était déserte et orpheline. Il a fallu la parole d’évangélisation de Yao Yao Bertin pour redonner espoir à cette population. Je suis à la fois avec les chrétiens et les musulmans et le carrefour de toutes les formations politiques. J’ai prêché partout, j’ai demandé pardon à tout le monde et les gens m’ont compris. Pendant deux ans, j’ai réussi à instaurer la paix, Mais au moment où je vous parle aujourd’hui, je crains que cela ne soit sérieusement remis en cause. Je crains que Yopougon ne devienne une zone rouge. Je demande pardon à Doukouré Moustapha. Car, la belle cité de Yopougon est en danger. Concernant Kafana Koné, je n’ai rien à signaler, car je connais l’homme.

LP : Après votre passage chez Kafana Koné, êtes-vous prêt à aller rendre visite à Doukouré Moustapha ?
YYB : Pour la paix à Yopougon, je suis prêt à aller me prosterner chez Doukouré Moustapha. Je vais vous faire une confidence. Je suis allé au QG de Kafana pour le féliciter. Mais bien avant, quand j’ai été nommé maire, c’est Doukouré, la première personne à qui j’ai rendu visite. Je me suis confié à lui et je lui ai demandé de m’aider dans la gestion de la commune, car j’avais besoin de son expérience. Je ne pourrai jamais oublier ce geste. Je suis prêt à aller le revoir pour lui demander pardon afin de laisser Kafana Koné faire ses preuves. S’il faut me coucher à ses pieds, je suis prêt à le faire. Car je suis jaloux de Yopougon. Aujourd’hui, les populations pleurent, parce qu’elles craignent des troubles. Je ne veux pas voir les populations dans cet état.

LP : Pensez-vous que tout rentrera dans l’ordre ?
YYB : Certainement, car je crois en mon Dieu. Il ne permettra pas que le feu soit mis une fois encore dans cette commune, qui a tant souffert après l’élection présidentielle passée. Je ne veux plus entendre de coups de kalach à Yopougon.

LP : Quel message à tous ceux qui ont perdu ?
YYB : Je demande à tous les candidats d’accepter le résultat proclamé par la CEI. Qu’ils laissent tout tomber, car Dieu ne ferme pas une porte sans en ouvrir une autre. Des neuf candidats que nous étions à Yopougon, il fallait obligatoirement un gagnant. Les autres doivent accepter le verdict et se retirer pour réfléchir à leur avenir. Pourquoi créer forcement du désordre pour un poste électif ? Je demande aussi au FPI de savoir raison gardée en militant pour la paix. Je demande à tous ceux qui ont perdu comme moi et qui ont introduit des recours en annulation de le faire dans le calme. Enfin, je demande au FPI de reprendre les négociations avec le gouvernement pour la réconstruction de notre beau pays après cette crise postélectorale et le reste viendra par surcroit.

Réalisée par EK
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Politique

Toutes les vidéos Politique à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ