Lorsqu’on entend des sons discordants dans un groupe, certains sont amenés à décréter la fin. Mais tous les chants de cygne ne s’apparentent pas au crépuscule. Parfois les chants et les éclats de voix sont symptomatiques d’une certaine vitalité et l’expression d’un désir profond de bien faire. C’est le cas des voix dissonantes entendues ces derniers temps dans la grande famille des Houphouétistes. « Le RHDP est à la croisée des chemins », disent certains. « Le RHDP est bel et bien mort », renchérissent d’autres. Face aux tiraillements observés ces derniers jours, après les élections municipales et régionales, d’aucuns ont vite fait d’enterrer l’Alliance née le 18 mai 2005 aux bords de la Seine. Pour ces prophètes des aurores, le Rassemblement des Houphouétistes pour la Démocratie et la Paix ne survivra pas des déchirements constatés lors des dernières électorales. Car les dégâts causés par le choc des ambitions au cours des dernières compétitions électorales sont irréversibles. Pour les tenants de cette thèse, 2015 assurément viendra confirmer le malaise profond qui s’est emparé de la grande alliance qui a sauvé la Côte d’Ivoire de l’Obscurantisme. On comprend aisément la position de toutes ces personnes. Mais on est obligé de leur dire, même s’ils n’ont pas tort sur toute la ligne, que leurs prévisions pessimistes sont précipitées. Car tout ce qui s’est passé au cours des élections municipales et régionales est dans l’ordre normal des choses. Cela est tout à fait normal, pour ne pas dire banal, que l’on ait assisté à toutes ces frictions durant cette période électorale. Le jour où les fils de Félix Houphouët-Boigny avaient décidé d’aller en rangs dispersés à ces élections, elles étaient même prévisibles. Mais une fois la compétition terminée, les choses rentreront dans l’ordre. Comme ce fut le cas lors des élections législatives. Ce n’est pas parce que dans une famille des frères et sœurs se mettent à s’engueuler ou parfois à se battre que c’en est fini pour la famille. Le RHDP ne mourra pas et ne peut pas mourir. N’en déplaisent à tous ceux qui souhaitent sa mort. Car ce qui unit les membres de cette alliance est plus fort que ce qui les divise. Tant que l’obscurantisme et les forces rétrogrades menaceront la Côte d’Ivoire, l’esprit qui a permis à la Côte d’Ivoire d’être encore débout se manifestera. La flamme du RHDP n’est pas éteinte. Elle a tout simplement vacillée. Les gardiens du Temple, en l’espace d’une élection, se sont assoupis. Laissant les oiseaux de malheurs y pénétrer. La nature a horreur du vide. C’est pourquoi en l’absence de l’adversaire commun, les frères et sœurs se sont trouvés d’autres challengers. Eux-mêmes. Mais quand viendra le vrai combat, celui de la survie de la Côte d’Ivoire, les querelles intestines se tairont d’elles-mêmes pour faire face à une union sacrée pour faire face à tous ceux qui ne rêvent d’une seule chose. Anéantir l’héritage du père fondateur. Le serpent n’est pas encore mort. Il fait pour le moment le mort pour mieux tromper la vigilance de tous. On peut se battre pour des postes. Mais il ne faut pas perdre de vue l’essentiel. Et l’essentiel, c’est la Côte d’Ivoire telle que léguée par le président Félix Houphouët-Boigny. C’est-à-dire une Côte d’Ivoire fraternelle où tous ses filles et fils vivent en parfaite harmonie dans leur diversité. Que ce soit au PDCI-RDA ou RDR, personne n’a intérêt à ce que la Côte d’Ivoire brûle. C’est pourquoi, pour nous, tous les débordements observés au cours de ces derniers jours n’est qu’un épiphénomène provoqué par le choc des ambitions. Ils ne peuvent en aucun cas tuer le RHDP qui est une émanation profonde de la philosophie houphouétienne. Tant que les gardiens du temple que sont les présidents Ouattara et Bédié, dignes héritiers du père fondateur de la Côte d’Ivoire, veilleront au grain, il sera difficile à tous ceux qui souhaitent la mort du RHDP d’arriver à leurs fins. Car ils savent pertinemment qu’accepter la mort du RHDP, c’est aussi accepter celle de la Côte d’Ivoire telle que rêvée par le Sage de Yamoussoukro. C’est accepter le retour en arrière qui a tant causé de mal à la Côte d’Ivoire. C’est accepter la politique de la préférence nationale et l’ultranationalisme. C’est également retourner au repli identitaire et à la Côte d’Ivoire des tribus. C’est faire le deuil de l’unité nationale. Et cela, Bédié et Ouattara ne pourront jamais l’admettre et le permettre. Car y va de leur responsabilité devant l’Histoire.
Jean-Claude Coulibal
Jean-Claude Coulibal