Ce qui s’est passé avant-hier à l’Université, lors du colloque d’hommage à la Grande Chancelière, Henriette Dagri Diabaté, n’est assurément pas fortuit. Les actes de violence savamment planifiés par un groupe d’étudiants réunis au sein de la Ligue de Groupements Estudiantins et Scolaires (LIGES) sonnent comme le réveil de la FESCI, cette sorte de bras séculier de la refondation qui a pris l’école ivoirienne en otage toute une décennie durant. Par son mode opératoire, fait de rassemblement soudain à l’aide de sifflets, par ses dérives langagières et son attrait pour la violence, la LIGES n’est rien d’autre qu’un pendant de la FESCI. Par ailleurs, tous ses membres sont des anciens tenants de cette organisation qui a endeuillé l’école. Il ne faut donc pas se méprendre. Cette ligue n’est rien d’autre qu’une nouvelle tête de l’hydre FESCI qui se régénère après les temps d’hibernation et de quasi clandestinité imposés par l’issue de la crise postélectorale marquée par la défaite de Laurent Gbagbo et de son camp. C’est peu de dire que FESCI et LIGES, « c’est bonnet blanc, blanc bonnet ». L’une s’est mise en veille pour donner toute sa splendeur et son expression à l’autre. La question de micros qui aurait été à la base de la colère et de la violence des actants de la LIGES n’est qu’un faux prétexte. A dire vrai, elle a été solutionnée par les autorités universitaires et ne relevait point du ministre Cissé Bacongo. L’université et les UFR ont une autonomie de gestion et sont dotées de moyens pour répondre aux exigences d’une bonne formation des étudiants et de meilleures conditions de travail. Les langues se délient pour révéler que les auteurs des scènes de violence du lundi dernier, avaient planifié leur opération. Le colloque à Henriette Dagri Diabaté était une occasion de battre le rappel des troupes et surtout de tester les capacités des forces de l’ordre, en attendant des mouvements de grande envergure. La LIGES entend ainsi mettre en mal l’Université, en parfaite symbiose avec les pro-Gbagbo qui rêvent d’une déstabilisation de la Côte d’Ivoire. Ceux qui pariaient sur la mise à mort de la FESCI, du moins sur sa neutralisation, avec l’exil de nombre de ses membres et surtout la capture de Laurent Gbagbo, doivent revoir leur copie et surtout redoubler de vigilance. A l’instar du volcan endormi ou du monstre emporté par un profond sommeil, La FESCI se donne les moyens de se réveiller. Au lendemain de la crise postélectorale, cette organisation qui a fait régner la terreur sur les campus, levant l’impôt, tuant en toute impunité, sous le regard protecteur de la refondation, s’était terrée par instinct de survie, avait gardé le profil bas pour ne pas être totalement démantelée et regarder venir le temps, afin de se ressouder ou carrément de procéder à un camouflage certain. D’où la naissance de la LIGES qui reprend les mêmes thèses et thèmes. A savoir servir de rampe de lancement à une refondation en déliquescence. Sur nos campus, la LIGES s’est donnée pour fonction de servir de centre d’expérimentation d’une émergence du FPI, par la paralysie du système éducatif et scolaire. A l’approche des examens de fin d’année, le monstre transi a choisi de se réveiller. Le volcan a décidé de rentrer en ébullition. Le ballon d’essai du lundi dernier, sans raison apparente, est un indicateur pour le régime. Les autorités doivent prendre les mesures idoines pour neutraliser ces nids de violence et faire en sorte que l’Université ne redevienne plus un champ de violence et de propagande d’une refondation en déroute. Mais un temple du savoir et de la connaissance.
BAKARY NIMAGA
BAKARY NIMAGA