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Politique Publié le mardi 21 mai 2013 | Le Nouveau Réveil

Matt Wells, chercheur à Human Rights, à propos de l’arrestation d’Amadé Ouérémi, sur Rfi : «Le Gouvernement doit donner le pouvoir aux juges d’enquêter sur les crimes graves»

Après l’arrestation de Amadé Ouérémi dans la forêt du Mont Péko, Matt Wells, chercheur à Human Rights, est intervenu, hier, sur Rfi, pour en donner ses impressions. Il s’est prononcé sur les crimes commis à l’Ouest, durant la crise post-électorale et le sort d’Amadé après son arrestation.

Amadé Ouérémi a été arrêté samedi dernier. Peut-on dire qu’il s’agit-là de la première arrestation d’envergure menée par le pouvoir contre ses propres soutiens militaires ?

Bon, il faut attendre un peu. Parce qu’il n’a encore été possible d’établir clairement si cette arrestation d’Ouérémi est liée à cette investigation d’établir les crimes graves commis pendant la crise ou si elle est la conséquence de son refus de quitter la région du Mont Péko.

Parmi les crimes dont Amadé Ouérémi est soupçonné, il y a le massacre du quartier Carrefour à Duékoué fin mars 2011. Quel rôle aurait-il joué, d’après vos informations, dans ce massacre?
Human Rigths a interviewé de nombreux témoins oculaires qui ont identifié Amadé et ses hommes en tant que auteurs de ces massacres. Ce jour-là, le 29 mars, les forces pro-Ouattara étaient avec les hommes d’Amadé qui sont bien connus à Duékoué. Ils ont exécuté sommairement quelques centaines d’hommes y compris des personnes âgées dans le quartier suspecté d’être une base des pro-Gbagbo.

Au cours des deux dernières années, Amadé Ouérémi n’a pas été inquiété. Les crimes se sont poursuivis dans l’Ouest du pays.

Amadé occupe illégalement la forêt du Mont Péko. Lui et ses hommes ont commis des exactions graves durant la crise. Ils ont martyrisé une partie de la population. Mais Amadé bénéficie de l’impunité dont bénéficient les forces pro-Ouattara, aujourd’hui.
Son arrestation, selon vous, peut-elle permettre de ramener, un tout petit peu, la sérénité dans l’Ouest ivoirien ou bien s’agit-il essentiellement d’une opération de communication du pouvoir ?
Je pense que l’arrestation d’Amadé est une satisfaction des gens de l’Ouest, notamment les pro-Gbagbo. Maintenant, il faut que cette arrestation devienne une enquête. Ça, c’est la question essentielle.

Est-ce qu’Amadé Ouérémi, selon vos enquêtes, est un électron libre ou bien il a été intégré dans un dispositif militaire plus centralisé ?

Pendant la crise post-électorale, lui et ses hommes ont combattu aux côtés des forces républicaines. Ce qui est sûr, il y a une relation entre lui et les forces régulières.

Et ces derniers mois ?

Bon, je pense que pendant les deux années, il semblait qu’il était protégé par les forces républicaines. Mais aujourd’hui, l’arrestation donne le signal que les jours de protection d’Amadé sont terminés.

Matt Wells, pensez-vous que l’avenir judiciaire d’Amadé Ouérémi va se jouer en Côte d’Ivoire ou il sera transféré à La Haye?

Je pense que ça c’est une décision qui incombe à la Cpci et aux autorités ivoiriennes. Les autorités ivoiriennes ont dit, pendant les deux derniers mois, que le système judiciaire en Côte d’Ivoire peut faire les poursuites contre les deux camps. Avec Amadé, c’est un cas qui est lié à un crime très grave et ce n’est pas quelqu’un qui est parmi les forces régulières, aujourd’hui. Je pense que si le Gouvernement est sérieux sur ses promesses de donner une justice impartiale, on peut traiter son cas en Côte d’Ivoire.

Amadé Ouérémi a été arrêté, notamment par les hommes de Losséni Ouattara qui, lui-même, a été pointé du doigt, dans les crimes commis dans l’Ouest ivoirien. Selon vous, Alassane Ouattara va-t-il oser mettre devant la justice les principaux chefs de guerre qui lui ont permis d’accéder au pouvoir ?

Le premier pas, c’est de donner aux procureurs et aux juges d’instruction, la liberté d’enquêter. Jusqu’aujourd’hui, c’est difficile pour eux. Il n’y a pas de protection pour les juges et pour les procureurs. Il n’y a pas de système de protection ou de stratégie en matière de poursuite. Le Gouvernement doit donner le pouvoir aux autorités judiciaires pour enquêter sur les crimes graves dans les deux camps.

Existe-t-il la volonté politique de le faire ?

Il y a deux ans, il semble qu’il n’y avait pas de volonté politique de poursuivre les forces pro-Ouattara. Mais j’espère qu’avec l’arrestation d’Amadé Ouérémi, ça montre que les autorités ivoiriennes ont commencé à tenir des promesses de justice impartiale. C’est une très bonne chose pour la Côte d’Ivoire et pour l’Ouest du pays qui a beaucoup souffert pendant la crise post-électorale.

Propos retranscrits par JB KOUADIO
Source : Rfi
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