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Art et Culture Publié le mercredi 22 mai 2013 | Le Patriote

Amadou Hampâté Bâ : Regards croisés sur sa contribution à la promotion de la Francophonie

15 mai 1991-15 mai 2013. Cela fait donc 22 ans qu’Amadou Hampâté Bâ s’est endormi dans la paix du Seigneur. Pour marquer donc le 22ème anniversaire de sa mort, la Fondation qui porte le nom de ce grand érudit africain a réuni, samedi dernier, autour d’une table-ronde, quatre intellectuels de haut vol. A savoir, Marielle Chauvin-Togbé, docteure en philosophie, Yacouba Konaté, professeur de philosophie à l’Université Félix Houphouët-Boigny et Directeur de cabinet de la Grande Chancelière Henriette Diabaté, Jean-Philippe Deschamps, Attaché de coopération éducative de l’Ambassade de France, Pr Kalilou Téra, Président de la Commission mandingue de l’Académie des langues africaines de l’Union Africaine. C’était dans ses locaux situés à Cocody Danga. Il s’agissait donc pour ces panélistes de jeter, à travers le thème, « la langue française, identité et différence », des regards croisés sur le rapport d’Amadou Hampâté Bâ à la langue française. Directrice exécutive de la Fondation Hampâté Bâ, Roukiatou Hampâté Bâ a, d’entrée, témoigné sa gratitude aux universitaires, aux autorités ivoiriennes ainsi qu’au ministère de la Culture et de la Francophonie, pour leur appui. Selon elle, Amadou Hampâté Bâ considérait que la beauté des langues africaines réside dans leur diversité. Pour lui, a ajouté Roukiatou Hampâté Bâ, les langues africaines méritent d’être codifiées, histoire de les hisser au même niveau que les autres langues. A l’en croire, son géniteur a affirmé, quand il vivait, que « c’est grâce au français qu’il a pu communiquer avec son ami Houphouët-Boigny». «L’alphabet peulh qu’il a créé avait pour but de donner à nos langues africaines le statut de langue de l’oralité pour être des langues écrites », a-t-elle fait savoir. A la suite de Roukiatou Hampâté Bâ, le représentant du ministre de la Culture et de la Francophonie, Elie Liazéré Kouao, a réitéré le soutien de Maurice Bandaman à cette initiative. Puis, ce fut la place aux communications. C’est Marielle Chauvin-Togbé qui a ouvert la série des réflexions. Dans la pratique du français par Amadou Hampâté Bâ, elle a noté un jeu de langage, qui lui donne tout son côté ludique et humoristique. Ensuite, le Pr Yacouba Konaté a articulé son intervention autour de trois hypothèses. Premièrement, il considère le français comme une langue paternelle, une langue du pouvoir, rappelant que « le français ne nous a pas engendré comme mère, mais plutôt comme père». «Dans nos sociétés, ne pas parler le français est une incapacité. Le pouvoir étant paternel, il faut pouvoir parler le français pour pouvoir l’acquérir », a argumenté le Pr Konaté, tout en relevant que « les écrivains de la négritude ont tout fait pour être le plus proche de la langue française». Toutefois, il a relevé un effet de résistance à la norme standard du français, en citant le cas d’Ahmadou Kourouma, qui, selon lui, a tenté de produire un paradigme matériel de la langue française. « L’écriture de cette langue a créé une rébellion qui a engendré la matérialisation de la langue française», a-t-il fait comprendre. Deuxièmement, il a préconisé le retour du maternel, tout en appelant à l’enseignement de nos langues maternelles, en plus des écoles primaires, dans nos universités. Troisièmement, il a analysé le statut du français comme grand-père. Cela se traduit, à ses yeux, par l’avènement du nouchi (l’argot ivoirien), parlé par des gens qui comprennent le français standard mais font délibérément une déviation. « Ces gens jouent avec le français, comme ils jouent avec leur grand-père. C’est lié à l’explosion de l’Urbanisation », a expliqué le Pr Konaté. Enfin, il a dit croire en la question de la langue. « Je suis pour qu’on pense et parle à partir de nos langues », a conclu l’éminent philosophe. Evoquant sa propre expérience, Jean-Philippe Deschamps a démontré que toute langue mérite d’être respectée, militant pour l’égalité des cultures. « On ne défend pas une langue en écrasant les autres. On le fait en les respectant. Il faut respecter la différence des autres, ne pas avoir du mépris pour leurs langues », a-t-il vivement conseillé. Non sans recommander l’enseignement de nos langues à l’école.
Dernier panéliste, le Pr Kalilou Téra a enseigné que le vocabulaire des langues africaines s’enrichit de mots empruntés dans d’autres langues. « Les langues africaines sont codifiées. Amadou Hampâté Bâ était l’un des premiers linguistes africains qui a traduit avec un bon alphabet des cantiques en peulh », a-t-il souligné.
On retiendra de cette journée de réflexions et du souvenir, que la cohabitation du français avec les langues africaines doit se faire dans un respect mutuel.
Y. Sangaré
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