C’est la réponse du berger à la bergère. Dans un courrier daté du 17 mai en réponse à la ‘’Réaction officielle du gouvernement ivoirien’’, signée du ministre de la Justice, Gnénéma Coulibaly, à son rapport du 4 avril, intitulé : « Transformer les discours en réalité: L’heure de réclamer des comptes pour les crimes internationaux graves perpétrés en Côte d’Ivoire », Human rights watch se félicite de la disposition du Président Alassane Ouattara à œuvrer à la bonne conduite des enquêtes dans le pays. « Nous saluons à nouveau l’esprit d’ouverture manifesté de manière constante par le gouvernement du Président Alassane Ouattara vis-à-vis d’organisations de défense des droits humains comme Human rights watch, en nous permettant de faire notre travail sans ingérence externe et en menant avec nous des discussions empreintes de franchise au sujet de nos recommandations », fait remarquer Hrw dans le courrier. L’organisation salue également «les mesures importantes en faveur de la justice, notamment à travers l’augmentation du budget du ministère de la Justice; la création des institutions comme la Cellule spéciale d’enquête chargée de traiter les crimes commis pendant la crise postélectorale; en ratifiant le Statut de Rome régissant la Cour pénale internationale ». Et « en rejetant l’idée d’une amnistie générale pour les crimes de la période postélectorale, laquelle avait été souvent proposée par des dirigeants du Front populaire ivoirien de Laurent Gbagbo ». Cependant, Hrw se dit préoccupée par plusieurs déclarations contenues dans la réponse du gouvernement, qui constituent une « présentation erronée » de la situation actuelle des investigations et des poursuites judiciaires sur les crimes graves de la crise postélectorale. En effet, dans son rapport d’avril la structure de défense des droits de l’Homme avait affirmé que tandis que plus de 150 personnes appartenant au camp Gbagbo ont été inculpées de crimes commis pendant la crise postélectorale, aucun membre des Forces républicaines n’a encore été inculpé de crimes commis durant la même période. L’organisation soutient que la suggestion dans la réponse officielle du gouvernement que ce ratio de 150 à 0 se rapporte uniquement à des crimes économiques est tout simplement inexacte. Car soutient l’organisation, des dizaines de prisonniers proches de l’ancien régime dont Simone Gbagbo, Blé Goudé et Dogbo Blé avaient été inculpés pour crime de sang, pour génocides, pour crime contre la population civile et de meurtres. Mais, Hrw qui souffle le chaud et le froid, salue par ailleurs les efforts consentis par le gouvernement ivoirien pour appliquer ses recommandations, tout en notant toutefois que « le suivi et la mise en œuvre laissent encore à désirer. Il nous apparaît clairement que les procureurs et les juges sont confrontés à un certain nombre d’obstacles qui affectent probablement leur capacité d’action », fait remarquer l’organisation de défense des droits de l’Homme.
Danielle Tagro
Danielle Tagro