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Politique Publié le lundi 3 juin 2013 | Le Patriote

Koulibaly et les yeux rouges du Fpi

© Le Patriote Par PRISCA
Activités partis politique : Liberté et démocratie pour la République (LIDER) dans la commune de Marcory
Samedi 17 septembre 2011 : Abidjan-Marcory, installation d`une section du parti LIDER, par son Président Monsieur Mamadou Koulibaly
Dans sa publication du jeudi 30 mai dernier, le quotidien Notre Voie, en guise de réaction à la sortie de Mamadou Koulibaly qui, la veille dans une interview accordée à un confrère étranger, s’en était vertement pris à Laurent Gbagbo, n’a eu que ces mots pour barrer sa Une : «Mamadou Koulibaly : l’ingratitude achevée». Et, en titre de soutien, notre confrère d’expliciter sa pensée : «Il vilipende son bienfaiteur». Les articles consacrés à l’intérieur du journal à ces différents titres n’iront pas plus loin dans les reproches formulés à l’encontre de l’ancien numéro deux du défunt régime. En substance, on pouvait y lire que le patron de Lider, par la rugosité de ses propos envers Gbagbo avait fait preuve, au-delà de l’ingratitude, d’indécence, de méchanceté voire même de cruauté envers un ancien camarade, dont il était pourtant le dauphin constitutionnel et qui se retrouve aujourd’hui devant la justice internationale. Pour le confrère, Koulibaly aurait dû avoir «la reconnaissance du ventre» lui qui a été fabriqué de toute pièce par celui qui l’a d’abord «imposé» comme député de Koumassi et nommé par la suite président de la deuxième institution du pays. Et l’auteur de l’article de dire toute sa peine devant un Koulibaly qui n’est «même pas capable de trouver quelques qualités à Gbagbo».
Bon nombre de ceux qui ont lu le papier de Notre Voie ont du en capter une charge émotionnelle à forte dose mélancolique et il ne serait pas étonnant que certains irréductibles de Gbagbo aient pu écraser à l’occasion une larme de mansuétude pour le pensionnaire de la prison de Scheveningen, au Pays-Bas.
Car, à la vérité, Koulibaly a été sans pitié pour Gbagbo. Et, dans la forme, on ne peut pas ne pas comprendre la douleur que nos chers confrères ont pu ressentir devant tant de virulence à l’encontre d’un homme qui «n’est même plus en mesure de répondre» à son pourfendeur. Koulibaly, de ce point de vue, tire quasiment sur une ambulance. En Afrique, et même partout ailleurs, on ne fait pas ça à un frère, de surcroît quand celui-ci se trouve dans des problèmes aussi inextricables que ceux qui assaillent Gbagbo. Surtout que ce frère, comme le souligne l’un des articles de nos amis de Notre Voie, «n’a jamais eu de propos méchants» à l’encontre de son ex-dauphin constitutionnel. Cher Koulibaly, ceci est de la traitrise. Ni plus ni moins. Et Notre Voie a pleinement raison de vous le faire remarquer.
Cela dit, il faut peut-être poser le problème dans le fond. Koulibaly a été méchant, traître, ingrat. C’est vrai. Mais ce monsieur a quand même dit des choses extrêmement graves sur Gbagbo, auxquelles, passée l’émotion, il aurait été tout de même intéressant pour ses porte-voix de répondre. Koulibaly dit que Gbagbo n’a pas gagné l’élection présidentielle d’octobre 2010. Que lui qui était au cœur du système et qui a été l’un des soutiens actifs du candidat du FPI l’affirme aussi clairement, c’est quand même quelque chose qui aurait pu outrer ses défenseurs. Parce que cette vérité n’est pas n’importe quelle vérité. Elle a quand même coûté la vie à trois milles de nos compatriotes, quand Gbagbo a refusé de l’admettre !
Koulibaly dit encore une chose qui méritait réponse. Il affirme que Gbagbo a vendu la Côte d’Ivoire aux Français. Voici quelques pans de son argumentaire à cet effet : «Gbagbo a été le meilleur défenseur de la France dans la crise ivoirienne. Il a tout donné aux Français. Il a renouvelé les concessions de l’eau et de l’électricité à son ami Martin Bouygues, de gré à gré. Pareil pour le téléphone, qu’il a redonné hors toute procédure à France Télécoms. Il a offert le terminal à conteneur du port d’Abidjan à Bolloré, sans appels d’offres. Malgré toutes nos mises en garde, il a confié l’élaboration du fichier électoral à la Sagem. Sa campagne a été conçue et gérée par Stéphan Fouks. Un de ses principaux financiers était Bolloré. Il a confié ses sondages à la Sofres. Entre les deux tours, Gbagbo s’est même empressé d’octroyer des blocs pétroliers à la frontière du Ghana au groupe Total… ». Là encore, ces vérités sont pour le moins graves, parce que pendant dix ans, le discours du FPI et de son chef était carrément aux antipodes de ces lunes de miel nocturnes de l’ultranationaliste Gbagbo avec la France. On a quand même vu comment dans ce pays, à l’instigation de Gbagbo, Blé Goudé et les jeunes patriotes s’en prendre tout le temps aux intérêts français. Koulibaly nous dit donc que Gbagbo était un traître à la cause patriotique, qui a pourtant constitué le socle de sa politique. Et qu’il n’a fait que tromper ses partisans en pactisant avec celui qui n’était qu’un diable le jour et un ange la nuit tombée.
Alors, au lieu de pleurer, jusqu’à en avoir les yeux si rouges, sur la méchanceté des propos Koulibaly, c’est à la véracité de ceux-ci qu’il aurait fallu apporter une réponse appropriée.

PAR emmanuel Koré
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