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Politique Publié le jeudi 6 juin 2013 | Boigny Express

L’honorable N’guetta Kaménan (Député de Tiémélékro-Anoumaba) : Ça serait suicidaire d’écarter le président Bédié

Une tempête traverse assurément le PDCI en ce moment. Le secrétaire général dit ne plus pouvoir avaler de couleuvre et accuse à mots voilés son patron de président. Des jeunes annoncent secouer le cocotier et occuper la direction du parti après s’être débarrassé du président Bédié. Les tranchées se creusent en attendant le grand rendez-vous des 3-4-5 octobre prochain. Nous avons rencontré une des voix qui portent, le Député Kaménan, membre du bureau politique pour en savoir plus.

Boigny Express : Monsieur le Député, il y a un débat en ce moment au PDCI ou du moins une agitation qui met en scène le secrétaire général qui dit se sentir mal à l’aise selon la manière dont procède son patron le président Bédié dans l’organisation du congrès. Comment suivez-vous ce débat ?

Honorable Kaménan : Le PDCI est régie par des textes qui organisent son fonctionnement. Mais jusqu’à présent, le président n’a rien fait qui ne soit pas de ses pouvoirs. Si nous prenons le cas de la mise en place du comité ad ‘hoc que l’on évoque, ce sont les textes qui autorisent le président du parti à pouvoir créer un comité pour lui confier le traitement de tous sujets de son choix avant de le verser dans les instances de droit pour lui faire porter le cacher d’une décision du parti. C’est ce qu’il a fait dans le cadre du 12ème congrès en transmettant les rapports des travaux au secrétaire général conformément aux textes. Le président est donc dans les pleins droits qui lui sont dévolus par les textes de notre parti.

Boigny Express : Il ressort que l’évocation des textes s’adresse à l’article 35 du statut du parti qui stipule que tout candidat à la présidence du parti soit âgé d’au plus 75 ans et l’on soupçonne le président Bédié de vouloir se faire reconduire à la présidence du parti.

Honorable Kaménan : Il y a effectivement un article qui dit cela et c’est le président Bédié lui-même qui l’a fait éditer à l’issu du 11ème congrès tenu en avril 2002. Nous ne sommes pas encore au congrès et le président n’a pas encore proclamé de candidature. Mais s’il le faisait, ce serait la meilleure chose qui puisse arriver au PDCI. Voyez-vous, les secrétaires de sections et les comités de base ont été installés depuis 1996. Après le 11ème congrès, la rébellion armée n’a pas permis de les renouveler dans la période prévue qui était le dernier trimestre de l’année. Notre parti a connu une saignée dans ses rangs et aujourd’hui nous n’en sommes pas à l’abri. Donc les textes sont faits par les hommes qui les appliquent et les modifient pour les adapter aux temps et aux circonstances. Quand nous observons que la gestion du parti est différente de la gestion de la nation. Il n’est donc pas nécessaire de se conformer aux textes en vigueur au plan national dans le cadre du PDCI. En dehors de ces choses là, le président Bédié constitue aujourd’hui l’élément catalyseur, le pilier, l’élément de rassemblement de focalisation, de stabilité du PDCI-RDA. Ça serait suicidaire aujourd’hui d’écarter le président quand bien même les textes limitent l’âge du candidat comme je l’ai reconnu plus haut, et je précise que ce sont les hommes qui font les textes. A supposer que le président Bédié renonce à la présidence du PDCI, c’est qu’il n y ait personne pour soutenir et défendre les intérêts de notre parti, mais vous imaginez la déchirure qu’il va avoir en notre sein ? Cela risque d’être fatal au parti. C’est pour cela que par prudence, il importe que le président reste encore à la tête du parti pour le consolider après cette longue traversée de difficultés de toutes sortes.

Boigny Express : En fait ce dont il est question, c’est la candidature ou non du PDCI en 2015. Car le président Bédié ne peut pas être candidat selon la constitution.

Honorable Kaménan : Sur ce point, je pense qu’il faut être clair. Tout parti politique se crée pour conquérir la pouvoir, l’exercer et le conserver. Le PDCI-RDA, un si grand parti ne peut pas faire l’impasse sur la présentation d’un candidat à une élection présidentielle. Cela est impensable et je ne pense pas qu’un seul militant y pense. Il nous faut donc nécessairement un candidat. Mais pour que ce candidat ait des chances de gagner, il faut absolument une forte cohésion autour de lui, donc un PDCI uni avec des convergences de vue des hauts cadres du parti autour de ce challenge. C’est pour cela, qu’encore une fois de plus, la présence du président Bédié est nécessaire pour nous aider à assurer cette cohésion au sein du parti pour aller chercher cette victoire en 2015 avec le candidat que la convention aura désigné.

Boigny Express : On entend des voix dans la jeunesse reprocher au PDCI d’être un vieux parti de vieux qui ne fait pas la promotion de sa jeunesse. Qu’en dites-vous ?

Honorable Kaménan : Le PDCI est un vieux parti et donc qui compte des personnes adultes qui y militent depuis de longues années. Certains y sont avant l’Indépendance, d’autres après. Mais depuis le président Houphouët comme le président Bédié, la jeunesse a toujours été soigneusement cooptée au sein des instances du parti et même aux hautes fonctions de l’Etat. Tout le monde peut le vérifier. Si aujourd’hui les jeunes estiment qu’ils peuvent contrôler le parti et le diriger, c’est parce qu’ils ont été formés. C’est parce que le parti les a laissé dans les conditions de s’exprimer et de se former. Donc le parti est un vieux parti, il est le deuxième parti en âge après l’ANC en Afrique du Sud, mais c’est un parti qui sait épouser l’ère du temps. Mais nous disons que la chaîne des générations doit se faire dans l’harmonie, dans la douceur, dans la discipline, sans rupture, sans que l’on ait besoin de violence verbale, sans révolution. Le président Houphouët disait que dans le mot révolution, le « r » est de trop parce que c’est d’évolution qu’il s’agit en parlant des sociétés. Car la révolution comporte des ruptures et des cassures. Les jeunes ont leur place au PDCI et c’est une réalité. Quand vous regardez à l’Assemblée Nationale, il y des jeunes Honorables de moins de quarante ans dans le groupe parlementaire PDCI et dans des commissions. C’est la même chose dans le cadre des élus municipaux. En conclusion, le PDCI est un vieux parti mais n’est pas un parti de vieux. Je ne partage pas l’assertion de vieux parti de vieux.

Boigny Express : Revenons au congrès. Comment les 12 000 ou 15 000 membres statutaires vont –il être sélectionnés pour prendre part au congrès ?

Honorable Kaménan : Effectivement le nombre des membres statutaires est tellement pléthorique que le comité ad ‘hoc a été bien inspiré et a proposé le congrès éclaté qui est une occasion de réunir les membres dans les délégations et les faire traiter les thèmes de sorte que tous les membres statutaires aient à participer au traitement des sous thèmes du congrès. Les conclusions des travaux vont être remises au secrétaire général pour être prises en compte au congrès. Maintenant, quant aux participants même du congrès, la liste n’est pas encore arrêtée.

Boigny Express : Monsieur le Honorable, votre dernier mot.

Honorable Kaménan : Ce que je souhaite, c’est que les militants du PDCI comprennent que le Président Henri Konan Bédié constitue un gage de stabilité et de cohésion pour le PDCI-RDA et que malgré les lettres, c'est-à-dire les textes qui limitent l’âge du candidat à 75 ans, il convient de le conserver à la tête du parti pour qu’avec un regard détaché il nous aide à trouver le candidat qui partira à la conquête du pouvoir. C’est une option sur laquelle j’invite tous les Ivoiriens épris du PDCI et tous les sympathisants à se conformer et à faire en sorte que le président Bédié continu d’être notre stabilisateur au sein parti.

Entretien réalisé par Georges Amani
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